Thérèse Raquin, un des premiers romans conséquents de Zola, reste l’un de ses plus connus. Lorsqu’il entreprit d’écrire l’histoire de Thérèse, de ses connaissances, et de sa plongée vers le meurtre et le suicide, Zola n’avait que vingt-sept ans. En 1866, il avait quitté son poste d’attaché commercial aux éditions Hachette afin de se consacrer pleinement à l’écriture ; vers la fin 1868, lorsque le succès et les critiques de Thérèse Raquin accompagnèrent la parution de sa seconde édition, Zola avait acquis mauvaise réputation dans les cercles littéraires.
Zola n’était en aucun cas le seul artiste français de son temps à accroitre sa notoriété en provoquant des drames et des scandales. En 1857, Gustave Flaubert fut jugé pour obscénité pour la nature explicite de son roman Madame Bovary. Dans les années 1860, Édouard Manet choqua et offensa le public parisien par ses peintures suggestives et crues telles qu’Olympia, Le Déjeuner sur l’herbe (1862-1863). Le roman de Zola trouve sa place dans la même tradition de réalisme provoquant et le caractère de Thérèse présente de fortes similitudes avec l’Emma Bovary de Flaubert : une femme séduisante muselée par son entourage et conduite à des extrémités autodestructrices.
Zola et ses prédécesseurs créèrent leurs œuvres durant une période de grande prospérité matérielle, connue en France sous le nom de Second Empire. Sous l’Empereur Napoléon III, (1808-1873) dont le règne s’étendit de 1852 à 1870 , la France jouit d’une période relativement pacifique, stable en témoigne l’émergence de projets culturels progressistes dont la refonte massive de l’aménagement et l’architecture de Paris menée par le Baron Haussmann (1809-1891).Cette histoire, toile de fond de Thérèse Raquin, ne passe jamais au premier plan du roman, terrée dans des conditions sombres et isolées, Thérèse ressent à peine la grandeur et l’effervescence du Second Empire.