Dans ses “Avant-propos » Freud donne un bref aperçu de sa recherche méthodologique et répond à quelques lecteurs ayant émis des réticences sur ses conclusions. Freud considère d’abord que les secrets les plus intimes de ses patients ne devraient pas être publiés sans leur consentement. Il reconnait que la plupart d’entre eux ne s’engageraient pas dans une thérapie psychanalytique s’ils supposaient que la confidentialité pourrait être trahie. Il convient également que le psychanalyste devrait mettre tout en œuvre pour protéger son patient. Cependant, Freud avance que le psychanalyste doit concilier les besoins du patient avec les besoins de la science. Il suggère qu’il a comme mission de partager ses découvertes pour le bien des patients qui souffrent du même trouble. Il espère qu’ils pourront bénéficier de l’étude de ces symptômes, de leurs causes et résolutions.
Freud entre ensuite dans le traitement de la sexualité dans cette étude de cas. Il affirme que les « causes des troubles hystériques se trouvent dans l’intimité de la vie psycho-sexuelle des patients ». Etant donné l’importance de la sexualité dans les comportements névrotiques, Freud argumente qu’une franche discussion sur la sexualité est nécessaire dans cette étude de cas.
Freud insiste ensuite sur l’importance de l’analyse des rêves pour révéler l’inconscient. Freud croit que l’interprétation des rêves est particulièrement appropriée pour clarifier les symptômes hystériques. Ainsi, Freud explique que l’analyse des rêves a constitué un pilier fondamental pour cette étude de cas et ajoute que le lecteur devrait prendre conscience de ce système d’interprétation des rêves tel qu’il est présenté dans L’Interprétation des rêves.
Finalement, Freud veille à gérer les attentes de ses lecteurs. Car comme « Dora » est l’ étude de cas d’une seule personne, Freud admet qu’il ne peut donner une compréhension complète de l’hystérie. Même l’étude de cas elle même est un fragment, alors que Dora abandonne son traitement avant d’être guérie. Freud dit que certains lecteurs seront sûrement surpris que les symptômes hystériques de Dora ne soient pas résolus durant les trois mois de la durée de son traitement. Il attribue ce retard à des changements dans sa technique psychanalytique. Alors qu’auparavant il partait des symptômes du patient (de la patiente), travaillant jusqu’à ce que chacun d’entre eux soit traité, permettant au patient dans cette étude de cas de déterminer le cours de sa thérapie. Il qualifie sa technique « association libre », dans laquelle le patient dit tout ce qui lui vient à l’esprit, permettant aux pensées inconscientes d’émerger à la surface.
Analyse
Dans son “Avant-propos » Freud relève les préoccupations à propos de la confidentialité et la vie privée entre patient et docteur, deux questions qui pesaient lourdement sur son esprit. Freud a attendu quatre ans pour publier Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie, en partie par peur de divulguer les secrets de sa patiente et d’entacher sa réputation. Dans cette première question, Freud reconnait sa responsabilité sur le respect de la confidentialité patient-docteur, mais explique qu’il fera bénéficier toutes les hystériques en publiant le cas de Dora. Freud fait tous les efforts nécessaires pour protéger l’identité de Dora, d’où l’usage de pseudonymes et de faux noms.
Freud essaye aussi d’expliquer son traitement autour de la sexualité dans ce cas d’étude. Dans la majeure partie de l’Europe au tournant du siècle, l’idée qu’un homme d’âge mûr parle à une fille de dix huit ans à propos de sexualité était considérée comme extrêmement indécente. Freud affirme que le sexualité joue un rôle fondamental dans le développement de symptômes hystériques, un point qu’il relève d’abord dans ses Etudes sur l’hystérie, publié en 1895. Il soutient donc qu’une discussion franche sur la sexualité est nécessaire pour trouver un remède, et souligne qu’il n’a aucune visée lubrique dans cette étude de cas.
En plus de souligner l’importance de la sexualité du sexe, Freud explique que la valeur de l’analyse d’un rêve en psychothérapie. Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie corrobore les nombreuses constations faites dans L’Interprétation des rêves. Dans cette œuvre, Freud nomme la fameuse interprétation des rêves « la voie royale qui mène aux processus mentaux inconscient ». Selon Freud, tous les rêves cherchent à réaliser un souhait inconscient. Ainsi pour le psychanalyste, habilité à démystifier leur contenu, les rêves offrent une opportunité incroyable de plonger dans l’inconscient du patient.
