Résumé
Le jeudi suivant, une réunion est organisée au Bon-Joyeux par les grévistes pour recevoir Pluchart, un organisateur syndical et une connaissance d'Étienne. Une dispute éclate entre Étienne et Rasseneur, ce dernier déclarant qu'Étienne devient beaucoup trop radical alors que lui est convaincu qu'une approche modérée sera plus efficace. Étienne accuse Rasseneur d'être jaloux. Rasseneur lui réplique que tout ce qu'il veut, c'est être à la tête de la grève. Rasseneur sort en claquant la porte. Souvarine fume tranquillement à table.
Pluchart arrive plus tard dans l'après-midi. Une centaine de mineurs l'attendent dans la salle. Rasseneur revient pour tenter de convaincre les mineurs que la poursuite de la grève va entraîner une misère profonde. Il s'en prend à l'Association internationale des travailleurs (que Pluchart représente). Pluchart se lève alors pour prononcer son discours sur la révolution et la libération, qui galvanise les grévistes bien plus que le discours de Rasseneur. La veuve Désir (à qui appartient le Bon-Joyeux) arrive en criant que des gendarmes, accompagnés du commissaire du district, viennent mettre fin à la réunion. Les gendarmes tentent d'enfoncer la porte, mais la veuve Désir parvient à la maintenir fermée suffisamment longtemps pour que les mineurs puissent s'échapper par une ruelle. Le commissaire part préparer un rapport.
Pluchart s’en va et envoie quatre mille francs pour soutenir les grévistes. Deux autres semaines passent. Avec janvier arrive un froid impitoyable et un vent glacial. Étienne fait souvent des promenades autour du coron. Un soir, il rencontre Mouquette dans le champ de Requillart. Mouquette l'invite à entrer pour manger. Submergée par le désir, Mouquette fait des avances à Étienne, qui cède. Après coup, Étienne se sent coupable et décide qu'une telle rencontre ne se reproduira plus.
Jeanlin est maintenant en bonne santé et peut marcher. Lui et ses amis Bebert et Lydie surveillent la route depuis la clôture située en face de l'épicerie. Beaucoup de gens sont sur la route, dont M. Hennebeau. Les trois compèrent terrorisent la campagne, pillant les champs d'oignons, les vergers et les magasins. Les gens commencent à accuser les mineurs en grève. Un jour, Jeanlin oblige Lydie à voler sa mère. Il finit toujours par s’attribuer une large part du butin.
Étienne retourne chez Requillart pour rompre officiellement avec Mouquette. Alors qu'il attend derrière un buisson, il voit Jeanlin disparaître dans un trou. Étienne le suit à son insu. La descente se fait par une vingtaine d'échelles. Il atteint une partie de la galerie souterraine qui a été parfaitement conservée. L'extrémité de la galerie a été transformée en une habitation confortable, avec un tas de foin servant de divan moelleux, une table, des pommes de terre, du pain et même du gin. Il y a un butin suffisant pour tenir des semaines. Étienne surprend Jeanlin, qui propose à Étienne de le rejoindre pour le dîner. Après avoir copieusement mangé, Étienne remonte (en demandant à Jeanlin de faire attention) et se promène avec Mouquette. Sur la route, ils aperçoivent Catherine, qui semble bouleversée. En voyant la réaction anxieuse d'Étienne, Mouquette comprend qu'il ne l'aime pas.
M. Hennebeau rentre chez lui et écoute les jeunes mineurs et leurs amants faire l'amour dans des fossés le long de la route. Il en veut aux mineurs pour leur ingratitude, d'autant que lui-même souffrirait volontiers de la faim si cela signifiait qu’il pouvait recommencer sa vie avec une femme qui l'aime.
Près de trois mille mineurs se rassemblent dans la clairière de la forêt avec Étienne, Maheu et Rasseneur. Une querelle éclate : Rasseneur veut procéder formellement à l'élection des représentants (jurant vengeance après sa défaite à Bon-Joyeux). Maheu étouffe les protestations de Rasseneur et Étienne mobilise la foule – prenant plus un rôle de chef que de secrétaire du fonds de prévoyance. Peu à peu, Étienne s'échauffe car il n'a pas la capacité naturelle de Rasseneur à parler. Son discours est maladroit ; il fait appel à plusieurs reprises aux bas salaires, à la justice, à l'esclavage et à d'obscures questions de droit. Les acclamations de la foule montent jusqu'à lui depuis les profondeurs de la forêt. Bien qu'ils ne puissent pas comprendre le raisonnement abstrait d'Étienne, cette abstraction même renforce la détermination des grévistes.
Rasseneur tente de parler, mais la foule refuse de l'écouter. Rien que sa présence met en colère ses anciens disciples. Étienne prêche violemment, revigoré en apercevant Catherine dans la foule. Tout individu qui refuse la violence est considéré comme un traître. La foule dit : “Tuez les lâches !” et s’en suit une bousculade. Maheude se retrouve près de Maheu. Étienne leur dit que demain ils iront au puit Jean-Bart et tueront tous ceux qui travaillent.
Analyse
Les différences idéologiques entre Étienne et Rasseneur deviennent apparentes lorsque Rasseneur plaide pour une approche plus modérée et moins violente de la révolte. Certains éléments font penser que l’implication d’Étienne dans la grève a moins à voir avec le changement qu'avec sa volonté de gagner en influence depuis qu’il a goûté au pouvoir. Sa motivation provient d’une part de sa position en tant que gérant du fonds de prévoyance, élaborant la justification idéologique de la grève, et d’autre part de la joie qu'il éprouve en voyant d’autres personnes l’admirer.
L'arrivée tardive de Pluchart à la réunion chez la veuve Désir, ses promesses et son comportement distant préfigurent la relative indifférence dont l'Association internationale des travailleurs fera preuve à l'égard de la grève. Bien qu'il y ait un espoir de réforme, l'influence de l'Association sur la grève est plutôt négligeable. Pluchart suscite une lueur d’espoir lorsqu’il envoie 4000 francs pour soutenir la grève. Mais l'argent s'épuise rapidement et les grévistes subissent une fois de plus des conditions d'existence inhumaines.
La tension entre Chaval et Étienne s'intensifie lorsque Chaval tente de créer une dissidence au sein de la foule. Étienne force Chaval à soutenir la grève. Plutôt que de laisser la foule déchaînée mutiler et punir Chaval, Étienne l'épargne.
La retenue et le contrôle de la colère dont Étienne fait preuve font allusion à ses caractéristiques à la fois masculines et féminines. Alors que des personnages comme Chaval et Jeanlin sont très masculins et que des personnages comme Madame Hennebeau et Philomène sont très féminins, Étienne se situe entre les deux. Il fait preuve de modestie, de patience et de contrôle, mais aussi de colère, d'arrogance et d'égoïsme. La complexité de ses manières et de sa personnalité explique également la transformation qu'il subit au cours du roman, passant de désespéré et timide à confiant et avide de pouvoir. Cependant, sa confiance devient vite de l'arrogance et il ne tient pas compte des avertissements de Rasseneur sur la nécessité d'aborder la réforme de manière plus conservatrice.
L'incapacité d'Étienne à parler avec éloquence et à émouvoir les gens comme Rasseneur devient apparente. Il s'emporte et, dans sa colère, fait appel à plusieurs reprises aux mêmes notions de salaires trop bas, de justice et d'esclavage, ainsi qu’à d'obscures questions de droit. Néanmoins, les acclamations de la foule montent jusqu'à lui depuis les profondeurs de la forêt. C'est précisément l'incompréhension – le fait que cet homme savant est savant et doit donc dire quelque chose qui mérite d'être applaudi – qui donne à Étienne son pouvoir sur la foule. Son discours violent devient la principale forme de changement politique pour un peuple qui a vu le monde se désintéresser de lui.