Germinal

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L'espoir

Sans espoir, les personnages principaux n’auraient pas survécu – du moins psychologiquement. Les conditions de travail dangereuses, le froid intense, les salaires irréguliers et bas, et le manque d'accès à des soins de santé adéquats sont des obstacles importants à la qualité de vie à laquelle aspirent de nombreux travailleurs. L’espoir est nécessaire pour qu’Étienne et Maheude puissent faire face aux dangers et à la pauvreté. Il n'y a aucune garantie que la grève inaugure une nouvelle ère, mais comme toute révolution, elle est basée sur une rhétorique victorieuse, incarnée par Étienne, et plus tard, Maheude.

La famille

Ce que les mineurs et leurs femmes font pour leurs enfants et les uns pour les autres s'explique en grande partie par les liens du sang. Malgré les conditions de vie désastreuses susceptibles d’encourager des comportements illicites et irresponsables, de nombreux personnages s'abstiennent de voler. La population, étrangement diplomate, se bat au quotidien pour assurer sa propre subsistance – qui dépend principalement des denrées alimentaires, de l'hygiène et de la sécurité. Ces relations pacifiques pourraient s’expliquer par l’existence d’un ennemi plus important, l'élite qui possède les mines. L'antagonisme et l'hostilité existent, mais sans toutefois se manifester violemment. Étienne prend note de cette colère et la canalise de manière très efficace.

L'amour

La relation tumultueuse entre Catherine et Étienne est confrontée au destin : Étienne tue l'amant de Catherine – alimenté par sa tendance génétique à l’impulsivité et à la rage – et fait l'amour avec elle alors qu'ils sont au bord de la mort. C'est sans doute le moment de vérité le plus important de toute l'histoire, peut-être encore plus que la grève elle-même. Le réalisme fataliste de Zola anime la plupart des morts grossières de personnages importants comme Maheu et Catherine, mais ce moment d'intimité physique est l'objet de la frustration sexuelle d'Étienne. Il atteint un véritable état de grâce, rapidement éteint par la mort de Catherine. L'amour est ce qui conduit Étienne à tuer, à se sacrifier, et à persister dans sa lutte contre l'injustice. Malgré l'engagement indéfectible de Catherine envers son conjoint violent, il est incapable de l'oublier et de la haïr.

La classe sociale

La grève ne met pas en évidence les tensions genrées, religieuses ou ethniques, mais se concentre presque exclusivement sur les classes sociales. Les discours d’Étienne sont fortement influencés par la philosophie marxiste et le socialisme. Il pense que les relations économiques ont façonné l'histoire et constituent la forme dominante d'oppression dans une société axée sur le profit. Les confrontations entre riches et pauvres illustrent ces tensions. Étienne et ses amis, lorsqu’ils arrivent chez Hennebeau, sont ainsi rebutés par l'opulence de la maison et surpris de voir qu'une seule tablée pourrait faire vivre des familles entières. À la fin, malgré toutes les pertes subies, les riches restent riches et les pauvres restent pauvres. Ils retournent dans les fosses et la ferveur de la révolution meurt avec les nombreuses personnes qui ont tenté de la provoquer.

L'oppression

À différents moments de l'histoire, les riches tentent de convaincre les autres (il n'est pas clair s'ils en sont convaincus eux-mêmes) des difficultés et des épreuves qu'ils rencontreront s'ils décident d'augmenter le salaire des travailleurs. Ils ont réussi à se distancier psychologiquement des conditions de travail inhumaines des mineurs, bien qu'ils passent toute leur journée à voir de leurs propres yeux les atrocités et les dangers auxquels ils sont confrontés. On pourrait presque affirmer que cette distanciation psychique est un mécanisme de défense contre la culpabilité qu'ils pourraient ressentir : ces investisseurs aisés étaient en fait parfaitement conscients de ce qui se passait dans leurs mines. Pourtant, les Grégoire tentent de justifier leur propriété de la mine en invoquant leur ascendance et le fait que leurs ancêtres ont travaillé dur. Leur fille se sent “mal”, et lorsque Maheude rend visite aux Grégoire, elle lui donne des vêtements. Les Grégoire n’ont pas l’impression d’être redevables à qui que ce soit et c'est précisément leur passivité qui les rend oppressifs. Même s'ils ne négocient pas les salaires, ne tirent pas sur les manifestants et ne refusent pas de nourrir les mineurs et leurs familles, ils approuvent implicitement tout ce qui est fait, tant que la productivité de leur mine n'est pas compromise.

La renaissance

Le printemps symbolise un moment de rajeunissement qui permet d'émerger de la froide stérilité de l'hiver. Il représente la possibilité de vivre à nouveau : les personnages du roman ont une capacité indomptable de résistance et de persistance. En ce sens, le temps est un personnage à part entière, avec ses humeurs aléatoires, parfois violentes et fatales. Il est prometteur et joyeux au printemps, mais punitif et hostile pendant l'hiver. Le cycle du temps représente la mort et la renaissance, effaçant les malheurs des saisons passées. La graine de la révolution, en revanche, est plutôt décevante : au lieu de pousser, elle meurt avant de germer. Quelques luttes ont suscité de l’espoir, mais sans que cela se finisse bien ni pour les mineurs, ni pour les propriétaires de la mine. La renaissance de la lutte peut toutefois être comprise dans le contexte des révolutions en France (au cours du XIXe siècle), où les travailleurs ont réussi à négocier de meilleures conditions de travail.

La protestation

La mobilité sociale et, plus généralement, la survie, requièrent une résistance. De nombreux personnages – Catherine en particulier – ont été conditionnés pour accepter le statu quo et obéir à l'autorité. En levant le voile de l'oppression et en leur donnant de l'espoir, Étienne mobilise les mineurs et leurs familles pour qu'ils réfléchissent à leur existence et à leur quotidien. En vivant leur vie sans se questionner, ils n'ont aucune chance que de meilleures traitements se concrétisent. L'espoir suppose donc qu'il existe déjà un certain degré de réflexion et de critique. Pourquoi suis-je traité de la sorte ? Pourquoi est-ce que je me contente de si peu ? Ces questions marquent un changement majeur dans la perception qu’ont les mineurs de leurs conditions d'existence. Avant qu'Étienne ne puisse inspirer un quelconque sentiment d'espoir, il faut que ses camarades réfléchissent – une activité que leur profession et les responsables des mines découragent. Le fait de pouvoir réfléchir au “pourquoi” est en soi un acte de protestation, tout comme le fait d'être capable d'éprouver de la colère.

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