Cette partie traite d’un rêve récurrent de Dora. Dans son rêve, son père se réveille car la maison est en feu. Elle s’habille en hate pour quitter leslieux, mais sa mère veut qu’elle récupère sa boîte à bijoux avant de fuir. Le père de Dora s’exclame qu’il ne laissera pas ses deux enfants ni lui-même mourir pour sauver la boîte à bijoux de sa femme. Dora ne se rappelle pas la première fois qu’elle a fait ce rêve mais elle se souvient de l’avoir fait trois d’affilée à « L__ » (le lac où elle a eu lieu l’incident avec Herr K.).
Dora raconte à Freud un récent événement peut être en lien avec son rêve. Son père a eu une dispute avec sa mère car elle avait fermé à clé la salle à manger la nuit. La seule manière pour se rendre à la chambre de son frère est par la porte de la salle à manger, et son père craignait qu’il ne soit enfermé à clé en cas d’urgence. Après avoir dit cela à Freud, Dora se rappelle qu’avant d’arriver à L__, son père disait qu’il était inquiet de séjourner dans une maison en bois qui pourrait prendre feu.
Freud est certain que le rêve est relié à l’incident avec Herr K., mais il veut savoir pourquoi Dora n’a pas fait ce rêve toutes les nuits à L__. Il se passa quatre nuits après l’incident avec Herr K., mais Dora ne peut se rappeler d’avoir fait ce rêve que trois fois. Elle ignore la question de Freud et lui raconte une autre chose survenue à L__. Un jour, lorsqu’elle faisait la sieste, elle se réveilla avec Herr K. debout à côté d’elle. Elle lui demanda ce qu’il faisait là, et il répondit qu’il ne s’arrêterait pas de venir dans sa chambre si ça lui chantait. Dora était inquiète du comportement de Herr K. et demanda à Frau K. la clé de la chambre pour qu’elle puisse s’enfermer quand elle s’habillait. Elle ferma la chambre à clé dès le lendemain, mais quand elle voulut la fermer de nouveau l’après-midi, elle découvrit que la clé manquait. Dora était convaincue que c’était Herr K. qui l’avait prise.
Freud interrompt son analyse du cas de Dora pour aborder sa théorie des rêves. Selon lui, les rêves sont la réalisation de désirs inconscients. A cause de la censure, le contenu du rêve est déguisé et doit être interprété pour atteindre son sens. Freud reconnait qu’il y a des exceptions à la théorie de la réalisation des désirs dans les rêves. Dans le cas de Dora, ses rêves apparaissent comme la continuation de pensées diurnes.
Après avoir traité largement des rêves, Freud examine la signification de la boîte à bijoux. Il y a deux informations notables la concernant. Premièrement, Dora dit à Freud que sa mère aime beaucoup cette boîte à bijoux, et également qu’elle désirait recevoir des boucles d’oreilles en perle comme cadeau. Au lieu de lui donner ces boucles d’oreilles, le père de Dora lui offrit un bracelet. Elle se mit en colère contre lui qui avait ignoré son souhait et refusa d’accepter le cadeau. Deuxièmement, quand Dora raconte à Freud cette anecdote, il affirme qu’un geste en retour aurait été approprié. Il souligne aussi que le mot « boîte à bijoux” en argot désigne les parties génitales féminines. Dora reconnaît avoir déjà entendu ce terme, signifiant qu’elle pressentait que Freud allait faire référence à son contenu sexuel.
A ce moment-là, le sens du rêve de Dora devient clair pour Freud. Dora était inquiète que la « boîte à bijoux » soit en danger à cause de Herr K__., et que si quoi que ce soit arrivait, ce serait la faute de son père. Dans ce rêve, elle exprime tous ses sentiments en leur contraire. Elle créa une situation dans laquelle son père la sauvait d’un danger. Son père se tenant près de son lit imite Herr L.. Freud pense que son rêve concerne en fait l’attirance envers Herr K.. Alors que sa mère refusa d’accepter le bijou de son père, Dora réprimait le sentiment de dette envers Herr K. pour la boîte à bijoux. En d’autres termes, Dora refoulait son attirance sexuelle pour Herr K..
Freud s’intéresse à la partie du rêve de Dora concernant «un accident qui pourrait arriver » dans la chambre de son frère, qui serait obligé de l’évacuer. Freud affirme qu’un rêve met souvent en lien un souvenir d’enfance et les événements du présent. Il pense que la préoccupation de Dora à un accident révèle quelque chose d’important sur son passé. Après l’avoir interrogée, Dora révèle qu’elle mouillait son lit à un âge tardif.
Freud est ravi de son interprétation du rêve de Dora, mais elle ajoute de manière surprenante une nouvelle information qui complique l’analyse. Elle lui dit qu’en se réveillant de son rêve, elle sent de la fumée. Ceci mène Freud à la conclusion que le rêve a un lien particulier avec lui. Freud, Herr K. et le père de Dora sont des « fumeurs passionnés », un point sur lequel Dora est d’accord. Elle avait également fumé à L__, Herr K. avait roulé une cigarette pour elle avant de lui faire des avances. Freud pense que la fumée représente le désir d’être embrassée par un homme, qui dans le cas d’un fumeur inclut l’odeur de la fumée. Il croit que Dora est traversée par la pensée de l’embrasser et durant sa psychothérapie, elle commença a développer des sentiments envers lui. Il se réfère au concept de transfert, des désirs inconscients redirigés d’une personne à une autre, dans le cas présent le thérapeute.
Freud revient à l’énurésie de Dora et à sa relation avec son père. Il affirme que la plupart du temps, leur cause est la masturbation et Dora admet qu’elle se masturbait enfant. Elle confesse aussi qu’elle avait connaissance que la maladie de son père était sexuellement transmissible et suspectait qu’il aurait infecté sa mère et possiblement elle aussi par hérédité. Freud note que Dora doit avoir confondu la gonorrhée qui est contagieuse avec la syphilis qui est héréditaire. Avec beaucoup de respect, il apprend à Dora qu’elle est affectée par un catarrhe, un épanchement de pus et de mucus, causé par une inflammation des muqueuses. Freud pense que derrière l’accusation émise contre son père de l’avoir infecté, se cache une forme d’auto-accusation. Selon Freud, elle croit que la cause de l’écoulement est sa masturbation.
Analyse
Freud pense que l’interprétation des rêves est cruciale à la compréhension et la guérison de l’hystérie. Selon lui, la plupart des rêves cherchent à réaliser un désir. Cela est mis en évidence dans les rêveries diurnes, dans lesquelles une personne peut imaginer la réalisation d’un projet à long terme ou de changer sa situation financière. Dans certains rêves, le désir est transparent. Par exemple, une personne qui va se coucher affamée va peut être rêver d’un buffet somptueux. Cependant, dans les rêves des profondeurs de l’inconscient, le désir est caché.
Freud pense que l’unique manière de découvrir le désir qui motive un rêve, est de laisser le patient associer librement aux éléments du rêve. Au cours de l’asssociation libre, le patient dit ce qui lui passe par l’esprit. En laissant Dora parler de son rêve et puis des évènements auquel le rêve lui fait penser, Freud vise à créer une chaîne d’association qui amènera au désir inconscient.
Dans la théorie des rêves de Freud, les événements recouvrés du rêve forment son contenu manifeste. Le désir caché est le contenu latent. Une instance mentale que Freud nomme la censure convertit le contenu latent en contenu manifeste. La censure est responsable de l’interdiction des désirs qui pourraient être dangereux (c’est-à-dire les désirs qui vont à l’encontre des attentes sociales ou qui sont perçues comme immorales).
La censure distord le contenu latent d’un rêve par la condensation et le déplacement. Parla condensation, une chaîne entière d’événements est compressée en une seule image ou symbole. Dans le rêve de Dora, la boîte à bijoux révèle des histoires qui concernent sa mère, son père et Herr K.. Par le déplacement, un symbole ou une personne du rêve remplace un/une autre. Freud pense que le père de Dora debout près de son lit représente en fait Herr K..
Le premier rêve de Dora mène aussi au concept de la symbolisation dans le rêve. Dans ses études sur les rêves, Freud découvre que certains symboles, particulièrement sexuels, pourraient être interprétés de manière fiable et ainsi permettrait d’élucider le contenu latent d’un rêve. Les objets longs et protubérants représentaient le pénis et les objets en creux le vagin.
Dans ce même rêve, Freud pense que la boîte à bijoux symbolise l’organe génital de la femme. A travers cette association, il conclut que Dora pensait faire un cadeau en remerciement pour la boîte bijoux que Herr K. lui avait donné, autrement dit qu’elle aurait dû avoir une relation sexuelle avec ce dernier.
Même si Freud reconnait le pouvoir des symboles dans l’interprétation des rêves, il réalise aussi le danger potentiel qu’un psychanalyste projette ses propres fantasmes sur le rêveur. Il y a une référence à cette éventualité quand Dora est clairement en désaccord avec l’analyse de Freud sur son rêve. Justement, Dora semble être consciente des conclusions que Freud va lui proposer et elle lui dit qu’elle savait qu’il ferait référence à l’allusion sexuelle de la boîte à bijoux.
Cette partie de l’étude de cas laisse aussi entrevoir au lecteur le processus psychologique que Freud appelle le transfert. Le transfert a lieu quand le patient redirige de forts sentiments ou désirs sexuels envers quelqu’un vers le thérapeute au cours d’une psychanalyse. Même si le transfert semble inhiber le travail du psychanalyste, Freud trouve qu’il peut aussi aider le traitement des névroses. Les patients pourraient en venir à une compréhension de leurs réactions émotionnelles envers leur thérapeute et plus tard faire le rapprochement avec les personnes qui ont induit ces sentiments à l’origine.
Le fait que Dora sente la fumée au réveil de son rêve mène Freud à penser que Dora a développé des sentiments pour lui. La fumée relie son père, Herr K. et Freud, parce qu’ils sont des fumeurs invétérés. Freud conclut que si la fumée représente le désir d’embrasser un homme, Dora doit avoir aussi eu le désir de l’embrasser.