Germinal

Germinal Résumé et Analyse

Résumé

À la mi-février, les grévistes sont encore plus malheureux. Montsou est sous la surveillance de policiers armés. On n'entend dans les rues que le lent mouvement des patrouilles. Le travail n'a repris nulle part. La grève s'est étendue à Crevecœur, Mirou et à la Madeleine. L'effroyable mutilation du cadavre de Maigrat est déjà entourée de légende. Le nouveau prêtre, l'abbé Ranvier, prend la défense des grévistes et s'en prend violemment à la classe moyenne, rejetant sur elle toute la responsabilité.

Pendant que la panique se répand dans les corons, Étienne vit sous terre, dans le terrier de Jeanlin, au fond du Requillart. Personne ne croit qu'il puisse être si proche. Étienne reste des heures entières allongé sur le foin dans l'obscurité. Au début de la deuxième semaine, Jeanlin annonce à Étienne que les policiers pensent qu'il est parti en Belgique. Étienne s'aventure alors hors de son trou, à la nuit tombée. Il ne veut pas s'avouer vaincu. Quelques jours plus tard, Étienne parle à un petit soldat nommé Jules et tente de comprendre ce qui se passe. Il voit Jeanlin lui faire signe de partir car il voit qu'une autre sentinelle se dirige vers Étienne.

La neige et le froid ont eu raison d'Alzire, qui est en train de mourir. Chaque jour, des querelles éclatent à cause des commérages. La femme de Levaque accuse Maheude de répandre des rumeurs sur son infidélité. Maheude est décontenancée et lui demande qui répand la rumeur que c’est elle qui dit que la femme de Levaque couche avec Bouteloup (le locataire des Levaque). Elle lui répond que c'est Pierronne. Tous se rendent alors chez elle. Ils racontent à Pierron, qui revient de sa lessive, que sa femme fait courir des rumeurs sur Levaque et Maheude. Pierron est étonné et ne comprend pas. Pierronne est saisie de peur et ouvre la porte en entendant le tumulte des voix. Ils la voient avec sa robe ouverte, ainsi que Dansaert, qui se rhabille. Le maître porion s'enfuit, tremblant de peur que cette histoire n'arrive aux oreilles du directeur. Pierron défend sa femme, et dans un accès de rage, Maheu et Levaque l'attaquent. La bagarre est interrompue et les Maheu rentrent chez eux. L'abbé Ranvier vient chez les Maheu pour tenter de les convaincre de venir à la messe, sans succès. Étienne leur rend régulièrement visite la nuit, en secret.

Maheu veut que la grève prenne fin mais Maheude, furieux de ses hésitations, menace de le frapper. Étienne est choqué de voir ce changement chez Maheude. Il ne reconnaît plus la femme qui était autrefois si raisonnable. Le docteur Vanderhagen arrive et leur annonce qu'Alzire va mourir. Maheude pleure. Le dimanche suivant, Étienne arrive chez Rasseneur. Ce dernier lui explique que l'association des ouvriers est lentement détruite par une lutte interne qui oppose les ambitions de chacun. Souvarine affirme avec colère que tout gréviste qui n'est pas anarchiste veut simplement devenir bourgeois. Pendant que Souvarine fulmine, Catherine et Chaval entrent dans la taverne. Après s'être insultés, Chaval et Étienne ont une altercation physique. Catherine est immobile contre le mur. Rasseneur tente d'intervenir mais est arrêté par sa femme. Chaval sort un couteau, mais Étienne parvient à s'en emparer. Il maintient Chaval au sol sous son genou et menace de lui trancher la gorge. Mais quelque chose en Étienne l'en empêche et il le lâche. Chaval quitte la taverne, et lorsque Catherine tente de le suivre, il lui dit de rester avec Étienne.

Quand ils sortent de chez Rasseneur, Étienne et Catherine continuent à marcher en silence. Catherine embarrasse Étienne. Le passé leur revient lentement, y compris leurs anciens désirs. Catherine retourne chez Chaval, Étienne ne parvenant pas à la convaincre de rester avec lui. Alors qu'Étienne s'éloigne et se trouve près de la fosse, il voit Jeanlin qui traque une sentinelle. Jeanlin saute soudainement sur les épaules de la sentinelle et lui enfonce son grand couteau dans la gorge. Étienne est choqué et court vers Jeanlin, lui demandant pourquoi il a tué la sentinelle. Jeanlin répond qu'il ne sait pas pourquoi, qu'il en avait simplement envie. Étienne reconnaît la sentinelle tuée : c'est Jules, à qui il parlait il y a quelques jours. Étienne commence à réfléchir à l'endroit où se débarrasser du corps et devient de plus en plus anxieux. Il a une inspiration soudaine : s'il pouvait porter le corps jusqu'au Requillart, il pourrait l'enterrer là pour toujours. Ils finissent par le cacher, avec son fusil, dans une galerie de l'ancienne fosse. Ils brisent le bois qui soutient les murs, au risque d'être enterrés eux-mêmes. La roche cède immédiatement et ils ont à peine le temps de se traîner sur les coudes et les genoux. Jeanlin se retire dans sa tanière, tout comme Étienne, qui pleure alors que Jeanlin dort profondément. Depuis minuit, Catherine erre dans la colonie après avoir été mise à la porte par Chaval.

Catherine revient à la fosse car Chaval est censé y descendre le matin même. Le son d'une trompette la fait sursauter. Elle voit les gardes du Voreux prendre les armes. Étienne arrive en courant, rejoint par une bande d'hommes et de femmes sortant du village, gesticulant, en colère. Toutes les entrées du Voreux sont fermées et les soixante soldats barrent la seule porte restée libre. Un nouveau flot de grévistes arrive bientôt, et tous se précipitent. Étienne doit les arrêter. Il s'approche du capitaine avec un visage désespéré et résolu, tentant de le convaincre de rejoindre la cause des grévistes. Le capitaine refuse de bouger. Étienne entend les grévistes crier et il se retire dans la foule, désespéré. Les femmes commencent à insulter les soldats. Levaque saisit trois baïonnettes dans ses mains. Les soldats reçoivent l'ordre strict de ne faire usage de leurs armes qu’en cas extrême. La tension monte alors que les soldats sont acculés au mur, leurs fusils chargés. On entend le bruit du recul d'une arme, suivi d'un profond silence. Les grévistes courent vers le tas de briques à proximité et la bataille de pierres commence. Beaucoup de grévistes s'y oublient, absorbés par l'affrontement.

Le capitaine Richomme se place entre les soldats et les mineurs. Les soldats sont blessés, et le capitaine les voit désobéir. La pluie de briques s'intensifie, et, au moment où le capitaine s'apprête à leur dire de tirer, les soldats le font d'eux-mêmes. Bébert et Lydie sont tués. Le capitaine Richomme est accidentellement touché dans le dos par une balle. Mouquet meurt, ainsi que Mouquette, qui sauve Catherine en sautant devant elle. Maheu est touché au cœur et meurt sur le coup.

Analyse

Une tension se développe entre un Étienne vaincu et une Maheude passionnée. Maheu veut que la grève prenne fin, mais Maheude, furieuse de ses hésitations, menace de le frapper. Étienne est choqué de voir ce qu'il a inculqué à Maheude. Ironiquement, la grève lui a fait perdre bien plus qu’à la plupart des autres grévistes. Mais elle choisit de toujours garder espoir et de faire preuve de résilience. Elle conserve une vision optimiste de ce qui semble être un avenir sombre.

Bien qu'elle soit furieuse contre Étienne, Maheude est l'une des seules personnes avec qui il qui conserve son amitié après l'échec de la grève. Le triomphe sur l'adversité et les difficultés pendant cette longue période est un thème majeur de l'interprétation de l’avenir que fait Maheude. Elle l’envisage non seulement en termes de prospérité économique mais aussi de représentation politique. La lutte pour un avenir meilleur ne s'arrête pas à la grève. Elle croit qu'en acceptant la défaite, la vie reviendra à une acceptation passive des conditions de vie du prolétariat. La mort de Maheu plonge Maheude dans une sorte d'incrédulité. Mais au lieu de la désarmer émotionnellement, elle la pousse encore plus loin dans sa lutte pour la liberté.

La victoire n'est pas facile à obtenir. La mort et la mutilation de Maigrat ne constituent pas une véritable victoire – car les grévistes ne l'ont pas réellement tué. C'est cette rétribution insuffisante, cette volonté de satisfaire davantage des désirs sadiques, qui anime Maheude. Le fait que les mineurs aient si peu de moyens de subsistance signifie qu'ils sont prêts à reconsidérer leur ingratitude ou leur satisfaction. Ils se donnent beaucoup de mal pour satisfaire même le plus petit des plaisirs, et ce qui peut être un plaisir pour eux (mutiler Maigrat de ses parties intimes) peut être un crime pour d'autres.

Rasseneur dit à Étienne que l'Association internationale des travailleurs est dévorée par une lutte interne entre vanités et ambitions. Souvarine affirme avec colère que tout gréviste qui n'est pas anarchiste veut simplement devenir lui-même bourgeois. Souvarine met en évidence l’hypocrisie majeure des grévistes, mais surtout l’hypocrisie du comportement d'Étienne. L'égoïsme qui s'est développé chez Étienne en même temps que sa popularité lui a inculqué une arrogance mortelle. Ses appels à l'action trop zélés ont incité la foule à faire preuve d'une violence incontrôlée dans les mines et dans la campagne – renforçant ainsi l'idée que les mineurs sont des brutes.

Étienne laisse son désir de gagner et surtout de diriger la grève brouiller la ligne entre ce qui est pratique et ce qui est impossible. Rasseneur rappelle au lecteur que le changement est très difficile à obtenir et que si la lutte des mineurs réussit, ils obtiendront toutefois bien moins que ce qu'Étienne promet.

L'arrogance d'Étienne témoigne également de la naïveté de sa jeunesse et de son manque d’expérience de la politique et des réalités de la vie. Sa colère aveugle tout espoir d'une approche calculée de la réforme. Comme les mineurs, il perd beaucoup plus qu'il ne gagne. L'ignorance et la misère ont compromis le mode de vie d'Étienne et des grévistes.

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