Franz est très surpris par cette nouvelle. Il réalise que les habitants du village ont dû lire cette nouvelle sur le tableau d’affichage devant la mairie. Il tente de réaliser qu’il s’agit vraiment de sa dernière leçon de français alors qu’il sait à peine écrire : il ne pourra plus jamais progresser.
Franz s’en veut de n’avoir jamais appris ses leçons et d’avoir préféré passer son temps à chercher des œufs d’oiseaux ou à se détendre au bord de la Sarre. Ses livres de grammaire et d’histoire sainte, qui lui semblaient si lourds et ennuyants il y a peu, ressemblent désormais à de vieux amis qu'il ne veut pas abandonner. De même, le départ de M.Hamel lui fait oublier sa règle en fer et son mauvais caractère.
Franz a pitié de M. Hamel et réalise qu’il porte ses habits de fête en l’honneur de son dernier jour à l’école. Il comprend aussi pourquoi des villageois sont assis au fond de la salle : eux aussi regrettent de ne pas être plus souvent allés à l’école. Par leur présence, ils remercient M. Hamel pour ses quarante années de bons et loyaux services.
Alors que Franz réfléchit aux conséquences de l'annonce de M. Hamel, il entend son nom être appelé : c’est à son tour de réciter. Il donnerait n'importe quoi pour réussir à dire bien haut et bien clair les règles des participes sans faire une seule erreur, mais il s’emmêle les pinceaux dès le premier mot et reste debout, le cœur battant la chamade, sans oser lever les yeux.
M. Hamel lui dit qu'il ne le grondera pas car il doit déjà se sentir assez coupable comme ça. Il ajoute que les gens pensent toujours qu'ils ont assez de temps devant eux pour tout remettre à plus tard, mais qu’ils voient maintenant où cet état d'esprit les a menés. M. Hamel estime que ce problème-là est propre à l’Alsace. Il dit que les Prussiens ont bien raison de souligner l'ironie de la situation : Franz et tous ceux qui ont remis leur apprentissage à demain se prétendent Français alors qu'ils ne savent ni parler ni écrire leur propre langue.
M. Hamel rassure Franz en lui disant qu'il n'est pas plus mauvais que les autres, et que tout le monde a sa part de responsabilité. Les parents de Franz n’étaient pas assez attachés à son éducation et préféraient le faire travailler dans des usines et des fermes pour gagner un peu d'argent. L’instituteur se fustige également, car il envoyait souvent Franz arroser ses fleurs au lieu de le forcer à rester étudier. Il lui était déjà aussi arrivé de donner congé à la classe pour aller pêcher.
Analyse
Certains détails auxquels Franz n’avait pas prêté attention plus tôt prennent soudain tout leur sens lorsque M. Hamel annonce que le français ne sera plus enseigné à l’école. Désormais privé de sa langue maternelle, l’attitude de Franz vis-à-vis de ses études passe de l’apathie au regret de ne pas avoir été plus attentif en classe. Daudet illustre ainsi la façon dont Franz ne comprend la valeur de l’éducation que lorsqu’il réalise qu’il n’y aura plus jamais droit.
La vision que Franz avait de M. Hamel change également. Alors qu’il voyait auparavant en lui un professeur effrayant, il semble désormais bien moins intimidant. Franz a même de la peine pour cet instituteur qui doit abandonner l'enseignement après y avoir consacré quarante années de sa vie. Franz souligne que M. Hamel porte ses plus beaux habits pour honorer son attachement à son métier et pour honorer son identité française, dont la langue et la culture ont été attaquées.
Comme Franz le redoutait au début de l'histoire, M. Hamel lui demande de réciter les règles des participes. Maintenant qu'il se rend compte de la valeur de l’'éducation et qu’il respecte son professeur, Franz espère pouvoir réciter les règles avec honneur et dignité, comme M. Hamel, mais il se trompe dès le premier mot.
Bien que Franz s’attende à être réprimandé, M. Hamel fait preuve de compassion et explique à son élève qu’il n’est pas responsable de son comportement. L’instituteur pense que tous les habitants de la région ont tendance à tout repousser au lendemain - ce qui fait qu’ils ne savent même pas écrire et lire leur propre langue correctement. Les parents des élèves de l’école ont tendance à les envoyer travailler à l’usine ou à la ferme plutôt que sur les bancs de l’école.
Alors que la conversation se poursuit, M. Hamel fait remarquer qu’il est aussi responsable. Au lieu de demander à Franz de rester en classe, il l’a souvent envoyé arroser les fleurs du jardin, et au lieu de résister à son envie d’aller pêcher, il a trop souvent donné congé à ses élèves. Daudet montre ici que Franz et Hamel partagent le même regret, celui de ne pas avoir été plus diligents lorsqu’ils le pouvaient.