Le siège de La Rochelle continue. Un soir, Porthos, Athos et Aramis en rentrant d’une auberge rencontrent le cardinal à cheval avec un autre homme. Il venait d’un rendez-vous avec une femme. Les mousquetaires expliquent qu’ils ont entendu des hommes à l’auberge parler d’attaquer une femme, alors tous les cinq y retournent ensemble, et attendent en bas pendant que le cardinal se rend à sa réunion. Les mousquetaires se rendent compte qu’ils peuvent entendre la conversation : le cardinal converse avec Milady. Il veut l’envoyer en Angleterre pour demander à Buckingham d’arrêter les préparatifs de guerre ; s’il refuse de se conformer, le cardinal révélera tout ce qu’il sait des secrets de la reine Anne, et ruinera sa réputation. Le cardinal Richelieu précise également que si Buckingham refuse de répondre à cette menace, Milady devra organiser son assassinat.
Milady négocie habilement quelques points en échange de ce service : elle veut l’impunité en cas de mort de Buckingham, elle veut savoir où se trouve maintenant Mme Bonacieux, et que D’Artagnan soit arrêté. Le Cardinal lui donne carte blanche (un document légal autorisant toutes les actions qu’elle pourrait avoir à accomplir), promet de découvrir où Constance Bonacieux est détenue, et promet d’arrêter D’Artagnan si elle peut fournir la preuve qu’il a conspiré avec Buckingham. Quand le Cardinal descend, Athos se cache et les autres disent qu’il est parti tôt. Une fois que Porthos, Aramis et le Cardinal de Richelieu sont partis pour retourner au camp, Athos monte discrètement et affronte Milady. Il est en effet son premier mari, et il indique clairement qu’il connaît tous ses secrets et crimes. Il demande carte blanche et la ramène au camp avec lui.
Les mousquetaires doivent s’assurer de leur intimité pour pouvoir livrer à D’Artagnan ce qu’ils ont appris, mais ils savent aussi que les quatre d’entre eux qui se réunissent attireront l’attention des espions du Cardinal. Athos annonce qu’ils passeront une heure au bastion St. Gervais (une partie des fortifications de la ville). Cet endroit dangereux a été le théâtre d’une violente bataille la nuit précédente, et est maintenant envahi par des assaillants, audacieux . Beaucoup de soldats se rassemblent pour évaluer ce qui se passe. Les mousquetaires partagent ce qu’ils savent avec D’Artagnan tout en échangeant des tirs avec les forces ennemies. Alors qu’ils continuent de défendre courageusement la ligne et de tuer de nombreux soldats , ils se demandent que faire ensuite. Ils décident finalement de demander à Lord de Winter de garder un œil sur Milady, et d’envoyer un message à la Reine (via l’amie mystérieuse d’Aramis à Tours) afin qu’elle puisse avertir Buckingham. Compte tenu de la guerre entre l’Angleterre et la France, ce serait une trahison pour eux d’avertir directement Buckingham. Pour financer la mission, ils vendront la bague en diamant de D’Artagnan reçue de la Reine. Ils quittent le bastion comme des héros ; tout le monde est très impressionné, et personne ne se méfie de ce qu’ils trament vraiment.
Les quatre amis se réunissent alors pour rédiger des lettres. Planchet se rendra en Angleterre pour en remettre une à Lord de Winter ; expliquant que Milady a conspiré contre lui et l’incitant à enquêter sur son passé. Bazin se rendra à Tours pour en livrer une autre au "cousin" d’Aramis qui transmettra ensuite le message à la Reine : il s’agit d’un rêve prédisant l’assassinat du duc de Buckingham . D’Artagnan indique aussi à Planchet de prier Lord de Winter de protéger Buckingham. Bazin et Planchet reviennent quelques jours plus tard, confirmant qu’ils ont bien livré leurs messages.
Analyse
Dès que l’action prend place durant la guerre ouverte de La Rochelle, Dumas démontre son habileté à mêler événements historiques et drame psychologique de son invention. La Rochelle se rebella effectivement contre la couronne de France, et était soutenue par les troupes anglaises dirigées par Buckingham. Rien de tout cela n’avait à voir avec la relation de Buckingham avec la reine Anne, mais en mettant l’action sur leurs motivations personnelles, Dumas rend les événements encore plus convaincants pour les lecteurs. La fierté et la position privilégiée du Cardinal sont en jeu s’il ne maintient pas sa réputation de chef. Par conséquent, il est prêt à utiliser toutes ses ressources, y compris le chantage à Buckingham.
Un motif récurrent tout au long du roman est la nécessité pour les personnages de collaborer avec les autres afin d’atteindre leurs objectifs. En raison du besoin de discrétion , les personnages individuels doivent souvent déléguer des tâches à d’autres. Le Cardinal ne peut se rendre lui-même en Angleterre parce qu’il doit être vu comme un chef à la présence capitale au siège. Il n’a pas non plus le même accès à Buckingham que Milady. En conséquence, même un homme aussi puissant que le Cardinal est forcé de négocier afin de persuader Milady d’agir en son nom. C’est une entremetteuse formidable et rusée, capable de regarder vers l’avenir et de protéger ses propres intérêts. Milady ne criant pas la violence, mais contrairement aux différents personnages masculins imprudents, elle se prémunit stratégiquement en dégageant toute responsabilité. Un passé criminel a appris à Milady comment se protéger efficacement.
La confrontation entre Athos et Milady dévoile les indices concernants Milady qui n’est autre que sa femme perdue depuis longtemps. Dumas ne précise pas comment Milady a pu s’échapper après qu’Athos l’ait pendue et laissée mourante, mais ce mystère ajoute au sentiment que Milady est presque surhumaine dans sa capacité à échapper au destin et se construire une nouvelle vie. Athos est farouchement protecteur de D’Artagnan, mais il semble quelque peu surprenant qu’il n’intervienne pas d’une autre manière dans les complots de Milady sauf radicalement en la tuant. Mieux que quiconque, il sait de quoi elle est capable. Plus tard dans la discussion des mousquetaires, le sujet du patriotisme et de la loyauté revient : parce que l’Angleterre et la France sont en guerre, soutenir Buckingham revient à aider un ennemi et trahir des intérêts français. Athos et les autres ont du mal à trouver un équilibre entre intervenir délicatement et aller trop loin. Le lien entre la reine Anne et Buckingham complique les choses, car agir dans l’intérêt supérieur de la reine signifie aussi agir dans l’intérêt supérieur d’un Anglais.
