D’Artagnan ne peut rattraper l’homme de Meung, mais il apprend qu’Aramis a récemment été confronté par cet homme pris pour le duc de Buckingham. Bonacieux est arrêté par des gardes qui servent le cardinal. D’Artagnan feint le respect pour le cardinal afin que les gardes ne deviennent pas soupçonneux, mais entre eux, les mousquetaires se jurent fidélité, et se déclarent ennemis du cardinal.
Après l’arrestation de Bonacieux, les gardes du cardinal surveillent son logement et interrogent quiconque s’y rend, leur demandant si Mme Bonacieux leur a confié un paquet. Caché dans son propre logement, D’Artagnan observe tout cela. Il a également essayé de trouver des informations avec l’aide des mousquetaires et de Tréville, mais n’a rien découvert. Pendant qu’il écoute, d’Artagnan entend le bruit des gardes du cardinal qui se querellent avec une femme. Après avoir envoyé son serviteur chercher ses amis, D’Artagnan fait irruption dans le logement et chasse les gardes.
La femme s’avère être la belle Mme Bonacieux, qui a réussi à échapper à ses ravisseurs. D’Artagnan lui explique que son mari a été arrêté et que le cardinal la recherche. Il n’est pas sûr pour eux de rester dans le logement , donc D’Artagnan l’emmène chez Athos (Athos n’est pas à la maison). Mme Bonacieux explique que son parrain est Monsieur Laporte, et elle lui fait confiance pour lui dire ce qui se passe vraiment au tribunal. D’Artagnan va retrouver Laporte, qui se dépêche de retrouver sa filleule. Après un petit détour pour voir Tréville, D’Artagnan retourne chez lui et est intrigué par la vue d’une femme emmitouflée dans un manteau qui marche juste devant lui. Il la suit jusqu’à la maison d’Aramis, il la voit frapper à la fenêtre et échanger des mouchoirs avec quelqu’un à l’intérieur. Plus surprenant, D’Artagnan aperçoit le visage de la femme et réalise que c’est Mme Bonacieux
Quand il la rattrape, Madame refuse de dire à D’Artagnan ce qu’elle mijote, et il est trop épris pour se disputer. D’Artagnan rentre chez lui pour apprendre de Planchet que Athos a été arrêté. Il s’empresse de rejoindre Tréville, mais trouve, sans s’y attendre, Mme Bonacieux marchant avec un homme que d’Artagnan au prime abord soupçonne avec jalousie d’être Aramis. Puis, il réalise que le compagnon de Madame n’est autre que le duc de Buckingham. D’Artagnan, désireux d’aider Madame, accompagne le couple au Louvre. Il rencontre alors Porthos et Aramis, sans leur dire ce qui s’est passé.
Le récit continue à la suite de Buckingham et Madame. Celle-ci le laisse seul dans une pièce, où il est rapidement rejoint par la reine Anne qui essaie d’expliquer toutes les raisons pour lesquelles leur amour est condamné, mais le duc refuse d’écouter. Le couple se rend compte qu’ils ont tous les deux fait le même rêve, dans lequel le duc gisait, poignardé. Avant de se quitter, le duc insiste pour un gage de son amour, alors la reine Anne lui donne un écrin doré. Mme Bonacieux reparaît et escorte le duc discrètement.
Analyse
Un ennemi commun peut être l’une des forces fédératrices des plus puissantes. Bien que D’Artagnan ait pris un départ tumultueux avec les mousquetaires, la menace croissante du cardinal concoure à rassembler les quatre hommes. D’Artagnan a aussi prouvé son courage et son talent de combattant. Les trois mousquetaires sont eux aussi impulsifs, une fois que leurs sentiments ont changé envers D’Artagnan , ils l’embrassent chaleureusement comme l’un de leurs frère. Le lien profond et implicite entre les amis révèle un système de valeurs dans lequel le courage et la loyauté sont très prisés. Surtout à cette période de l’histoire, ces valeurs ont rempli une fonction sociale utile. Les changements de pouvoir et l’instabilité politique signifiaient que les individus pouvaient rapidement passer de la faveur à la disgrâce ou être appelés pour des missions dangereuses à tout moment. La promesse d’un lien sûr et inébranlable avec des individus qui seront loyaux, prime et constitue une façon d’assurer la sécurité et la stabilité. Cependant, cet engagement est fondé sur une évaluation de son caractère. Être embrassé par les mousquetaires montre que D’Artagnan est sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs. Il s’est présenté à Paris en tant qu’individu quelconque, mais a pu prouver sa valeur et son intégrité.
La dévotion des mousquetaires est particulièrement importante parce qu’ils vivent dans un monde où tout le monde semble être englué dans des secrets, des stratagèmes et des complots. A ce stade du récit, on ne sait pas quel est le lien entre le cardinal, l’homme de Meung, et les Bonacieux . Il est de plus en plus clair que le duc de Buckingham et la reine elle-même sont également impliqués, ce qui fait monter les enjeux. Plus ces individus sont puissants, plus le jeu est dangereux. Des indices sur la réputation du Cardinal créent également une mise en garde sur la dangerosité de l’ennemi de D’Artagnan. La perception que tout le monde semble cacher quelque chose, et qu’il est presque impossible de savoir qui est digne de confiance, commence aussi à transformer son caractère. Au début de l’histoire, il était impulsif, mais aussi transparent. Il montrait volontiers ses propres sentiments et supposait que les autres étaient honnêtes à propos des leurs. Maintenant, il acquiert les compétences d’un tacticien, et apprend comment regarder, attendre et utiliser les informations qu’il recueille à ses propres fins.
Parallèlement à cette transformation, les lecteurs voient D’Artagnan tomber amoureux pour la première fois. Il se comporte aussi spontanément dans sa vie romantique que dans ses combats. Étant donné que Mme Bonacieux est une femme mariée, D’Artagnan ne fait aucun effort pour l’attirer. Dumas prend soin d’assurer une grande différence d’âge entre Mme Bonacieux et son mari, et de le dépeindre sans attrait. Les lecteurs sont donc plus aptes à se sentir en sympathie et admettre qu’elle est insatisfaite dans son mariage, et donc attirée par le jeune et fringant D’Artagnan. À cette époque, lorsque les couples se mariaient, rarement par amour, on s’attendait souvent à ce que la passion réside plutôt dans des relations extra conjugales. Le choix d’un conjoint était souvent pragmatique, mais celui d’une maîtresse pouvait être dicté par le cœur. Alors que D’Artagnan se met à absorber implicitement de plus en plus de normes culturelles du monde dans lequel il vit, il commence aussi à refléter ces tendances dans ses relations.
Comme cette partie du roman l’indique d’abord, puis le révèle pleinement, la pratique des affaires extra conjugales s’étend aussi à la reine elle-même. La reine Anne partage quelques similitudes avec Mme Bonacieux : elle est jeune, belle, isolée et maltraitée par son mari. Dumas prend soin de maximiser les raisons du grand attachement de la reine Anne au duc de Buckingham afin que le lecteur ressente de la sympathie pour elle. Le duc est présenté comme une vision idéalisée du héros romantique. Comme les mousquetaires, il est beau, courageux, habile et charismatique. La reine tient à sa fidélité et sa vertu, mais Buckingham est présenté comme irrésistible. C’est aussi un rêveur qui ignore les préoccupations plus concrètes de la reine. Buckingham suivra son cœur, et restera fidèle à sa bien-aimée, même si le destin de deux royaumes pourrait pâtir de ce qui se passe dans leur relation. Son insouciance et son mépris des conséquences potentielles de son comportement ont pour conséquence les ravages causés par les mousquetaires dans leurs combats et duels, et la mise en lumière de valeurs masculines alléchantes mais risquées .