Voyage au centre de la terre

Voyage au centre de la terre Résumé et Analyse

Chapitre 36

Le radeau heurte la rive et Axel peine à comprendre ce qu’il se passe. Il tombe par dessus bord et aurait été réduit en miettes si Hans n’était pas intervenu à temps. Lorsqu’il reprend connaissance, tout est soudainement paisible. Le temps est calme et Lidenbrock a retrouvé le sourire. Il annonce à son neveu qu’ils sont arrivés de l’autre côté de la mer.

Curieux, Axel demande à Lidenbrock ce qu’il compte faire après avoir atteint le centre de la Terre. Comment pourront-ils rentrer chez eux ? Lidenbrock se moque gentiment de son neveu qui pense à la fin du voyage avant d’avoir atteint leur destination, mais il lui assure qu'ils trouveront un nouveau chemin ou qu’ils reviendront sur leurs pas. Hans, qui répare déjà le radeau, a réussi à sauver la plupart de leurs possessions. La boussole et le manomètre sont intacts, mais les armes à feu ont été perdues. La nourriture et l'eau ne devraient pas manquer.

Les hommes se régalent d'un délicieux repas et Axel se demande où ils se trouvent exactement. Lidenbrock pense qu'ils ont parcouru plus de 2 500 miles depuis Reykjavik. Ils utilisent la boussole pour déterminer s'ils se trouvent sous la Turquie ou sous l'Atlantique. L’instrument indique que la tempête les a ramenés sur le rivage qu'ils pensaient avoir quitté pour toujours.

Chapitre 37

Axel observe avec fascination son oncle évoluer à travers une gamme d'émotions, passant par " la stupéfaction, l’incrédulité et enfin la colère. Jamais [il ne vit] un homme si décontenancé d’abord, si irrité ensuite ”. Lidenbrock se dit que tous les éléments se liguent contre lui. Axel tente de faire comprendre à son oncle que toute ambition doit avoir ses limites, mais il est frustré de constater que Hans refuse de prendre parti contre Lidenbrock. Axel sait qu'il ne peut pas résister à leur alliance et se résigne finalement à poursuivre l'exploration.

Cependant, Lidenbrock veut explorer le rivage avant de partir, d’autant plus qu’ils ne sont pas exactement revenus à leur point de départ. Axel décide de l'accompagner et ils se dirigent tous deux vers les parois de la falaise.

Sous leurs pieds, ils découvrent une multitude de coquillages de créatures depuis longtemps décédées. Certains mesurent quinze pieds de long. Axel suppose que l'océan situé au-dessus d’eux a rempli cette mer avant que l’ouverture ne se referme.

Les explorateurs progressent le long du rivage sur plus d’un mille, jusqu’à ce que le paysage change radicalement. Le sol est devenu plus rugueux et est jonché de morceaux de granit, de silex et de dépôts alluvionnaires. Axel compare cette zone à un cimetière où " un cimetière immense, où les générations de vingt siècles confondaient leur éternelle poussière ". Les hommes sont fascinés par ces témoignages de l’histoire de l’évolution. Lidenbrock esquisse un sourire en regardant la voûte au-dessus d'eux. Trouver de telles reliques est aussi précieux que découvrir l’ancienne bibliothèque d'Alexandrie. Il trouve même une tête humaine et regrette que les scientifiques Milne-Edwards et Quatrefages ne soient pas présents à ses côtés pour admirer cette découverte.

Chapitre 38

Axel explique la référence à Milne-Edwards et Quatrefages. En 1863, des ouvriers français ont découvert une mâchoire humaine à 14 pieds sous terre dans une carrière près d'Abbeville, dans la Somme. Cette découverte a fait grand bruit et ces deux chercheurs ont contribué à sa notoriété. Lidenbrock et d'autres chercheurs allemands ont également fait des recherches à ce sujet. Cependant, certains scientifiques doutaient qu'il s'agisse réellement d'un véritable fossile.

Lidenbrock et Axel poursuivent leur marche et tombent sur le corps entièrement préservé d'un homme du Quaternaire. Ils sont stupéfaits, ébahis, devant cet homme qui a vécu il y a cent mille ans. Le corps est intact, les cheveux et les ongles sont conservés. Lidenbrock, fasciné, manipule la relique.

Il adopte un ton didactique, comme s’il donnait une conférence à l’université. Il commence par reconnaître que les découvertes de fossiles ont souvent été exploitées par des imposteurs et des charlatans à des fins sensationnalistes. Cependant, ici, il ne fait pas de doute ici qu’il s’agit bien d’un vrai fossile. Le cadavre mesure moins d'un mètre quatre-vingt-dix, est caucasien et appartient au peuple japhétique sous-continent indien.

Axel applaudit avec enthousiasme. Les hommes remarquent ensuite d'autres corps dans l'ossuaire et se demandent s'il s'agit des restes de personnes qui ont passé toute leur vie sous terre ou si elles sont tombées dans des crevasses alors qu'elles étaient déjà mortes. Se pourrait-il qu'un homme vivant erre dans les parages ?

Chapitre 39

Ils poursuivent leur marche. Une lumière étrange éclaire uniformément leur environnement et il n’y a aucune ombre. Ils tombent sur une impressionnante forêt de l'ère tertiaire, composée de plusieurs variétés d’arbres, de lianes, de ruisseaux et de mousses. À défaut de soleil, les végétaux ne sont pas verts mais bruns. Lidenbrock et ses compagnons s'enfoncent dans les fourrés et voient un troupeau de mastodontes se balader. Axel est effrayé mais son oncle l'encourage à avancer.

Soudain, les aventuriers aperçoivent un homme de douze pieds de haut, qui semble garder le troupeau. Sa stature imposante et son air sauvage incitent Axel et les autres à s'éloigner rapidement. Axel est si surpris qu’il croit à une hallucination.

Sur le chemin du retour, Axel remarque des rochers qui lui rappellent ceux qu’il a vus à Port-Graüben. Il pense ne pas être très loin de leur point de départ. Par terre, ils découvrent un couteau rouillé qui n’appartient à aucun d’entre eux. Ils se disent alors que quelqu’un d’autre a dû passer ici avant eux. Leurs soupçons se confirment lorsqu'ils trouvent une plaque de granit sur laquelle sont gravées les initiales d'Arne Saknussemm.

Chapitre 40

Lidenbrock s'exclame avec enthousiasme devant cette découverte. Axel partage sa joie et ressent à nouveau l’excitation causée par la découverte. Il fait remarquer à son oncle que c’est une bonne chose que la tempête les ait guidés jusqu’ici, car ils n’auraient jamais retrouvé la piste de Saknussemm par eux-mêmes.

Les hommes retournent sur le radeau et reprennent la mer, puis débarquent sur une plage où se trouve l’entrée d’un tunnel. Ils s’engagent dans ce tunnel à pied, mais un énorme rocher bloque leur chemin. Lidenbrock pense que ce rocher avait été déplacé par un séisme après que Saknussemm soit passé par là.

Axel refuse d'abandonner et propose fébrilement d'utiliser de la poudre pour faire exploser l'obstacle. Son plan est accepté.

Chapitre 41

Le lendemain matin, Axel écrit : " À partir de ce moment, notre raison, notre jugement, notre ingéniosité, n’ont plus voix au chapitre, et nous allons devenir le jouet des phénomènes de la terre ”. Les aventuriers installent les explosifs et allument la mèche puis se hâtent de retourner sur le radeau et de prendre la mer pour se mettre à l'abri. L’explosion est monstrueusement puissante et une énorme vague se forme à la surface de la mer. Les trois hommes sont désorientés mais réalisent rapidement que l’explosion avait causé un tremblement de terre et que la mer était en train de se déverser dans l’abîme situé derrière le tunnel, au-delà du rocher. Les voyageurs et leur radeau sont emportés par le courant. Leur mât se brise et la plupart de leurs biens passent par-dessus bord. Il ne reste même plus de quoi subsister une journée à bord.

Le radeau dévale des rapides jusqu’à ce que la pente soit si forte qu’il semble tomber. Les hommes se cramponnent jusqu'à ce que la descente cesse brusquement et qu’une trombe d’eau s’abatte sur eux. Soudain, le radeau se met à monter.

Chapitre 42

Le radeau transportant Axel, Lidenbrock et Hans s'élève à une vitesse d'environ 14 milles à l'heure à travers un puits étroit. Axel est terrifié et craint de mourir écrasé s’il n’y a pas d'ouverture en haut. Lidenbrock reste imperturbable et paraît presque calme.

La température devient de plus en plus forte. Les hommes décident de partager les restes de nourriture et se perdent dans leurs pensées. Axel est inconsolable à l'idée de ne jamais revoir Graüben. Pendant ce temps, Lidenbrock examine les couches de roches qu’ils traversent.

L'eau autour du radeau commence à bouillir et Axel lutte contre la panique. Il voit que l'aiguille de la boussole est devenue folle.

Chapitre 43

L’aiguille de la boussole saute d’un pôle à l’autre et tourne dans tous les sens, ce qu’Axel attribue aux changements de champs magnétiques. Il est terrifié à l'idée que la croûte rocheuse se brise autour d'eux ; les explosions sont fréquentes, la chaleur s'intensifie et la roche se fissure. Malgré cela, Lidenbrock reste serein et confie à son neveu qu'il espère qu’une éruption volcanique les ramènera finalement à la surface.

Les voyageurs continuent de monter presque toute la nuit. Axel a l'impression d'étouffer, plongeant dans des rêves étranges avant de reprendre conscience.

Au lever du jour, les explorateurs constatent qu'ils vont plus vite qu’avant. Ils se trouvent probablement quelque part dans les régions septentrionales. La cheminée rocheuse s'élargit et des flammes crépitent. L’eau a disparu et seule la lave les porte vers le haut. L’éruption est irrégulière, Axel est à peine conscient. Il l’impression d’être un condamné attaché à la bouche d’un canon, attendant que le coup parte.

Chapitre 44

Lorsque Axel se réveille, il est allongé sur le flanc d’une montagne et le soleil lui caresse le visage. Autour de lui, les montagnes sont recouvertes d’arbres verdoyants. Lidenbrock et Hans ont également survécu et se trouvent non loin. Ensemble, ils trouvent des fruits et une source qui apaisent leur faim et leur soif.

Un homme passe à proximité et indique aux aventuriers qu’ils se trouvent sur l’île de Stromboli, au milieu de la Méditerranée : ils sont sortis du cratère de l'Etna.

Les trois compagnons se disent au revoir. Lidenbrock rémunère Hans qui, pour une fois, sourit.

Chapitre 45

Hans, Axel et Lidenbrock cherchent un moyen de rentrer chez eux et prétendent avoir fait naufrage pour que les pêcheurs les aident. Ceux-ci leur donnent des vêtements et des vivres. Ils prennent un paquebot jusqu’à Marseille, puis poussent jusqu’à Hambourg. Marthe et Graüben sont étonnées et ravies de les revoir. Hans rentre à Reykjavik.

Ces péripéties permettent à Lidenbrock d’accéder à une certaine renommée. Il dépose le document de Saknussemm aux archives de la ville et raconte son expédition à tous ceux qui veulent l'entendre. Ses écrits sont traduits dans plusieurs langues et deviennent connus, mais Lidenbrock reste modeste.

Axel et Lidenbrock remarquent que la boussole indique le Nord là où elle devrait indiquer le Sud. Axel explique que durant l’orage sur la mer, la boule de feu a magnétisé tout le métal présent sur le radeau, y compris l’aiguille de la boussole.

Axel épouse ensuite Graüben et devient le plus heureux des hommes.

Analyse

Le personnage d’Axel évolue remarquablement au cours de ces chapitres. Bien qu’il soit encore hésitant par moments, il se rallie finalement au point de vue de son oncle et partage son enthousiasme. C’est même lui qui suggère de faire exploser l'obstacle rocheux plutôt que de rebrousser chemin. En revanche, Lidenbrock reste toujours aussi têtu, passionné et optimiste, malgré un moment de lucidité lorsqu’il réalise qu'ils sont revenus à leur point de départ.

L'un des aspects intéressants du personnage de Lidenbrock est sa vision de la nature. Lorsqu'il réalise que les voyageurs ne sont pas au bon endroit, il s'exclame : " Nous verrons qui l’emportera de l’homme ou de la nature “ (chapitre 37). Cette déclaration est à la fois audacieuse et arrogante, mais aussi insouciante, étant donné que les hommes sont à la merci de la nature. Surtout, il est normal de conclure que la nature l’a emporté face aux hommes. Le plan d'Axel les ramène directement à la surface et ils n'atteignent jamais le centre de la Terre.

Les découvertes scientifiques que font les voyageurs au cours de ces derniers chapitres sont aussi très importantes : le cimetière d'ossements, les mastodontes, le crâne humain, les autres dépouilles et l'homme primitif. Ces trouvailles s’ajoutent à ce qui avait déjà été découvert, comme les formations géologiques dans durant la descente dans le cratère et les observations de la faune et de la flore. Le critique Allen A. Debus se penche sur la dimension scientifique du roman et souligne l'ingénieuse utilisation par Verne d'un scientifique qui a vraiment existé - Humphry Davy - et une autorité fictive - Arne Saknussemm - pour donner aux lecteurs l'impression que ce voyage pourrait réellement être réalisé.

Debus trouve les aspects paléontologiques de l'écriture encore plus captivants, qualifiant le roman de “ voyage à travers la vie “. Les personnages sont comme dans un véritable musée et donnent vie au passé. Les fossiles présagent généralement les spécimens vivants, comme pour les mastodontes. Le fait que les aventuriers remontent l’échelle du temps géologique lorsqu’ils se trompent de chemin est un autre élément de préfiguration.

L’étrange rêve d'Axel au début du livre préfigure également la suite du voyage. Debus explique que ce rêve éveillé comprend des voyages à travers le temps géologique, qui remontent jusqu'à la formation de la planète Terre. La paléontologie est également abordée puisque le lecteur a un aperçu de huit genres de mammifères préhistoriques. Au cours de cette régression à travers les âges, les mammifères sont progressivement remplacés par des reptiles, des poissons, puis des créatures invertébrées. Ce qu’Axel a vu dans son rêve se matérialisera bientôt devant ses yeux.

Debus examine également le rôle de l'évolution dans l'œuvre, concluant que Verne se montre plutôt sceptique à l'égard de ce postulat scientifique. Selon lui, le rêve éveillé d'Axel n'est pas réellement évolutionniste, notamment parce qu’il ne met pas en scène d’hommes de Néandertal. Le berger que les personnages aperçoivent se tient droit, est très éloigné du singe et semble tout droit sorti de leur imagination. Même Axel admet qu’il peut l’avoir imaginé. Debus souligne que Verne n'adhérait pas à l'idée d'hommes-singes primitifs et était tout à fait conscient des débats de son époque sur les théories évolutionnistes. Verne était à la fois en phase avec son époque, en avance sur son temps et pas encore pleinement en accord avec les idées contemporaines. Cette perspective multidimensionnelle contribue à rendre ses œuvres si intéressantes.