Comme D’Artagnan n’a pas de connaissances à Paris, il n’a personne pour le seconder dans un duel (un ami présent pour l’assister en cas d’urgence). Il va à la rencontre d’Athos seul, et lui en fait part. Athos hésite à combattre un jeune garçon inexpérimenté. Finalement, Porthos et Aramis arrivent ; ils sont les amis proches d’Athos, et ont naturellement prévu de le seconder. La confusion règne, étant donné que D’Artagnan a aussi des duels en vue avec chacun d’eux. Néanmoins, Athos et D’Artagnan commencent leur duel pour être presque immédiatement interrompus par les gardes du cardinal, menés par un homme nommé Jussac. Puisque les duels sont illégaux, ils sont tous en danger.
Refusant de se soumettre à l’arrestation par les gardes du Cardinal, les mousquetaires et D’Artagnan ripostent. Les quatre d’entre eux ont vaincu les cinq gardes, tuant un homme et en blessant plusieurs autres. Après que Jussac ait ordonné à ses hommes de se rendre, D’Artagnan et les mousquetaires vont triomphalement raconter à Tréville leur victoire. Tréville est fier d’eux, mais il est assez perspicace pour savoir qu’il doit conserver la sympathie du roi. Cette nuit-là, il se rend au palais du Louvre où le roi Louis joue. Tréville dit au roi que la bagarre a éclaté après que ses mousquetaires soient tombés sur cinq gardes dont il soupçonne qu’ils étaient dans la région pour se battre en duel. Le roi se range du côté de Tréville et des mousquetaires, et manifeste son intérêt pour D’Artagnan, car il sait que le jeune homme doit être un combattant exceptionnel pour avoir tenu bon contre Jussac et les gardes. Le roi demande à rencontrer D’Artagnan et les mousquetaires le lendemain.
Le lendemain matin, avant la rencontre prévue avec le roi, D’Artagnan passe son temps à regarder les mousquetaires jouer au jeu de paume. Pendant qu’il s’attarde, un autre garde nommé Bernajoux l’insulte, et D’Artagnan le défie rapidement en duel et commence alors le combat au grand jour. Ce dernier blesse gravement son adversaire, ce qui amène d’autres hommes fidèles à la garde du cardinal à se joindre au combat, alors que les mousquetaires se précipitent au secours de D’Artagnan. Le temps que les mousquetaires arrivent à Tréville, celui-ci a déjà entendu parler de ce combat. Quand le groupe arrive au palais, le roi est de mauvaise humeur, alors Tréville l’approche seul. Le roi est contrarié parce qu’il n’arrête pas d’entendre parler du comportement imprudent des mousquetaires de Tréville, mais avec l’aide d’un noble nommé le duc de Tremouille, Tréville est en mesure de rassurer le roi Louis que le plus récent combat était de la faute des gardes.
Néanmoins, lorsque le roi Louis rencontre finalement D’Artagnan et les mousquetaires, il les réprimande pour tous les combats. Pourtant, il est impressionné par D’Artagnan, et il donne aux quatre d’entre eux de l’argent. Il suggère aussi que D’Artagnan soit placé avec les Gardes de Monsieur Dessessart afin de devenir mousquetaire. Avec sa nouvelle fortune, D’Artagnan se procure un domestique nommé Planchet. Il passe maintenant beaucoup de temps avec Porthos, Athos et Aramis, et apprend à connaître le caractère de chaque homme. D’Artagnan est si passionné à l’idée de devenir mousquetaire qu’il est réticent à accepter le poste auprès de Monsieur Dessessart, mais ses amis lui promettent qu’ils l’aideront encore, même s’il sert dans une autre compagnie.
Malgré le nouveau lien qui les unissait, les quatre hommes font rapidement face à un manque d’argent. Un jour, D’Artagnan reçoit la visite de son propriétaire, Monsieur Bonacieux. Ce dernier explique que sa femme travaille comme couturière pour la reine, et a été enlevée. Il pense que son ravisseur travaille au service du cardinal. La reine est connue pour avoir une relation romantique avec le duc de Buckingham, un noble anglais. Cette relation irrite le cardinal parce qu’il désire la reine. Bonacieux pense que sa femme a été enlevée pour être utilisée contre la reine. Si D’Artagnan l’aide à la sauver, il recevra une récompense et une rente à vie. D’après la description de Bonacieux, on dirait que le ravisseur est l’homme de Meung, donc D’Artagnan est particulièrement sous tension quand il aperçoit l’homme de Meung dans la rue. Il lui court après.
Analyse
La combinaison de l’insouciance de D’Artagnan avec son innocence continue de générer le chaos et la comédie dans cette partie du roman. Les trois mousquetaires ne savent pas comment l’aborder car ils savent qu’il est sans amis, naïf et peu familier avec la politique complexe et les us de la société judiciaire parisienne. D’Artagnan est déterminé à être pris au sérieux ; il affirme à plusieurs reprises qu’il devrait être traité comme un homme, pas comme un garçon. Ses solides compétences au combat suggèrent qu’il est plus expérimenté qu’il n’y paraît. Cependant, une partie de ce qui rend D’Artagnan un adversaire formidable est qu’il se bat d’une manière assez naturelle et peu sophistiquée. Bien que dangereux, la plupart des combats entrepris par les mousquetaires et les gardes étaient censés être exposés au grand jour et habiles, mais en fin de compte, peu efficaces. Dans un combat à l’épée, le manque de sophistication de D’Artagnan le sert bien parce que cela le rend imprévisible.
Ce que D’Artagnan, les mousquetaires et les gardes du cardinal ont tous en commun, c’est une propension à s’adonner à la bagarre à tout moment. Les blessures graves et la mort qui résultent de ces combats ne semblent inquiéter personne, créant ainsi un décalage désinvolte entre la rapidité avec laquelle une querelle pourrait commencer, et la gravité des conséquences. Comme l’explique David Coward, " l’immense lectorat de Dumas s’identifiait étroitement à ses héros fringants qui combattent les lenteurs pesantes de la réalité et résolvent tous les problèmes d’un coup d’épée. Dumas politisait le bien et le mal et mythologisait le héros » (p. 78). Dans une société où la bravoure et l’honneur semblent être prisés avant tout, affirmer ces vertus devient la chose la plus importante. Mais quand une chicane sur les balles de jeu de paumes mène à une violente bagarre avec de multiples victimes, il est difficile de ne pas remettre en question le privilège des personnages qui semblent avoir le luxe de ne rien faire sauf chercher des raisons de se quereller.
La culture de la violence et du pouvoir des hommes sur les femmes parmi les mousquetaires et les gardes est renforcée par le comportement de leurs chefs. Tréville agit pour renforcer son propre pouvoir en soutenant discrètement les mousquetaires qui saisissent toutes les opportunités pour affirmer leur domination sur les hommes du cardinal. Contrairement à leur imprudence, Tréville quant à lui, est suffisamment fin pour comprendre l’importance de leur image publique. Il s’assure qu’il y a toujours une justification convaincante pour expliquer les combats. Grâce à ses habiles manœuvres politiques, les mousquetaires peuvent continuer à se comporter comme s’ils étaient invulnérables. Le roi Louis hésite également entre imposer une certaine autorité vis-à-vis de ces comportements mais aussi de continuer à prendre plaisir dans les luttes de pouvoir. En tant que plus haute autorité politique, son refus d’insister sur la loi et l’ordre signifie que des hommes comme Tréville et le cardinal peuvent continuer leur complot.
La persévérance et la bravoure de D’Artagnan lui valent le respect des mousquetaires. Malgré sa position sociale, son manque d’argent ou de relations, il est en voie pour devenir un garde respecté. Dans le récit, la quête initiatrice de D’Artagnan vers l’âge adulte, ainsi que sa noblesse innée et son intégrité lui octroient la reconnaissance des autres. Une fois qu’il fait partie de la confrérie des mousquetaires, il s’inspire des modèles qui peuvent le guider sur le chemin pour devenir le vaillant combattant qu’il rêve d’être. Cependant, malgré leur succès au combat, les mousquetaires ont leurs propres failles. La question de l’argent révèle qu’il existe encore certaines réalités, même dans leur monde d’héroïsme courtois. Avec l’irruption du complot de Bonacieux, la courtoisie et le pragmatisme se heurtent. D’Artagnan semble un peu appelé à aider quelqu’un dans le besoin, surtout quand il s’agit de la sécurité et de l’honneur des femmes. Dans le même temps, Dumas indique clairement que la perspective d’un loyer gratuit est également un facteur de motivation important. Cette conscience des contraintes de classe apporte une perspective entièrement moderne dans une œuvre de fiction historique.