“Ce matin-là, j’étais très en retard pour aller à l’école, et j’avais grand-peur d’être grondé, d’autant que M. Hamel nous avait dit qu’il nous interrogerait sur les participes, et je n’en savais pas le premier mot.”
L’histoire s’ouvre par Franz qui arrive en retard à l’école et redoute une interrogation sur les participes. La situation est ironique car les préoccupations du jeune narrateur semblent bien futiles lorsqu’il apprend que le français ne sera plus enseigné dans son école. L’attitude de Franz à l’égard de ses études au début de l’histoire contraste fortement avec les remords qu’il éprouve plus tard, car il n’a pas fait beaucoup d’efforts pour s’instruire quand il en avait encore l’occasion.
“Je comptais sur tout ce train pour gagner mon banc sans être vu ; mais, justement, ce jour-là, tout était tranquille, comme un matin de dimanche. Par la fenêtre ouverte, je voyais mes camarades déjà rangés à leurs places, et M. Hamel, qui passait et repassait avec la terrible règle en fer sous le bras.”
Franz arrive en retard et espère qu’il pourra profiter de la cacophonie habituelle des élèves en train de s’installer pour se faufiler jusqu’à son bureau. Cependant, il perd espoir lorsqu’il voit ses camarades sagement assis en silence. L’image de cette classe étonnamment silencieuse préfigure la nouvelle que M. Hamel s’apprête à annoncer.
"Mes enfants, c’est la dernière fois que je vous fais la classe. L’ordre est venu de Berlin de ne plus enseigner que l’allemand dans les écoles de l’Alsace et de la Lorraine… Le nouveau maître arrive demain. Aujourd’hui, c’est votre dernière leçon de français. Je vous prie d’être bien attentifs."
Franz se demande pourquoi toutes les personnes présentes dans la classe sont si polies et pourquoi des villageois à l’air triste occupent les bancs du fond de la salle. Il trouve la réponse à ses interrogations lorsque M. Hamel annonce que lui et tous les autres professeurs de français doivent cesser leur activité. Il explique avec beaucoup de professionnalisme que l’oppresseur allemand souhaite effacer la culture française, sans que le ressentiment ou l’amertume n’affectent sa diction.
“Puis il prit une grammaire et nous lut notre leçon. J’étais étonné de voir comme je comprenais. Tout ce qu’il disait me semblait facile, facile. Je crois aussi que je n’avais jamais si bien écouté, et que lui, non plus, n’avait jamais mis autant de patience à ses explications. On aurait dit qu’avant de s’en aller le pauvre homme voulait nous donner tout son savoir, nous le faire entrer dans la tête d’un seul coup.”
Franz est habituellement un élève apathique et plutôt négligent, mais il s’étonne de comprendre aussi facilement la dernière leçon donnée par M. Hamel. Daudet illustre ici la façon dont les circonstances tragiques poussent Franz à apprécier l’éducation et la langue française, qu’il n’a jamais autant aimées que lorsqu’elles s’apprêtaient à disparaître.
"Mes amis, dit-il, mes amis, je… je… » Mais quelque chose l’étouffait. Il ne pouvait pas achever sa phrase. Alors il se tourna vers le tableau, prit un morceau de craie et, en appuyant de toutes ses forces, il écrivit aussi gros qu’il put :« Vive la France ! »”
À la fin de La dernière classe, la cloche sonne midi et l’on entend les trompettes prusses retentir à l’extérieur. M. Hamel se tient debout fièrement et tente de s’adresser à ses élèves et aux villageois mais l’émotion l’étouffe et il est contraint de résumer son discours en écrivant “Vive la France !”. Ce slogan représente le désir de M. Hamel de voir ses élèves s’accrocher à leur langue et à leur culture face à l’oppression allemande. L’incapacité de l’instituteur à en dire plus témoigne de son sentiment de défaite et de sa résignation, car il n’est qu’un humble instituteur soumis au diktat de considérations politiques supérieures.