Il est dix heures et l’exécution approche à grands pas. Le condamné plaint sa fille de trois ans, Marie, qui restera sans père et risque d’être repoussée par les autres à cause de sa condamnation. Il se demande qui l’aimera s’il n’est plus là pour le faire et espère qu’elle s’habituera à sa nouvelle vie d’orpheline. Il se remémore les moments vécus avec elle.
Le protagoniste est pris d’une crise de panique et d’une peur paralysante. Il s’inquiète de la manière dont on meurt sur l’échafaud. Il se souvient avoir aperçu un échafaud lors d’une exécution Place de la Grève et avoir détourné le regard. Le jeune condamné se laisse envahir par l’espoir de la grâce royale.
Le prêtre rend de nouveau visite au condamné et tient un discours vide d’émotion, et de compassion. Il semble peu touché par le sort du prisonnier qui, de son côté, n’apprécie pas sa présence. Il renvoie le prêtre en lui expliquant qu’il préfère rester seul. Il se plaint du manque de compassion des prêtres envers les condamnés. Il ne parvient pas à manger.
Le narrateur est interrompu en pleine introspection par un architecte venu prendre les mesures de sa cellule. Le narrateur comprend que la prison va être rénovée dans six mois. Il n’en profitera pas.
Un autre gendarme vient prendre la relève. Il est brusque, superstitieux et obsédé par la loterie. Il demande au prisonnier de lui rendre visite dans ses rêves après son exécution afin de lui révéler les trois numéros gagnants de la loterie. Le condamné tente de profiter de cette étrange demande : il lui propose de changer ses vêtements avec lui dans le but de s’évader. Le gendarme refuse.
Le narrateur sent la fin approcher et se soulage en se réfugiant dans la douceur de ses souvenirs d’enfance. Il revit les moments passés avec sa petite-amie Pepa, une jolie Espagnole avec qui il a échangé plusieurs baisers au cours d’une soirée qui l’a marquée. Le narrateur tente de se rattacher à la douceur de la vie.
Pour la première fois, le crime du narrateur est évoqué. Il tente de se repentir. Le condamné pense à la vie qui suit son cours et envie les banalités que les gens vivent au quotidien, en ce moment même. Il se souvient du jour où il est allé voir la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le son de la cloche avait fait trembler tout le toit de la cathédrale et le protagoniste avait failli tomber.
Le narrateur fait une description de l’Hôtel de Ville, un édifice sinistre à l’aspect triste lui rappelant la place de la Grève au moment des exécutions.
Analyse :
Dans le chapitre 26, nous sommes à mi-chemin du récit et le condamné craint pour la sécurité de sa fille après son exécution. Cet extrait nous montre la souffrance du condamné dans la solitude. L’emploi de la narration interne permet au lecteur d’accéder aux réflexions intimes du condamné et nous comprenons qu’il souhaite échapper à sa solitude émotionnelle en pensant à sa fille. Victor Hugo utilise de nouveau un registre pathétique afin de susciter de l’émotion chez le lecteur. De plus, la tragédie du sort du condamné démontre ainsi son inévitabilité. En effet, la précision temporelle « encore six heures » accentue la certitude de sa mort. Le contraste entre l’innocence de Marie et la damnation de son père est aussi évoqué par l’antithèse « bien-aimée » et « honte et horreur ». L’incertitude de l’avenir de sa fille innocente est donc le message principal de sa tirade, ce que Victor Hugo dénonce comme une des conséquences affreuses de la peine de mort. L’idée de punir un criminel ainsi que ses proches permet à Victor Hugo de développer un nouvel argument contre le système injuste de la peine de mort. En résumé, en commettant un crime contre la loi, la justice condamne sa fille par la même occasion en la privant de son père. Victor Hugo rend ainsi cette scène pathétique et tragique par la déshumanisation du condamné torturé par les regrets et la culpabilité de manière à dénoncer l’injustice de la peine capitale.
L’enchainement des chapitres 27, 28 et 29 est de nouveau très rapide. Le chapitre 27, le plus long des trois, s’attarde sur l’instrument qui conduit à la mort, la guillotine. C’est le premier chapitre qui lui est entièrement consacré. Les mots choisis par l’auteur montrent le dégout qu’il éprouve pour cet instrument. Dans le chapitre 28, le narrateur plonge à nouveau dans ses souvenirs, cependant cette fois ce n’est pas pour échapper à la réalité, mais au contraire pour illustrer ce qu’il explique dans le chapitre précédent. Ce passage du roman est directement inspiré de la vie de Victor Hugo ayant aperçu la guillotine Place de la Grève. C’est d’ailleurs cette vision qui lui inspira l’idée d’écrire ce roman. Enfin, le chapitre 29 dénote avec les deux précédents. Le narrateur change radicalement de sujet et d’état d’esprit en espérant de nouveau une grâce. Victor Hugo souligne une nouvelle fois l’alternance constante entre espoir et désespoir qui anime le condamné depuis le début du roman.
Dans le chapitre 30, l’auteur nous présente le personnage du prêtre, détaché par rapport à la gravité de la situation. Victor Hugo insinue, à travers ces lignes, que la peine de mort est presque devenue une chose banale, commune pour tous. Le chapitre suivant permet à Victor Hugo d’insister encore plus lourdement sur le fait que la mort n’est plus un acte dramatique. Le condamné, qui est censé vivre un moment essentiel avec le prêtre, est coupé par un architecte qui vient prendre les mesures de la cellule. La situation est quasi surréaliste, un homme qui est plongé dans ses dernières pensées avant d’être exécuté est une chose tellement banale que des travaux viennent faire irruption. La mort ne choque plus personne et n’a plus aucune valeur aux yeux des gens. Seule la personne concernée accorde de l’importance à la mort. Le chapitre renvoie à la même idée : le gendarme, qui devrait avoir de la peine pour le condamné vivant ses dernières heures, ne pense qu’à une seule chose : trouver les trois numéros gagnants de la loterie.
Enfin, durant les chapitres 33, 34, 35, 36 et 37, le prisonnier tente de nouveau d’échapper à la mort. Il alterne entre souvenir d’enfance et description. Il pense à la vie en dehors de la conciergerie qui continue, aux occupations des habitants de Paris. Le narrateur prend du temps pour nous expliquer en détail sa visite de Notre-Dame lorsqu’il était enfant.Il se protège en essayant d’oublier sa condition et chaque pensée qui lui vient à l’esprit permet de fuir un peu plus longtemps la réalité.