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Qui est le plus à blâmer pour le meurtre de Camille, Thérèse ou Laurent ?
Le cas de Laurent est assez simple, c’est lui qui étrangle Camille, et il ne ressent aucune des angoisses et des doutes que Thérèse éprouve sur les lieux du meurtre. Mais il y a aussi de bons arguments incriminants Thérèse. D’une part, le ressentiment de longue date de Thérèse et son sentiment d’être piégée lui donne une plus grande raison de souhaiter le départ de Camille; d’autre part, Thérèse semble avoir donné à Laurent l’idée de meurtre en premier lieu. En fin de compte, Thérèse et Laurent subissent les mêmes conséquences pour ce meurtre, peu importe qui est le plus coupable. -
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Des descriptions soignées et des localisations precises sont cruciales pour le style d’écriture de Zola. En quoi les cadres et les lieux de Zola jouent des rôles importants dans l’ensemble du récit?
En tant qu’écrivain aux ambitions analytiques ou "scientifiques", Zola se serait certainement concentré pour donner des preuves exemples précis sur la société et la psychologie de ce temps. Ceci est une explication valable pour expliquer ses représentations minutieuses de Paris ; en effet, de telles descriptions si illustreraient les nuances dans la façon de réagir de Laurent, Thérèse et les autres personnages en fonction de leur environnement. Pourtant, le roman en dépeint aussi qui semblent piégés dans leur propre vie, incapables d’échapper aux moindres détails qui les entourent. Les descriptions nettes complètes de Zola peuvent aussi indiquer que Thérèse et Laurent n’ont d’autre choix que de faire du sur-place, obsédés par les moindres détails. Le thème naturaliste de Zola peut être défini à partir de du décryptage de l’environnement de ses personnages. La ruelle sinistre que les Raquin appellent maison et le petit grenier qu’occupe Laurent symbolisent leur vie intérieure étouffant leurs choix, ce qui retentit avec l’aspect lugubre de leur crime. -
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Quels facteurs expliquent la survenue précoce du dégoût de Thérèse pour Camille, et de son attirance pour Laurent ? Ces réactions de Thérèse envers ces hommes étaient-elles entièrement prévisibles ?
Comme Zola l’indique clairement, Thérèse est dégoûtée par la nature amorphe et sans passion de Camille, et elle est attirée par l’énergie, la virilité et l’indépendance de Laurent. La vie avec Camille est une longue routine ennuyeuse/monotone, tandis que la présence de Laurent promet l’exaltation et l’excitation de l’adultère. Cependant, il y a une étrange similitude entre Camille et Laurent : ce sont des hommes à la fois paresseux et complaisants, dépourvus de grandes ambitions. Au lieu d’être le compagnon idéal pour la Thérèse passionnelle mais réprimée, Laurent peut tout simplement être la meilleure des mauvaises options auxquelles elle a accès.
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Dans quelle mesure Thérèse Raquin s’inscrit-elle dans la théorie d’écriture que Zola met en avant dans sa "Préface" ? Gardez à l’esprit la possibilité que l’œuvre s’écarte fortement des principes déclarés ou présumés de Zola.
Dans la "Préface", Zola présente son écriture comme une recherche presque scientifique. Bien que le sexe, le meurtre et l’angoisse psychologique s’invitent dans le roman avec facilité, Zola voit ces thèmes comme nécessaires à son projet de cartographie de deux tempéraments différents sous un état de stress. Les descriptions précises et la manière infaillible d’aborder le corps humain dans Thérèse Raquin cadrent très bien avec les objectifs de la "Préface". Mais on pourrait aussi faire valoir que les éléments de fantaisie et de surnaturel de Thérèse Raquin desservent battent l’approche "scientifique" de Zola et transforment le roman en conte plus symbolique, ou en fable avec comme finalité morale "le crime ne paie pas."
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L’autodestruction et le suicide sont-ils les seules issues possibles au meurtre que Thérèse et Laurent commettent ? Est-ce que d’autres destins pour les deux complices seraient plausibles ?
Zola tente certainement d’établir qu’il n’y a qu’une issue logique pour Thérèse et Laurent. Comme les décrit le romancier, les deux amants sont attirés l’un vers l’autre par des forces impulsives et animales qu’ils ne peuvent contrôler et qu’ils ne comprennent pas entièrement. Ils ne peuvent donc, en fait, qu’être inévitablement liés l’un à l’autre. Mais il est aussi possible de trouver des exemples dans Thérèse Raquin suggérant d’autres éventualités pour ses protagonistes. Et si le modèle vivant de l’atelier de Laurent ne l’avait pas quitté pour un autre amant ? Et si Thérèse avait fait connaissance avec un étudiant du coin ? Personne ne le saura jamais.
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Pourquoi Zola se concentre-t-il sur les invités du jeudi soir tout au long du récit?
Ici, il y a quelques suggestions. Côté narratif, les invités du jeudi aident le lecteur à comprendre pourquoi Thérèse est tant désabusée du monde qui l’entoure ; la haine et l’ennui qu’elle ressent pour Camille et Laurent accentuées et projetées sur des personnages encore plus grotesques. Pourtant, Zola était également célèbre pour ses descriptions humoristiques et pour ses satires prétentieuses et mesquines des différents types de la société. Des personnages comme Olivier le snob et l’infortuné Grivet ont permis à Zola de se laisser aller à la parodie, et d’ajouter une tonalité comique à un roman plutôt sombre.
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Quel personnage subit les changements les plus radicaux au cours de Thérèse Raquin : Thérèse, Laurent, Mme Raquin, ou quelqu’un d’autre ?
Thérèse est un bon potentiel, assez évident, pour le personnage qui évolue le plus. Elle commence le roman avec des sentiments passionnés et instinctifs refoulés; puis, à la fin, ce voile disparait, et ces sentiments se révèlent pleinement dans le meurtre, l’adultère et son suicide déchirant. La transformation de Laurent d’un du jeune homme paresseux en un homme capable de grande réalisation artistique, bien que torturé par des démons intérieurs, fait de lui une bonne alternative pour ce rôle. Mme Raquin ne doit pas non plus être sous-estimée ; après avoir commencé le roman en tant que femme ordinaire pleine de sollicitude, elle termine Thérèse Raquin comme un symbole de vengeance, et une véritable figure de terrifiante perspicacité.
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Bien que le roman s’intitule Thérèse Raquin, le point de vue de Laurent constitue une partie importante de l’écriture ; souvent surpassant celui de Thérèse. Pourquoi Zola s’est-il autant concentré sur Laurent ?
En tant qu’auteur masculin se lançant dans sa carrière, Zola pouvait tout simplement ne pas savoir comment entrer dans la psychologie d’une jeune femme comme Thérèse. Laurent, en revanche, présente quelques similitudes notoires avec le Zola de la vie réelle : un intérêt pour la peinture, des racines provinciales, et une incapacité à se réaliser dans des emplois traditionnels. Mais Laurent fait surtout avancer le récit contrairement à Thérèse. Il initie leur liaison, il étrangle Camille mortellement, et il peut donc raisonnablement être conçu comme le personnage le plus éminent au rôle le plus essentiel. En fonction de l’éclairage mis sur l’un ou l’autre des deux personnages, le titre peut être considéré à la fois comme un hommage au personnage principal, ou encore une suggestion à ce qui détruit ce personnage.
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Quelle est la signification de la paralysie de Mme Raquin ? En plus de justifier d’expliquer l’importance de cette pathologie comme ressort pour créer suspense et intrigue, essayez d’expliquer quelques-unes des significations symboliques de la paralysie dans Thérèse Raquin.
L’immobilité de Mme Raquin est une manifestation littérale de l’un des thèmes principaux du roman. La paralysie affecte les autres personnages psychologiquement, émotionnellement et spirituellement, depuis la paresse et la prévisibilité de Camille jusqu’à l’enfermement et l’impuissance que ressentent Thérèse et Laurent après leur meurtre. Mais la paralysie joue un rôle paradoxal dans la vie de Mme Raquin. Une fois qu’elle est incapable de bouger, Mme Raquin commence à penser d’une manière plus habile et agile, et comprend des faits qu’elle ne pouvait pas comprendre quand toutes ses capacités étaient intactes.
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Quel rôle éventuel, les questions de moralité ont-elles dans Thérèse Raquin ?
On peut soutenir que Zola réussit à éviter les questions morales; il n’y a pas de commentaire direct expliquant si le meurtre de Camille était justifié ou non, et Thérèse et Laurent meurent dans les derniers paragraphes du roman, sans épilogue moralisateur. Pourtant, Zola n’est pas totalement exempt d’interprétations éthiques. Après tout, Thérèse elle-même apporte un élément moral dans le roman avec ses manifestations - ou moqueries - de repentir et de chagrin. Enfin, Thérèse Raquin dans son ensemble peut être interprété comme une illustration d’une leçon de morale pure et simple: le crime, finalement, ne paie pas.