Maintenant je suis captif. Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n'ai plus qu'une pensée, qu'une conviction, qu'une certitude : condamné à mort !
À travers cette phrase, Victor Hugo nous ramène à un des thème de son roman, la souffrance morale. Il décrit un prisonnier captif physiquement et spirituellement. L'idée de la mort ne le quitte plus et ne le quittera plus. Il n'a aucun moyen de s'évader, que ce soit physiquement ou spirituellement.
Avant la torture physique, qui est la mort, il y a la torture morale qui prends beaucoup plus de place dans le roman. En effet, la mort est seulement imaginée et appréhendée, on ne la voit pas et on ne nous la raconte pas. Cependant nous connaissons les moindre pensées qui obsèdent le prisonnier.
La mort est avant tout une torture morale.
Qu'est-ce que la douleur physique près de la douleur morale !
Cette citation renvoie directement à la première citation. Victor Hugo n'alerte pas seulement les français à propos de la peine de mort, mais aussi à propos des conditions de vie en prison. Le prisonnier vit dans une cellule de 2 mètres carré sans fenêtre, pour Hugo, c'est ça la vraie torture.
Nous voyons que dans ce roman, le prisonnier parle la majorité du temps de sa souffrance morale, comme si la mort était secondaire. L'acte de la peine de mort en lui-même n'est évoqué que quelques fois dans le roman.
Victor Hugo écrira Claude Gueux en 1834, dans ce roman, il se concentra sur les conditions de détentions des prisonniers français.
Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis.
Cette citation qui intervient en début de roman, peu de temps après que le prisonnier apprenne sa sentence. Elle nous fait croire que le prisonnier est déjà résigné, qu'il accepte son sort et qu'il n'essayera pas de sauver sa peau. Tout au long du roman, il sera prit entre résignation et lutte.
Cependant, à ce moment du roman, il se rassure en se disant que tout le monde finira bien par mourir.
Au détour du pont, des femmes m'ont plaint d'être si jeune.
Cette phrase intervient lors du transfert du prisonnier de la prison vers la conciergerie. Elle permet à Victor Hugo d'appuyer son propos contre la peine de mort.
En effet, dans ce roman où la foule est décrit comme avide de sang et ne demande qu'une chose, le spectacle de la guillotine des femmes, venues assister au "spectacle", plaignent le narrateur. Hugo laisse entrevoir un changement de mentalité au sein de la société française.
Le fait qu'il soit jeune leur donne un sentiment de pitié alors que c'est le simple fait qu'un homme va mourir qui devrait leur donner ce sentiment.
La combinaison de ces dix lettres, leur aspect, leur physionomie est bien faite pour réveiller une idée épouvantable, et le médecin de malheur qui a inventé la chose avait un nom prédestiné.
Cette phrase est une paraphrase que le prisonnier emploi pour ne pas employer le mot guillotine, comme s'il était maudit.
Il fait aussi référence à Joseph-Ignace Guillotin, né le 28 mai 1738 à Saintes et mort le 26 mars 1814 à Paris, médecin et homme politique français. Il est connu pour avoir fait adopter, sous la Révolution française, la guillotine comme mode unique d’exécution capitale, il en est aussi l'inventeur.
La porte du tombeau ne s'ouvre pas en dedans.
Avec cette phrase, le prisonnier se rend compte qu'il n'y aura plus de retour possible après la guillotine, c'est à partir de ce moment qu'il va de nouveau espérer une grâce royale car c'est son seul recours. Victor Hugo tente à nouveau de redonner une dimension dramatique à la mort, même un homme aux pieds de l'échafaud garde l'espoir d'échapper à sa sentence.
La mort d'un homme n'est pas seulement un spectacle, c'est un acte lourd de conséquences.
L'écrivain pose une question implicite durant ce roman : qui sommes nous pour avoir le pouvoir de vie ou de mort sur un homme ?
Cette phrase intervient au moment où le condamné apprend sa sentence. Bien que cette dernière soit attendue et préférée aux travaux forcés, cela reste un choc pour le prisonnier. Le terme révolution est un terme fort car il est généralement employer afin de parler de la rotation de la Terre sur elle même, dans ce contexte elle permet de sous-entendre que le monde entier du prisonnier vient de s'écrouler. Ce terme renvoie aussi à la Révolution française, encore récente au moment du roman, événement qui entre autre, a rendu tristement célèbre la mort par la guillotine.
Dans le dernier jour d’un condamné, la thèse de ceux qui jugent et qui condamnent est que pour un condamné à mort il n’y a rien avant, rien après. Pour eux, la mort par décapitation est une fin douce, le condamné à mort ne souffre pas. Dans cette phrase, Victor Hugo veut montrer le mal fondé de cette thèse. Il montre que pour un condamné il y a beaucoup avant et beaucoup après, et que c’est seulement pour ce qui jugent qu'il n'y a rien avant, rien après.
Quand ma tête aura été coupée, qu'est ce que cela me fait qu'on en coupe d'autres ?
Cette phrase intervient pendant que le prisonnier se trouve dans sa cellule à Bicêtre, il a l'idée d'écrire son récit dans le but d'éviter que d'autres prisonniers soient condamné à mort.
Il a ensuite un raisonnement égoïste, vu que sa vie va s'arrêter, il se fiche de celle des autres. Ce qui partait d'un sentiment altruiste et qui allait dans l'intérêt commun s'est transformé en sentiment individualiste.
Cela met en parallèle le point de vue que Victor Hugo a de la société, tout ce qui concerne quelqu'un d'autre ne les concerne pas, alors à quoi bon lutter contre la peine de mort s'ils n'y sont pas condamné ? Ils oublient que la loi est la même pour tous et que ce qui arrive à ce condamné pourrait leur arriver à eux aussi si la loi ne change pas.
Cette citation illustre l'incapacité des citoyens à se mettre à la place du prisonnier, entrainant leur manque de compassion à son égard.
Je n'ai plus que trois pas à faire : Bicêtre, la Conciergerie, la Grève.
Cette citation est construite en trois temps: Bicêtre, la Conciergerie et la Grève. Elle renvoie directement à la structure du roman qui est construit de la même manière.
Le prisonnier résume ses cinq dernières semaines à trois petits pas qui le conduisent à la mort.