Résumé
Les Hennebeau invitent les Grégoire à déjeuner. Négrel a l'intention d'emmener les dames dans une mine voisine, Saint Thomas. Mais ce n'est qu'un aimable prétexte, car le déjeuner et le voyage à la mine sont un plan de Madame Hennebeau pour hâter le mariage de Cécile et de Paul. La grève éclate le même jour. Dansaert annonce à M. Hennebeau que pas un seul homme n'est descendu au Voreux. M. Hennebeau tente alors de convaincre sa femme d'annuler le déjeuner, mais n'y parvient pas.
Bien que les Hennebeau soient mariés depuis de nombreuses années, Madame Hennebeau est de plus en plus irritée. Elle a été élevée dans le respect de l'argent et dédaigne son mari qui gagne difficilement un petit salaire. Les Hennebeau, depuis qu'ils vivent à Montsou, connaissent à nouveau l’ennui des premiers temps de leur mariage. Il y a quelques années, Paul Négrel, le neveu de M. Hennebeau, est arrivé à Montsou – son oncle lui ayant offert un emploi d'ingénieur à Voreux. Deux ans ont passé et M. Hennebeau a soupçonné à plusieurs reprises que Négrel et sa femme avaient une liaison (il s'avère que c'est le cas, mais M. Hennebeau n’en aura la preuve que plus tard).
Les Grégoire les rejoignent. M. Grégoire est au courant de la grève et ne s'en inquiète guère. Deneulin, affligé, arrive également chez les Hennebeau, qui lui demandent de rester pour le déjeuner. Les invités et les hôtes rient, se réjouissent et évitent d’aborder la question de la grève. Les hommes commencent à parler des salaires et de la lenteur de la croissance économique ces dernières années. Les dames ne sont pas du tout intéressées. À ce moment-là, Dansaert arrive à la porte. Hennebeau l’a en effet chargé de lui faire un rapport quotidien sur la grève.
Hennebeau pense que les mineurs reprendront le travail dans quelques jours et que le fonds de prévoyance ne durera pas longtemps. Sa seule inquiétude concerne sa propre disgrâce si les directeurs en viennent à lui faire porter la responsabilité de la grève. Depuis quelque temps, il a l'impression de perdre en popularité. Après une conversation qui va de la Révolution française de 1789 au mariage de Négrel et Cécile, un groupe de délégués représentant les grévistes frappe à la porte. Hennebeau demande à la femme de chambre de les conduire au salon.
La veille, Étienne a réussi à recruter Maheu et à en faire le porte-parole des grévistes, au grand dam de Maheude. En sortant, ils appellent Pierron et Levaque et se rendent chez Rasseneur. Avec une délégation de vingt personnes, ils se rendent chez Hennebeau. Lorsqu'ils arrivent chez lui et entrent dans le salon, il y a d'abord un moment de silence. Maheu décrit la misère qui leur est commune, la vie brutale, la famille qu'il faut nourrir. Il demande que leur salaire soit augmenté. Hennebeau refuse. Après une certaine confusion pendant laquelle tous parlent en même temps, Étienne prend la parole. La confrontation se poursuit entre M. Hennebeau et Étienne comme si les autres mineurs n'étaient plus là. Hennebeau dit qu'il a les mains liées et parle d'une force cachée (les investisseurs de Paris) qui lui donne des ordres. Le débat ne sert à rien. Les mineurs s'en vont, découragés.
Quinze jours passent, et le lundi de la troisième semaine, les listes envoyées aux directeurs montrent une nouvelle diminution du nombre de mineurs qui sont venus travailler. Cela les surprend. Le Voreux, le Crevecœur, le Mirou et la Madeleine sont fermés. La détermination des mineurs du Voreux se répand et inspire une grève générale. Étienne a déjà distribué les ressources du fonds de prévoyance, qui est maintenant épuisé. Les mineurs n'ont plus d'argent pour poursuivre la grève et la faim les menace. Étienne devient leur leader incontesté. Le soir, il discute, passe des nuits à lire, et reçoit un nombre croissant de lettres – devenant de plus en plus populaire à mesure que la grève se prolonge.
Un jour, Catherine se présente soudainement chez les Maheu. Maheude commence immédiatement à la maltraiter. Catherine se défend en disant que Chaval est violent et qu'elle a dû se plier à ses exigences. Chaval entre par la porte d'entrée et donne de violents coups de pied à Catherine, l'accusant d’être revenue chez ses parents pour coucher avec Étienne. Il attrape le poignet de Catherine et tente de la traîner dehors. Après un face-à-face avec Étienne, Catherine convainc Chaval de partir.
Analyse
Sans que le lecteur s’y attende, Zola met en place une tension entre Hennebeau et sa femme adultère. La lutte d'Hennebeau pour se rapprocher de sa femme est sa principale source de misère. Pendant la grève, il passe près du village et entend les mineurs faire l'amour avec leurs amantes. Il souhaiterait être l'un d'entre eux. Ils ne se rendent pas compte, croit-il, de la chance qu'ils ont vraiment. L'inconvénient d'occuper une position “respectable” dans la société est que l'on n'a pas la liberté de faire ce que l'on veut, surtout lorsqu'il s'agit de sexualité. Il envie la capacité des mineurs à s'adonner librement aux plaisirs du corps, ce que lui, marié et aisé, ne peut faire.
Lorsque les Grégoire arrivent pour le déjeuner et que la grève commence, Hennebeau est tenu par son devoir d'être un bon hôte. Son attention et ses préoccupations sont ailleurs, mais l'ignorance des Grégoire et de sa femme l'empêche de s'occuper de la grève. Hennebeau se sent contraint par ses obligations et déclare à plusieurs reprises au cours de l'intrigue qu'il renoncerait à toute sa richesse pour une vie de romance et d'amour.
Les sentiments d'Hennebeau suggèrent que la vie bourgeoise fournit l'essentiel mais n'offre pas d'épanouissement. Hennebeau n'est pas conscient de son manque de lucidité. Si les mineurs sont capables d'avoir des relations sexuelles aussi ouvertes et libres, c'est parce qu'ils ont peu d'autres luxes à leur disposition. C'est un échappatoire aux difficultés qu'ils rencontrent au quotidien. Cependant, cette activité amoureuse n'est pas sans coût, car elle n'est qu'un facteur (important) qui contribue à leur pauvreté, en produisant davantage d'enfants.
Cela n'empêche pas les Maheu d'avoir sept enfants – ou d'éluder les problèmes que ces enfants apportent avec eux. On le voit lorsque Catherine revient à la maison après être partie avec Chaval. Maheude la fustige pour avoir trahi sa famille. Catherine tente de défendre ses actions mais Chaval arrive et lui donne un violent coup de pied. Chaval a une altercation avec Étienne et Maheude – accusant Maheude d'infidélité parce qu'elle a laissé sa chemise défaite devant Étienne. Zola fournit indirectement des raisons de croire que les situations familiales des pauvres comme des riches ont des avantages et des inconvénients.
L'indifférence et les gestes inconsidérés (mais aussi calculés) des mineurs à l'égard des enfants est un exemple dans lequel Zola reste fidèle à son naturalisme. Les mineurs, en d'autres termes, ne sont pas des anges – malgré l'oppression qu'ils subissent. Eux aussi se livrent à la violence. Zola émet une critique accablante de la société capitaliste tout en rejetant l'idée que les mineurs ne sont que des corps passifs sur lesquels s'exerce la cupidité bourgeoise.