Chapitre 28
Axel se réveille et se rend compte qu’il a perdu beaucoup de sang. Il regrette son coup de folie, et commence à perdre de nouveau connaissance. Soudain, il entend un son très fort dont il ignore l’origine. Il entend ensuite des chuchotements et réalise avec soulagement qu’il s’agit des voix de Lidenbrock et de Hans.
Axel parle le long de la paroie de la galerie pour que sa voix porte mieux. Son oncle lui répond de la même manière mais le son est déformé. Ils estiment qu’ils sont à quatre miles l’un de l’autre. Lidenbrock dit à son neveu de descendre, mais la pente est si raide qu’il tombe.
Chapitre 29
Lorsque Axel reprend connaissance, Hans et Lidenbrock sont à ses côtés. Lidenbrock encourage Axel à se rendormir et il obéit volontiers. Lorsqu'il reprend enfin pleinement ses esprits, Axel est désorienté par la lumière et le bruit des vagues et du vent qui l’entourent. Il se demande brièvement si les explorateurs sont remontés jusqu’à la surface, ce qui le remplit de joie.
L'oncle d'Axel lui prépare un repas et répond joyeusement à ses questions. Il lui explique que Hans a pansé ses plaies avec un onguent islandais et qu’elles ont rapidement cicatrisé. Il ajoute qu’il doit se préparer à reprendre la route et qu’ils vont bientôt devoir traverser une étendue d’eau. Axel se demande s’il s’agit d’un lac, d’une rivière ou d’une mer.
Chapitre 30
Axel n’en croit pas ses yeux : devant lui s'étend un océan immense, dont les quelques vagues viennent se briser sur le rivage. Un léger vent souffle et les embruns viennent caresser son visage. La lumière semble émaner d'une source électrique et “ C’était comme une aurore boréale, un phénomène cosmique continu, qui remplissait cette caverne capable de contenir un océan ”. Bien qu’il n’y ait évidemment pas de soleil, le ciel paraît être parsemé de nuages. Axel se demande quel phénomène géologique pourrait expliquer l'existence de cette cavité. Il est tellement ému qu’il perd ses mots.
Lidenbrock invite son neveu à faire une courte promenade, au cours de laquelle Axel remarque que le Hans-bach se jette dans la mer.
Axel voit aussi une grande forêt de champignons géants dont le développement a été favorisé grâce à l’humidité et la chaleur de la caverne. Axel et Lidenbrock observent d’autres spécimens de la flore de l’ère secondaire, l'époque de transition. Axel compare ce paysage à une serre et Lidenbrock, à la vue des os d’animaux qui jonchent le sol, ajoute qu’il s’agit aussi d’une ménagerie. Axel trouve un os de mâchoire de mastodonte et se demande comment les mammifères ont pu pénétrer sous la surface de la Terre. Son oncle rétorque que les os ont été conservés dans un sol sédimentaire qui a pu s’affaisser au fur et à mesure du temps, et donc parvenir à une telle profondeur. Axel devient inquiet à l’idée que certains de ces animaux soient encore vivants. Heureusement, il abandonne rapidement cette idée.
Chapitre 31
Axel demande si les effets du soleil et de la lune peuvent être ressentis à une telle profondeur sous la Terre, et Lidenbrock répond par l’affirmative. Il se demande également sur la distance qui les sépare de l'Islande, et apprend qu'ils se trouvent à 880 milles, soit environ 87 milles sous la surface.
Axel demande à son oncle s'il a l’intention de remonter à la surface, mais le professeur s’esclaffe et lui dit que l'exploration doit se poursuivre. Ils trouveront sans doute une sortie de l’autre côté de l'océan. Lidenbrock estime que la mer en face d’eux est large de 80 milles.
Hans construit un radeau avec du bois trouvé dans la forêt. L’embarcation mesure dix pieds de long sur cinq pieds de large et est solidement attachée avec de la corde.
Chapitre 32
Les hommes chargent les provisions sur le bateau et y grimpent à leur tour. Lidenbrock décide de nommer l'endroit où ils se trouvent Port-Graüben, ce qui touche beaucoup Axel.
Ils perdent de vue la côte et de gros nuages emplissent l'air, diffusant une lumière argentée. Des formations d'immenses algues, longues de mille pieds, recouvrent la surface.
Axel est chargé de tenir le journal de bord et y consigne les événements et observations de la journée. Le vendredi 14 août, il écrit que les aventuriers ont trouvé un poisson pour la première fois. Il ressemble à un esturgeon mais est complètement aveugle. Les voyageurs réalisent alors que la mer pourrait bien être remplie d'espèces fossiles.
Axel se demande s’il va trouver d’autres créatures fantastiques. Il laisse son esprit vagabonder et imagine un paysage rempli d’animaux disparus et d’oiseaux préhistoriques. Son imagination donne vie à un monde chaud et luxuriant, où les siècles s'écoulent rapidement en suivant le cours de l'évolution. Les eaux coulent et bouillonnent, tandis que la vapeur et la chaleur enveloppent la Terre. Fiévreux, Axel entend la voix de son oncle lui disant de ne pas tomber à l'eau.
Chapitre 33
Le samedi 15 août, tout semble fade et monotone. Axel pense encore à son rêve de la veille. Son oncle semble préoccupé et agacé car la mer est bien plus vaste que ce qu'ils avaient anticipé. Lidenbrock se demande s’ils ont bien suivi le chemin indiqué par Saknussemm.
Le lendemain, Axel est toujours aussi impressionnée par la taille de la mer, dont il pense qu’elle pourrait rivaliser avec la Méditerranée ou l'Atlantique. Son oncle tente de sonder le fond de l’eau en attachant un lourd pic à une corde, mais le pic remonte avec mais à leur grande surprise, la barre de métal remonte abîmée. Une gigantesque créature l’a attrapé et y a laissé une marque de morsure.
Le jour d’après, Axel réfléchit aux animaux qui ont peuplé l’ère secondaire et se souvient des reptiles géants qui régnaient sur les mers. Un frisson parcourt son échine en pensant aux squelettes qu’il a vus dans les musées. Il regrette que son oncle ait procédé au sondage, car cela a probablement réveillé une puissante créature.
Le mardi, le radeau se retrouve pris au milieu d'une bataille épique entre un ichtyosaure, un animal aquatique qui ressemble à une baleine, et un plésiosaure, qui ressemble à un serpent. Ces immenses animaux se battent dans l’eau tandis que les hommes luttent pour empêcher leur radeau de chavirer. Finalement, l’ichtyosaure l’emporte sur son adversaire et regagne les profondeurs de la mer.
Chapitre 34
Le voyage redevient monotone, jusqu'à ce que les hommes aperçoivent au loin une gigantesque créature munie d'un évent. La taille de cet animal dépasse l’entendement. Heureusement, les voyageurs réalisent qu’il s’agit en réalité d’une île et que l’évent est un geyser qui jaillit de l’eau. Axel calcule qu’ils ont parcouru 1 550 milles depuis l'Islande et se trouvent désormais sous la Grande-Bretagne.
Après un bref séjour sur l'île, les explorateurs décident qu'il est temps de reprendre la route.
Chapitre 35
Axel sent que le temps est en train de changer. Les nuages, d’abord épais et cotonneux, s’assombrissent. L’air est humide et chargé d’électricité, à tel point que les cheveux d'Axel se dressent sur sa tête. Le vent est tombé et le silence est assourdissant, comme si la nature s’était assoupie. Les voiles sont relâchées, mais Lidenbrock conseille de ne pas les ranger. Il espère qu’une tempête éclatera et les mènera jusqu’à un rivage, quel qu’il soit.
Soudain, dans le vide créé par la compensation, le vent se lève et une tempête éclate. La nuit tombe, de la grêle se met à tomber et de fortes vagues apparaissent. L’orage dure toute la nuit, et le bruit est tel que les hommes n’arrivent pas à se parler. L’air est de plus en plus chaud.
Les trois voyageurs sont épuisés. Ils sécurisent toutes leurs provisions et se protègent de leur mieux. D’un coup, un disque de feu s’abat près du radeau et emporte la voile et le mât. Il manque de peu les hommes. La boule électrique se déplace sur le bateau et perturbe le champ magnétique. Rapidement après, elle explose et le radeau est propulsé à toute vitesse. Axel perd connaissance.
Il recouvre ses esprits le lendemain, et entend le bruit des vagues se brisant contre les rochers.
Analyse
Dans ces chapitres, Verne fait feu de tout bois. Le récit des aventures solitaires et effrayantes d'Axel dans les profondeurs de la Terre est un parangon d'écriture des récits d'aventure, tout comme l'atmosphère effrayante qui précède la tempête qui se déchaîne sur les malheureux voyageurs. Les dangers auxquels Lidenbrock, Axel et Hans ont été confrontés jusqu'alors semblent bien moins périlleux que de se perdre dans des tunnels sans lampe, puis naviguer à proximité de deux monstres marins préhistoriques se livrant à une bataille à mort, et enfin endurer une tempête incroyablement violentes. Le principal danger était auparavant le manque d’eau. Bien que dangereux, il découlait de l’entêtement de Lidenbrock. Ici, les menaces découlent de l'environnement lui-même.
Ces chapitres renferment quelques réflexions intéressantes sur les positions dominantes du XIXème siècle concernant l'évolution et la création. William Butcher analyse ainsi certains des commentaires de Verne. Tout d'abord, Axel écrit à propos de son rêve éveillé " Tout ce monde fossile renaît dans mon imagination. Je me reporte aux époques bibliques de la création, bien avant la naissance de l’homme, lorsque la terre incomplète ne pouvait lui suffire encore (chapitre 32). Pour Butcher, cela montre que Verne essaie de concilier la science et la vérité littérale de Dieu : il admet que la Terre existait bien avant l’homme, mais chaque “ jour ” de la Création correspond à un “ âge ” scientifique. De même, Axel déclare dans le même chapitre “ cette mer ne renferme que des espèces fossiles, dans lesquelles les poissons comme les reptiles sont d’autant plus parfaits que leur création est plus ancienne ”. Ces animaux " ne sont que des réductions affaiblies de leurs pères des premiers âges ”. Butcher explique que ces observations reflètent le point de vue créationniste selon lequel aucune évolution positive n’est possible, mais seulement des détériorations ou des régressions relativement mineures : psychologiquement, cela peut être interprété comme un complexe d'infériorité pré-freudien à l'égard de nos ancêtres.
Ainsi, Voyage au centre de la Terre est une œuvre à cheval sur plusieurs réalités. Le critique Timothy Unwin souligne que le fait que ce texte soit conçu comme une fiction est complexifié par la profusion de détails scientifiques. Il ne s’agirait pas alors de science-fiction au sens d’une écriture spéculative et futuriste, mais d’une fiction scientifique, c'est-à-dire une fiction accompagnée de science, voire dépassée par la science. Verne partage volontiers des connaissances sans se soucier de la narration ; certaines de ses informations ne sont pas utiles à l’histoire. Lors d'une interview en 1902, Verne a affirmé que les romans ne sont plus nécessaires, leur valeur et leur intérêt déclinant. Il considérait que le journalisme était plus à même de transmettre les réalités du monde. Selon Unwin, il est intéressant que Verne n'insiste pas beaucoup sur le développement des personnages. Il conçoit surtout le roman comme un moyen de transmettre des connaissances.
Bien entendu, Verne a tout de même souhaité que son roman soit considéré comme une œuvre de littérature, d’où les références à Virgile et Shakespeare tout au long du récit. Pour Unwin, cela donne l’impression que l’auteur a côtoyé les grands écrivains de l’histoire et de la modernité, tout en tissant sa propre toile à travers la littérature contemporaine.