Freud publie Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie en 1905, quatre ans après avoir achevé sa dernière version. Il retarda la publication par crainte d’altérer la réputation de ses patients et de sa famille. Son appréhension est tangible notamment dans « Remarques/commentaires introductives » {vérifier le sommaire "Prefatory Remarks"] de l’étude de cas, et sa préoccupation à l’égard de la vie privée de Dora se traduit par l’usage de pseudonymes à la place des noms.
Malgré les efforts de Freud pour dissimuler son identité, on sait que Dora était une jeune fille de dix-huit ans, nommée Ida Bauer, venue consulter Freud sous l’insistance de son père. Elle souffrait de nombreux symptômes d’hystérie féminine, incluant des périodes d’aphonie, des quintes de toux et une dépression. Freud travailla avec Dora pour soulager ses symptômes durant plusieurs mois avant qu’il arrête soudainement le traitement à la fin de 1900.
L'étude de cas était donc un fragment et non une œuvre aboutie, un point que Freud souligne à plusieurs reprises dans le texte. Même s’il n’atteint pas les attentes de Freud, Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie, rassemble les théories les plus importantes des débuts de sa carrière, exposant ses idées sur l’hystérie, l’inconscient et les rêves. Freud publia sa plus grande œuvre en 1900, L’Interprétation des rêves. C’est dans ce livre qu’il met en exergue l’importance dans l’analyse du rêve de la compréhension des processus mentaux inconscients. Ce travail introduit aussi le concept du Moi et du complexe d’Œdipe. Son influence est ainsi grandement ressentie dans l’étude de cas de Dora.
Freud commença sa recherche dans l’hystérie et la psychanalyse avec Joseph Breuer. Freud collabora avec lui sur le cas d’Anna O., une jeune femme de vingt et un an, ayant reçu une bonne éducation, qui présentait des symptômes hystériques. Le cas d’Anna conduit à la méthode psychanalytique de l’association libre et la découverte du transfert. Freud et Breuer publièrent leurs découvertes issues de ce cas ainsi que d’autres dans Etudes sur l’hystérie en 1895.
C’est à travers ces premières interactions avec les hystériques que Freud découvrit que les symptômes hystériques étaient souvent le produit d’un traumatisme sexuel, vécu durant la prime enfance. Même si cela est peu étudié de nos jours, ce travail fournit la base des fondamentaux que Freud explora dans Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie.
Aujourd’hui, Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie reste une des œuvres des plus éclairantes et des plus controversées. D’un côté, cela démontre l’habileté de Freud à plonger dans les profondeurs de l’inconscient et d’en ramener des pensées cachées à la surface. D’un autre côté, la tension entre le patient et l’analyste est palpable et mène le traitement à une fin prématurée.