Germinal

Germinal Résumé et Analyse

Résumé

Les jours suivants, Étienne continue de travailler à la mine. Il s'y habitue progressivement. Sa vie est rythmée par le labeur et ces nouvelles habitudes. Maintenant, comme ses camarades, il se lève à trois heures, boit son café, et emporte le déjeuner que Madame Rasseneur lui prépare. Maheu tient Étienne en haute estime et le respecte pour le travail qu'il accomplit. Il y a d'abord une certaine rivalité entre Zacharie et Étienne, mais le premier est vite apaisé par l'amabilité du second. Levaque est également en bons termes avec Étienne. Le seul envers qui Étienne ressent une profonde hostilité est Chaval.

Catherine travaille de manière docile, soumise à Chaval dont elle reçoit désormais ouvertement les caresses. C'est une situation sur laquelle la famille elle-même ferme les yeux, à tel point que Chaval conduit chaque soir Catherine derrière le talus. Lorsque le printemps arrive, Étienne ne surprend cependant plus les amoureux lors de ses longues promenades. Il se lie avec à Souvarine, un émigré russe, machiniste à la mine, qui est également hébergé chez Rasseneur. Chaque soir, lorsque l'auberge se vide, Étienne reste discuter avec Souvarine. Au cours de ces conversations, Étienne s'enthousiasme sur la révolte. Rasseneur, Étienne et Souvarine discutent d’un nouvel avenir : augmentation des salaires, révolutions, anarchie et syndicats. Particulièrement dévoré par le besoin de savoir, Étienne emprunte un livre français sur les sociétés coopératives et lit régulièrement un journal auquel Souvarine est abonné, Le Combat, une revue anarchiste publiée à Genève.

Les mois passent et le dernier dimanche de juillet, le coron célèbre la fête de Montsou (aussi appelée “la ducasse”, une fête traditionnelle du Nord de la France). Le village est en effervescence et les Maheu dînent à la mi-journée. Peu à peu, le village se vide et seules les mères restent pour s'occuper des enfants. Tous les hommes partent les uns derrière les autres et les filles s’en vont de l'autre côté au bras de leurs amants.

Maheu, Rasseneur et Étienne conversent à l'auberge. Étienne donne de longues explications à Maheu sur la nécessité de créer une caisse de prévoyance. Maheu est d'accord. Maheu, Étienne et Levaque se rendent dans différents bars et finissent par aller au Volcan. Chaval et Catherine se promènent et profitent de la fête, qui se termine dans la salle de bal du Bon-Joyeux. La veuve Désir tient cette salle de bal. On y danse jusqu'au petit matin. Maheu, Étienne, Pierron, Chaval, Catherine, et Philomène entrent et s'assoient (sauf Philomène, qui préfère rester debout). Maheude finit par arriver avec Estelle, Alzire, Lénore et Henri.

Les Maheu apprennent que Zacharie et Philomène se marient et emménagent ensemble. Maheude décide d'accueillir Étienne comme pensionnaire, tandis qu'Étienne lui-même cherche à convaincre Pierron de créer une caisse de prévoyance. Vers la mi-août, Étienne s'installe chez les Maheu. Il se sent d'abord gêné par la présence de Catherine. En se couchant et en se levant, il doit s'habiller et se déshabiller près d'elle, et la voir enlever et remettre ses vêtements. A la fin du premier mois, Étienne et Catherine semblent ne plus se voir lorsque le soir, avant de souffler la bougie, ils se déplacent dans la chambre, déshabillés. Ils s'habituent l'un à l'autre.

C'est à cette époque qu'Étienne commence à comprendre les idées qui bourdonnent dans son cerveau sur la révolution. Il lit des livres empruntés à Souvarine. Il est fier de réfléchir. Tous les soirs, Étienne parle avec passion d'injustice et de révolte aux Maheu. Au début, Maheude refuse d'écouter. Mais peu à peu, le charme d'Étienne opère sur elle.

Au cours de ces conversations, des voisins les rejoignent, dont les Levaque et les Pierron. Zacharie est également présent. Chaval va jusqu'à vouloir faire couler le sang. Au cours des soirées, il dégage une certaine jalousie non avouée, une peur qu'on lui vole Catherine. L'influence d'Étienne s'accroît et, peu à peu, il révolutionne l'ensemble du coron. En septembre, il crée son fonds de prévoyance, d'abord précaire, qui ne comprend que les mineurs. Il est nommé secrétaire de l'association et reçoit un petit salaire pour ses services d'employé de bureau. Étienne commence à devenir plus raffiné et s'adonne aux joies de la mode.

Étienne sent aussi une barrière se dresser entre lui et Catherine. Plus ils vivent côte à côte, plus une barrière de honte et de délicatesse se dresse – une barrière qu'ils sont incapables d'expliquer, même à eux-mêmes. Un samedi de la fin du mois d'octobre, Étienne apprend que la Compagnie des Mines est de plus en plus mécontente. Elle accable les ouvriers d'amendes et le conflit semble inévitable. Étienne pense que la Compagnie veut une grève, ce qui viderait le fonds (qui s’élève à peine à trois mille francs) qu'elle trouve si menaçant. En revanche, Rasseneur pense qu'une grève nuirait à la fois à la Compagnie et aux mineurs. Pour lui, il vaut mieux s'entendre.

La Compagnie annonce qu'elle va appliquer un nouveau mode de paiement pour l'extraction du charbon. La compagnie paiera le bois séparément et le prix d'une barquette de charbon diminuera naturellement. En d'autres termes, les salaires seront plus bas. Maheu et ses collègues réalisent rapidement qu'ils ne pourront jamais compenser les dix centimes prélevés sur le tramway charbonnier par le boisage. Lorsque Maheu va chercher son paiement, le commis lui dit que le secrétaire général veut le voir. Le secrétaire le réprimande pour s'être mêlé de politique. Maheu part furieux après avoir tenté en vain de le convaincre de ses intentions bienveillantes. Maheu ramène à la maison un maigre salaire et Maheude pleure. Les Levaque sont furieux et le soir même, à l'Avantage, la grève est décidée. Rasseneur ne proteste plus et Souvarine l'accepte comme un premier pas.

Une semaine s'écoule et le travail se poursuit avec méfiance dans l'attente d'un conflit. Un jour de travail, alors que Jeanlin tente de pousser son wagonnet dans la mine, un glissement de terrain l'engloutit. Maheu l’appelle à plusieurs reprises. On n'entend pas un souffle. De chaque côté, un groupe de mineurs attaque le glissement de terrain avec un pic et une pelle. Ils creusent, trempés de sueur, les muscles tendus. Les hommes qui déblayent le sol du côté opposé de Maheu crient qu'ils ont trouvé Jeanlin inconscient, les deux jambes cassées et respirant encore. Un mineur envoie chercher un médecin et Jeanlin (ainsi que le mineur mort, Chicot, qui a également été englouti) est placé dans la chambre du capitaine. Richomme (le capitaine), Négrel (l'ingénieur) et Dansaert (le directeur) prennent note de ce qui s'est passé.

Trois semaines passent et le médecin estime qu'il est possible d'éviter l'amputation. Jeanlin garde ses deux jambes mais reste boiteux. Après une enquête, la Compagnie fait aux Maheu un don de cinquante francs. Les Maheu apprennent que Chaval garde Catherine avec lui. Pour éviter tout reproche, il quitte brusquement le Voreux et trouve du travail à Jean-Bart, le puit de M. Deneulin. Catherine le suit comme hersheuse. Ils continuent cependant à vivre à Montsou. Maheude est furieuse, mais Maheu la calme et lui dit que cela ne sert à rien de se mettre en colère.

Analyse

Zola décrit le sentiment de trahison que ressentent Maheu et Maheude lorsque Zacharie et Philomène décident de se marier et d'emménager ensemble – et lorsque Chaval prend Catherine comme amante. Ils perdent deux sources de revenus, et, comme le fait remarquer Maheude, elle a eu des enfants pour qu'ils puissent aider à subvenir aux besoins de la famille. Pour Maheude, Zacharie et Catherine ne servent plus le but principal pour lequel ils ont été mis au monde. Le point de vue de Maheude sur les enfants et la reproduction semble être plutôt utilitaire. En ce sens, il peut rebuter un lecteur bourgeois ou moderne qui voit dans les enfants des êtres à aimer et à élever pour leur propre bien. Mais il s'agit là d'une tentative de Zola de montrer, par le biais d'une description naturaliste, le raisonnement qui sous-tend les choix de la classe ouvrière.

La plongée dans les réalités quotidiennes des pauvres donne au cadre fictif du livre une “impression de réalité”. Zola utilise un cadre historique et social très réel pour que la fiction ressemble davantage à la réalité. De plus, les préoccupations particulières qu’il dépeint – les malheurs sociaux, les difficultés économiques et les blocages politiques – font du roman un véritable manifeste pour le changement social.

Zola fournit également des comptes rendus détaillés des conversations qu'Étienne a avec Rasseneur, Souvarine et même Maheu sur le socialisme et la révolution. La forme de débat et de célébration des idées que Zola dépeint dans la taverne de Rasseneur rejoint les arguments de Jürgen Habermas. Habermas décrit les débats des cafés européens du XVIIIe siècle : ouverts à tous, on y parle de politique, d'identité, de religion, etc. Habermas affirme qu'au dix-huitième siècle, le “public de lecteurs” a pu “s'engager dans l'échange intime de lettres” et créer “une subjectivité centrée sur la sphère publique”. Grâce à cette intimité, l'“expérimentation” littéraire et politique liée à l'expérience intersubjective de tous les humains et à l'expérience abstraite de l'humain singulier est rendue possible.

Étienne et ses amis sont en mesure d'échanger des idées et de réfléchir à de nouvelles perspectives dans la taverne de Rasseneur. La grève est une manifestation de l'effort intellectuel d'Étienne pour générer des normes au sein de la modernité : comment atteindre l'égalité sans avoir à revenir à une époque “plus simple” où les mécanismes malveillants du capitalisme n'existaient pas? Rasseneur lui-même préserve des relations sociales qui, loin de présupposer l'égalité de statut, font fi du statut tout court.

Comme le note Habermas, “la parité sur la base de laquelle l'autorité du meilleur argument pouvait s'affirmer contre la hiérarchie sociale signifie, dans la pensée de l'époque, la parité de la “commune humanité”.” Rasseneur permet à des interlocuteurs d'origines et d'engagements divers de passer outre leur statut et de délibérer comme s'ils étaient des pairs sociaux (c'est pourquoi Étienne est si à l'aise pour parler de révolution à Souvarine malgré son manque d'éducation).