Le roi Louis annonce à la reine Anne la date du bal, et attend qu’elle porte les diamants ce soir là. La reine est très affligée et a peur que son secret soit révélé. Mme Bonacieux propose d’aider à envoyer un message à Buckingham, et la reine lui remet une lettre. Mme Bonacieux doit maintenant trouver comment faire parvenir la lettre en Angleterre sans que personne ne le sache. Elle rentre chez elle et retrouve son mari, qui est maintenant loyal au cardinal et à Rochefort, puisqu’il les voit comme ceux qui l’ont sorti de prison et lui ont donné de l’argent. Mme Bonacieux demande à son mari de se charger du message à porter en Angleterre pourBuckingham, mais il refuse.
Après le départ de Bonacieux, D’Artagnan arrive. Il a entendu la conversation et propose de livrer la lettre à Buckingham. Après quelques hésitations, Mme Bonacieux accepte et lui remet la lettre. Pendant qu’ils sont ensemble tous les deux ils entendent son mari dans la rue, parler à Rochefort. Il lui raconte sa conversation avec sa femme, et Rochefort lui reproche de ne pas avoir accepté la mission. Si Bonacieux avait accepté d’agir comme messager, ils auraient maintenant la lettre de la reine en leur possession et pourraient l’utiliser contre elle. Bonacieux propose d’aller retrouver sa femme et en prétextant qu’il a changé d’avis ; il se dirige vers le palais, car il croit qu’elle y est.
D’Artagnan fait rapport à Tréville, expliquant qu’on lui a confié une mission importante liée à l’honneur de la Reine. Tréville accepte de laisser D’Artagnan quitter Paris, et ordonne à Athos, Porthos et Aramis de l’accompagner en toute sécurité. D’Artagnan sort ses amis et leurs serviteurs de leurs habitations respectives, leur disant seulement qu’ils ont tous l’obligation de voyager en Angleterre au service de la couronne française. Le groupe se rend jusqu’à la ville de Chantilly avant qu’Athos ne s’engage dans un combat avec un homme qui revendique sa loyauté au Cardinal. Les autres ne peuvent pas l’attendre, alors ils le laissent là pour combattre en duel. Un peu plus tard, ils se lancent dans une autre querelle, où sont blessés Aramis et son serviteur. Leurs blessures ralentiront le rythme du groupe, donc les deux sont laissés à Crèvecœur pour récupérer. A Amiens, Porthos et D’Artagnan sont accusés de fraude ; Porthos se bagarre avec l’aubergiste et ses hommes, mais exhorte D’Artagnan à continuer seul. D’Artagnan et son serviteur Planchet sont les seuls à se rendre à la ville portuaire de Calais.
A Calais, ils ont des problèmes parce que personne n’est autorisé à naviguer sans la permission du Cardinal. D’Artagnan joue un tour en adoptant l’identité d’un homme nommé comte de Wardes afin de monter à bord d’un navire et de voguer vers l’Angleterre (Porthos reste derrière pour s’occuper des officiels). À Londres, D’Artagnan rencontre le duc de Buckingham et lui remet la lettre. Buckingham est heureux de renvoyer les diamants à Paris mais quand il va les chercher, il se rend compte que deux d’entre eux ont disparu. Ils ont été volés par la comtesse de Winter (Milady) sur ordre du cardinal. Course contre la montre, Buckingham et D’Artagnan trouvent un bijoutier pour réaliser deux clous de diamant identiques, et D’Artagnan se précipite à Paris avec l’ensemble complet de diamants.
Le soir du bal, la reine Anne se présente sans diamants. Avec joie, le cardinal le signale au roi, qui ordonne à sa femme d’aller les mettre. Quelques minutes plus tard, elle revient dans un beau costume, portant les diamants. Bien que le Cardinal et le Roi lui présentent les deux "disparus", elle feint la confusion, puisqu’elle porte déjà la parure complète. Le complot du Cardinal pour l’embarrasser est déjoué. D’Artagnan regarde tout se dérouler joyeusement, et avant de quitter le palais, la reine Anne lui donne une bague en signe de remerciement pour son service.
Analyse
Dans la littérature, les comparaisons entre la réputation/la chasteté d’une femme et les bijoux ne sont pas rares. L’intrigue autour des clous de diamant fait symboliquement allusion à un dossier de chasteté incomplet ou imparfait pour la reine Anne. Les diamants sont des objets intimes, associés au fait d’être près de son corps, et l’idée de les donner à un homme suggère qu’elle a peut-être donné son corps à Buckingham aussi. L’acte de donner les diamants est aussi particulièrement traître parce qu’ils étaient un cadeau du mari d’Anne, accentuant la trahison de les avoir partagés avec un autre homme. Les diamants sont une métaphore de son infidélité. Bien que la trahison d’Anne ait pu être privée, sa honte sera publique. Le Cardinal a soigneusement orchestré toutes les circonstances du bal pour maximiser son embarras et le conflit que cela va créer avec son mari. Alors que les mousquetaires peuvent publiquement défendre leur honneur et leur intégrité en se battant, la reine Anne doit compter sur l’exécution passive pour protéger son honneur. Son mari peut insister pour qu’elle montre sa loyauté, et il le fait parce qu’il veut que le monde le voit comme un homme puissant et viril qui a le contrôle sur sa femme ainsi que son royaume.
La situation tendue a été créée par la reine Anne préférant un autre homme à son mari; la solution est adoptée parce que Constance Bonacieux fait également confiance à un homme qui n’est pas non plus son mari. Constance montre sa loyauté et son dévouement envers la reine en lui venant rapidement en aide. Ceci peut être parce que Constance se sent partiellement responsable de la situation (elle a aidé à faciliter les rencontres entre Buckingham et la Reine, y compris quand les diamants ont été donnés), et que Constance éprouve une attirance de plus en plus profonde pour D’Artagnan, elle est peut-être de plus en plus sensible à l’infidélité de la reine. Cependant, Constance ne peut pas simplement se rendre en Angleterre elle-même, et elle dépend d’un homme prêt à assumer cette mission dangereuse et risquer la colère du Cardinal. Lorsque son mari refuse de prendre ce risque, D’Artagnan se positionne comme son véritable protecteur et amant en acceptant hardiment de transmettre le message à Buckingham.
Malgré les bonnes intentions de D’Artagnan et le soutien fidèle des autres mousquetaires, le voyage en France devient presque une parodie d’hommes qui sont trop occupés à cueillir des combats pour accomplir leur mission. Bien qu’Athos, Porthos et Aramis soient censés aider D’Artagnan et honorer leur devoir envers la couronne française, leurs colères et leur impulsivité font qu’ils finissent par être des obstacles. D’Artagnan est toujours seul quand il arrive à Calais, et il doit utiliser ses propres compétences et son ingéniosité pour contourner les tentatives de contrôle du Cardinal. Le fait que le cardinal puisse suivre qui quitte la France montre l’étendue et la portée de son pouvoir. Néanmoins, D’Artagnan est toujours en mesure de trouver un moyen de se rendre en Angleterre, ce qui montre qu’il est digne de devenir un jour un mousquetaire et a déjà les capacités héroïques nécessaires.
D’Artagnan est également le protagoniste idéal pour rencontrer Buckingham parce qu’à ce stade les deux hommes partagent un lien : ils sont tous les deux amoureux de femmes mariées. D’Artagnan est sensible à la passion et à la souffrance que Buckingham endure, et le vieil homme doux fonctionne comme un autre mentor et modèle de masculinité pour le jeune Français. En même temps, Buckingham révèle son caractère impulsif et téméraire. La fermeture du port créera essentiellement un état de guerre entre l’Angleterre et la France. Historiquement, à cette époque, les tensions militaires étaient nombreuses en Europe depuis que la guerre de Trente Ans avait éclaté en 1618. La France avait été identifiée comme un allié naturel pour l’empire catholique romain des Habsbourg, mais avait tous deux refusé de se ranger du côté des Habsbourg, ou de s’allier avec l’Angleterre contre eux. Au nom de son attachement à la reine Anne, Buckingham crée une situation politique qui entraînera presque certainement des pertes de vie.
La résolution de l’épisode des clous de diamants ferme l’une des boucles de l’intrigue initiale, et marque une étape cruciale dans le développement du personnage de D’Artagnan. Il est passé d’un garçon qui n’a pas fait ses preuves et qui n’a aucun héritage ni aucune réputation à un jeune homme qui a prouvé qu’il était digne de faire face à des enjeux élevés et à un service de haut niveau à la couronne française. Quand il reçoit une bague en diamant de la reine Anne, le cadeau reconnaît implicitement que D’Artagnan a maintenant gagné une place dans le monde de la cour française. Le fait qu’il ait dû accomplir à lui seul la majorité de la mission rehausse encore le profil de la victoire de D’Artagnan, puisque les autres mousquetaires ne peuvent être crédités de son succès. En même temps, D’Artagnan s’est mérité gloire et ennemis. Il n’est plus un étranger innocent, il est maintenant quelqu’un qui a agi directement contre les intérêts du cardinal et qui sera presque certainement une cible de vengeance.
