Dora : Fragment d’une analyse d’hystérie est une étude de cas que Freud écrit à propos d’une jeune fille de dix-huit ans. Dora, dont le vrai nom n’est pas divulgué par Freud, souffre d’une variété de symptômes hystériques, dont une dyspnée (difficultés respiratoires), aphonie (perte de la voix), une toux nerveuse et des maux de tête. Son père l’emmène en traitement psychothérapique chez Freud, quatre ans après l’avoir lui-même consulté pour une attaque de paralyse. Freud pense que le cas de Dora est plutôt ordinaire dans le domaine connu de l’hystérie. Dora souffre des symptômes physiques les plus habituels (difficultés respiratoires, toux nerveuse, perte de la voix et migraines) ainsi que les symptômes mentaux les plus communs (dépression et comportement asocial). Même si Freud considère ce cas comme peu passionnant, il considère que l’analyse d’un cas ordinaire d’hystérie sera des plus utiles pour approfondir les connaissances sur ce trouble.
Freud théorise que les symptômes hystériques prennent racine soit dans un trauma psychologique soit dans un problème dans la vie sexuelle du patient. Durant la psychothérapie, Freud écoute le récit du passé de Dora et de sa situation familiale pour accéder à la cause des symptômes hystériques. La famille proche de Dora consiste en ses deux parents et un frère aîné. Enfant, elle était particulièrement attachée à son père qui était responsable de son éducation, et elle s’attacha encore plus à lui pendant sa lutte contre la tuberculose. Pour soulager son trouble pulmonaire, la famille s’installe dans une petite ville au climat doux, que Freud appelle « B__ » pour protéger l’identité de sa patiente. Pendant cette période dans cette ville, le père de Dora devint ami proche d’un couple marié, Herr and Frau K. Dora développe une forte amitié avec Herr K. qui souvent l’accompagnait en promenade et lui offrait des cadeaux de temps en temps. Cependant, une tension s’installa dans leur relation après que Dora ait confié que Herr K. lui avait une proposition indécente pendant une de ces promenades. Dora raconta à son père l’incident, mais Herr K. nia que ceci avait eu lieu. Son père jugea qu’elle avait imaginé cette scène, au grand désarroi de Dora.
Freud considère que cette expérience était suffisamment traumatisante pour avoir favorisé l’hystérie de Dora, mais ne l’explique pas complètement. Dora raconte à Freud un épisode précédent avec Herr K. Celui-ci organisa une fois une rencontre seul à seule avec elle dans son bureau et l’embrassa par surprise. Dora fut dégoutée par ce que Herr K. avait fait, mais Freud trouva cela bizarre que Dora fut tant rebutée par cette expérience qui, selon son opinion, aurait dû susciter une excitation sexuelle. Freud argumente que cette aversion d’affect prouve que Dora est hystérique. A cause de ces rendez-vous avec Herr K., Dora presse son père à interrompre les relations avec le couple. Cependant, son père se sent particulièrement redevable à Frau K., qui a pris soin de lui pendant sa maladie, et refuse de mettre fin à son amitié avec elle. Dora devint de plus en plus amère à cause des relations de son père avec Frau K., qu’elle soupçonnait d’avoir une relation amoureuse avec lui.
Après avoir discuté au sujet du passé de Dora, Freud se concentre sur deux des rêves qu’elle a faits. Selon Freud, les rêves sont la réalisation de désirs inconscients. A cause de la censure, le contenu des rêves est déguisé et doit être interprété pour obtenir sa signification. Dans son premier rêve, le père de Dora la réveille parce que le maison est en feu. Dora s’habille en hâte pour fuir la maison, mais sa mère veut qu’elle aille lui chercher sa boîte à bijoux avant de partir. Le père de Dora s’exclame qu’il ne mourra pas ni ne laissera ses deux enfants périr pour sauver la boîte à bijoux de sa femme. Freud pointe la « boîte à bijoux » comme un vocable aussi utilisé en argot pour le vagin et il commence à interpréter depuis cette observation. Selon Freud, Dora était inquiète que sa « boîte à bijoux » soit en danger à cause de Herr K. et si quoi que ce soit arrivait ce serait à cause de son père. Dans le rêve, elle exprime ses sentiments dans leur opposition. Elle a créé une situation dans laquelle son père la sauvait d’un danger. Se tenant debout à côté du lit, il imite Herr K.. Freud pense que ce rêve traite véritablement de son attirance pour Herr K.. Alors que sa mère refusait d’accepter le bijou en cadeau du père, Dora réprimait le sentiment qu’elle devait donner à Herr K. une compensation en retour de la « boîte à bijoux ». En d’autres termes, Dora réprimait un désir sexuel envers Herr K..
Un autre aspect signifiant du rêve de Dora est qu’elle sent de la fumée au réveil. Freud pense que cela représente son désir d’embrasser un homme, ce qui dans le cas d’un fumeur impliquerait l’odeur de la fumée. Freud, Herr K. et le père de Dora sont tous des « fumeurs passionnés ». Freud pense que Dora a pensé à l’embrasser durant sa psychothérapie, et a développé des sentiments envers lui. Il se réfère au concept de transfert, la réorientation de ses désirs inconscients pour une personne vers une autre, dans ce cas le thérapeute.
Dans le deuxième rêve, Dora marchait dans une ville étrange lorsqu’elle arriva soudain à l’endroit où elle habitait. Elle se dirigea vers sa chambre et trouva une lettre de sa mère. Celle-ci avait écrit pour lui annoncer que son père était mort et qu’elle pouvait se rendre aux funérailles si elle le souhaitait. Dora se mit à la recherche de la gare, demandant aux gens sa localisation. Elle demanda une centaine de fois et reçut la même réponse, la station était à cinq minutes de là. Puis elle marcha dans une forêt et demanda à un homme. Il répondit que la gare était à deux heures et demi de là. Dora continue et voit la station en face d’elle mais ne peut l’atteindre. Soudain, elle se retrouve chez elle et est incapable de se souvenir d’avoir parcouru le chemin depuis la gare. Lorsqu’elle arrive, la bonne lui dit que sa mère est déjà partie au cimetière. Freud explique que le rêve de Dora jaillit d’un fantasme de vengeance, dirigé contre son père. Dans son fantasme, Dora a quitté sa maison en son absence, son père en est mort de chagrin.
Alors que le désir de Freud d’analyser le cas d’hystérie de Dora grandit, elle décide soudainement d’arrêter le traitement. Freud regrette qu’elle décide d’interrompre la thérapie alors qu’il pensait tout juste pouvoir résoudre son cas. Il affirme que la décision de Dora est un acte de vengeance de sa part et se demande s’il n’aurait pas pu la persuader de continuer, s’il avait utilisé ses désirs transférentiels et insisté sur l’importance de cette thérapie pour lui.