Résumé
Le roman s’ouvre sur un ciel sombre et sans étoiles, alors qu’Étienne Lantier, le protagoniste, se rend de Marchiennes à Montsou, la ville imaginaire où se déroulent les principaux évènements de l’histoire. Il marche toute la nuit dans un froid glacial et arrive finalement devant trois fours brûlant à l’air libre. Tout d’abord hésitant, il ne peut résister au besoin de réchauffer ses mains un instant. Alors qu’il s’approche de la lueur, il se rend compte qu’elle provient d’une fosse minière. Il aperçoit les ouvriers préparer la journée du lendemain en jetant des déchets. Il distingue les ombres dansant au-dessus des wagons près de chaque foyer. Il se dirige près d’un vieillard et lui demande s’il y a du travail pour un mécanicien comme lui. L’homme lui répond qu’il n’y en a pas, mais lui indique le village près de la mine, qui s’appelle Voreux.
Le vieil homme se plaint des malheurs de la mine et des autres mines voisines, qui étaient en plein essor quelques années auparavant. Étienne lui dit qu'il vient du sud de la France. L'homme se présente formellement comme Bonnemort, son surnom.
Bonnemort travaille à la mine depuis l'âge de huit ans (il en a aujourd'hui cinquante-huit), d’abord en tant que galibot (enfant travaillant dans la mine), hercheur (mineur qui pousse les wagonnets), et enfin haveur (qui extrait le charbon). En raison de son âge avancé et de sa santé déclinante, il a ensuite été affecté au terrassement et au remblayage. Après quarante-cinq ans dans la mine, il est devenu charretier. Alors qu’il discute avec Étienne, il se met à tousser violemment puis recrache des résidus de charbon qui se sont accumulés dans ses poumons pendant des années. Bonnemart repart chez lui.
Étienne est prêt à accepter tout travail. Le lecteur entre à ce moment-là dans une autre scène, dans laquelle Zola décrit les Maheu, qui ont sept enfants : Zacharie, l'aîné, son frère Jeanlin, onze ans, Lénore et Henri, six ans, et leurs sœurs Catherine, quinze ans, Alzire, neuf ans, et Estelle, un nourrisson. Ils vivent avec leur grand-père, Bonnemort, et leurs parents Maheu et Maheude.
Étienne descend de la plate-forme et entre dans le Voreux pour demander du travail. Monsieur Dansaert, le chef de la fosse, affecte Étienne à l'équipe de Maheu, qui se compose de Maheu et de ses haveurs : Zacharie, Levaque et Chaval. Catherine transporte le charbon et fait également partie du groupe. Étienne trouve le travail difficile, la mine sombre et humide, et la longue descente terrifiante.
Après une longue journée de travail, Étienne, Maheu et le reste du groupe remontent à la surface. Certains se rendent au Volcan, un café-concert à Montsou. Catherine propose à son père d'emmener Étienne à la taverne de l'Avantage. Rasseneur, le propriétaire de l'auberge, refuse d'abord de prêter à Étienne une chambre et deux semaines de crédit. Mais après une conversation sur Pluchart – un membre de l'Association internationale communiste des travailleurs avec lequel Étienne affirme avoir travaillé dans une autre mine – Rasseneur accepte.
Rasseneur est un ancien mineur qui a été licencié trois ans auparavant en raison d'une tentative de grève. Il a fini par avoir assez d'argent pour ouvrir son auberge. La Compagnie des Mines a tout fait pour racheter les biens placés sur son vaste territoire, mais se désespère de la taverne de Rasseneur qui se trouve en plein champ, à l'entrée du Voreux. Étienne, qui se sent de plus en plus révolté, veut redescendre à la mine, pour souffrir et se battre.
Analyse
La tonalité sombre du roman est présente dès les premières pages. Le vent glacial et violent, les conditions difficiles et dangereuses dans lesquelles travaillent les mineurs créent une ambiance pesante propice à la révolte. Il ne manque plus qu’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Étienne est convaincu dès la fin de la première partie du roman que la mine doit être réformée.
Étienne est décrit comme un vagabond, dépourvu de racines, sans relations solides, et incertain quant à son avenir. Sa recherche de travail désespérée contraste fortement avec la nature résolue de son engagement politique dans la suite du roman, alors qu’il prend la tête des grévistes.
Les incertitudes quant à la subsistance deviennent rapidement visibles alors qu’Étienne subit la violence de l’hiver tout en cherchant du travail. Le temps et Mère Nature, qui apparaissent comme des thèmes puissants tout au long du livre, sont redoutablement dépeints dès les premières pages du roman. C’est contre la nature qu’Étienne se bat, encore plus violemment que contre n’importe quel capitaliste avide ou directeur de mine cruel. La nature sera également le plus grand défi des grévistes dans la suite du livre – et l’hiver foudroyant contre lequel se bat Étienne présage de la longue lutte qu’il va mener.
Étienne et les siens doivent également faire face à l’univers sombre, humide et parfois brûlant de la mine, au plus profond de la terre. Le décor est essentiel à la description peu flatteuse des conditions de vie du prolétariat, qui sont la raison principale de la grève et de la révolte qui s’en suit. Ce sont ces conditions qui alimentent la rhétorique, les discours et la réflexion des grévistes. Les conditions de vie et l’environnement de travail sont – malgré la lutte contre la Compagnie des Mines et ses dirigeants – les principales cibles des grévistes.
Quand Étienne descend dans la mine, il prend conscience non seulement des mécanismes de production mais aussi de la terrible paupérisation des travailleurs – ils investissent bien plus de temps, de travail, et de sang que ce qu’ils reçoivent en retour. La mine devient le lieu où le travailleur n’est pas seulement systématiquement exploité mais aussi celui où il vit la destruction de sa conscience et de son humanité.