Le Dernier jour d'un condamné

Le Dernier jour d'un condamné Résumé et Analyse

Le roman s’ouvre sur un monologue interne du narrateur, un prisonnier, vivant depuis cinq semaines avec l’idée de la mort. Il se rappelle son passé empreint de liberté, mais n’a de cesse d’être hanté par sa condamnation à mort. Quoi qu’il fasse, cette pensée l’obsède.

Le narrateur fait ensuite un retour dans le passé et nous raconte le jour de la proclamation de sa condamnation à mort à l’issue de son procès. Il nous en donne quelques détails et décrit les juges, les jurés, la salle d’audience ainsi que l’atmosphère y régnant. Le procès a duré quatre jours et a accueilli un grand nombre de spectateurs. Le narrateur nous confie ses impressions et ses sentiments, notamment son inquiétude et sa terreur face à la mort l’empêchant de dormir. Lors de la dernière journée de son procès, le prisonnier croise les douze jurés en se rendant dans la salle des Assises. Enfin, la sentence tombe et tout s’écroule pour le prisonnier.

Le condamné semble accepter la sentence et se livre, sous la forme d’un monologue interne, à une réflexion sur le bien-fondé de sa condamnation à mort. Il semble ne pas regretter cette vie où chaque homme est condamné à une mort indéfinie. Il pense à tous ceux qui sont morts avant lui sur la place de la Grève, et tente de se rassurer malgré le sentiment d’horreur qui l’habite.

Le prisonnier monte ensuite dans une voiture pour être transféré à la prison de Bicêtre. Lorsqu’il y arrive, il nous fait la description d’un lieu hideux aux airs de forteresse royale.

Le narrateur nous parle ensuite de son arrivée à la prison de Bicêtre et nous raconte la délicatesse avec laquelle il est traité dans les premiers temps avant d’être traité avec brutalité, comme un détenu ordinaire. Il nous fait part de son quotidien en détention et de ses relations avec les autres prisonniers et le personnel.

Au cours d’un long monologue interne, le prisonnier nous dévoile sa décision de mettre ses pensées et son histoire à l’écrit. L’écriture devient un exutoire à sa vie monotone et terne à l’intérieur de la prison. Il écrit pour se distraire, communiquer ses souffrances intérieures, les transmettre et faire abolir la peine de mort.

Le prisonnier remet ensuite sa démarche en question. Il a l’espoir qu’un jour, quelqu’un s’intéresse à son cas et le sauve. Néanmoins, l’idée de sa condamnation continue de l’obséder.

Analyse

Dans le premier chapitre qui constitue également l’incipit de notre roman, Victor Hugo nous présente une cohabitation, presque physique, entre le prisonnier et l’idée de la mort.L’attente du prisonnier sans sa cellule est interminable et cette idée est renforcée dans le texte par l’emploi d’un présent de narration et de l’adverbe de durée « toujours ». Sa solitude est également soulignée à plusieurs reprises. Victor Hugo nous présente ici le condamné comme un homme ordinaire, contraint de cohabiter avec la mort et confronté à cette fatalité tragique qui le hante et l’obsède. Son esprit tout entier est tourné vers la mort qu’il compare à un spectre de plomb pesant constamment sur ses épaules. Enfin, la mort est personnifiée par le narrateur qui la décrit comme « seule et jalouse » ou faisant « face-à-face » avec lui.

Dans le deuxième chapitre, le condamné nous raconte le moment du verdict prononcé par le juge et la foule. Victor Hugo parvient, à travers cet extrait, à retranscrire l’impuissance du condamné à mort devant la violence de la peine que le monde extérieur lui inflige. Il nous présente le condamné comme subissant le procès dont il est pourtant le sujet principal. Le narrateur semble passif devant les événements, n’est pas sollicité par ses accusateurs et ne semble pas en état de comprendre ce qui se déroule. Son attitude ressemble plutôt à celle d’un observateur silencieux. Cette attitude passive du narrateur est visible à travers le champ lexical relatif à la passivité avec le terme « absence », « rien », « manqua », « écoutai » ou « me lut ». Le condamné éprouve également une certaine impuissance à s’exprimer qui se traduit par des formules verbales restrictives telles que : « rien ne me vint », « je voulus » ou encore « je ne pus que ». En contraste, le rythme saccadé des phrases brèves renvoie cependant aux émotions fortes qui animent le narrateur. Le narrateur se trouve dans une posture d’incompréhension et d’incertitude. S’opère alors une scission entre deux mondes : celui du narrateur et celui des personnes qui l’entourent. Cette séparation est matérialisée par le narrateur grâce à l’image de la clôture. Victor Hugo exprime ici tout l’enjeu d’une condamnation à mort : le condamné, isolé, ne fait déjà plus partie du domaine des vivants. Victor Hugo met en place, dès le début de son roman, une opposition fondamentale qui ponctue l’ensemble du récit : celle de deux mondes, imperméables l’un à l’autre : l’intériorité du condamné sonné et terrifié par les événements et le monde qui l’entoure peuplé d’individus se réjouissant de sa condamnation ou étant indifférents à sa souffrance.

Le troisième chapitre offre aux lecteurs un accès aux pensées les plus immédiates et, par définition, spontanées du narrateur grâce à l’usage du procédé narratif du monologue interne. Il est animé de pensées contradictoires oscillant entre acceptation de son sort funeste et horreur face à la pensée de la sa mort. Cette agitation interne est rendue dans le texte par l’usage de questions rhétoriques marquées par l’anaphore du mot « combien ». Le balancement entre espoir et désespoir animera ensuite le narrateur de chapitre en chapitre.

Dans le quatrième chapitre, Victor Hugo met en place le cadre de son récit. Il s’attache à rendre les détails sordides de la prison dans laquelle le condamné est incarcéré. Il use du registre réaliste afin de présenter le cadre atroce de la prison et le quotidien de tous les prisonniers. La description de ce lieu triste et sans âme peut être ici comprise comme un reflet de l’état d’esprit du narrateur.

Dans ce chapitre cinq narrant l’arrivée du prisonnier à Bicêtre, Victor Hugo donne au lecteur les informations essentielles au récit, mais conserve l’anonymat du condamné. En effet, son nom nous est inconnu tout comme la raison de sa condamnation. Il favorise ainsi l’identification du lecteur au narrateur et confère une dimension plus universelle à son témoignage.Le condamné fait le récit de sa vie à la prison, jour après jour en opérant plusieurs ellipses temporelles. Ce procédé narratif permet à Victor Hugo, à la fois de conférer une plus grande vraisemblance au récit, mais aussi de ne présenter que les éléments essentiels à celui-ci. Le texte se rapproche alors, dans sa forme, du genre du journal. Lors de la confrontation entre le narrateur et les autres prisonniers, Victor Hugo mélange les niveaux de langue, tantôt soutenu, courant, familier, notamment grâce à l’usage de l’argot. Nous pouvons aussi voir que l’auteur mélange les styles d’écriture, en passant de la prose à l’oral.

Les chapitres six et sept nous montrent le choix de Victor Hugo d’établir un journal afin de renforcer le lien d’intimité entre le narrateur et le lecteur qui se trouve alors au plus proche des pensées du narrateur. Dans ces chapitres, la souffrance du prisonnier est mise en avant grâce à l’emploi du registre pathétique et de nombreuses ponctuations exclamatives. À travers ce passage, Victor Hugo évoque en réalité les objectifs de l’écriture. Ici, il s’agit pour le narrateur de défendre une idée, mais aussi de compenser sa solitude et son désespoir en racontant son histoire. Le narrateur, doutant de sa capacité à écrire, peut alors être interprété comme une image de l’angoisse de l’écrivain. Ce chapitre illustre enfin, de nouveau, l’alternance constante entre espoir et désespoir, lutte et résignation.

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