Le périple vers Hong Kong débute à bord du paquebot Rangoon, la présence d’Aouda modifie légèrement la dynamique du groupe. Aouda profite du voyage pour apprendre à mieux connaître Fogg, et lui rappelle constamment à quel point elle est reconnaissante envers lui pour tout ce qu'il a accompli pour elle. Comme à son habitude, Fogg reste impassible, mais la rassure tout de même en lui disant que le voyage se passera bien.
Ils sont loin de soupçonner que l'inspecteur Fix est lui aussi monté à bord du Rangoon, après avoir laissé à Calcutta l'ordre de transmettre à Hong Kong le mandat d'arrêt visant Fogg. Fix est conscient qu'il doit l'appréhender à Hong Kong, car ce sera la dernière étape dans un territoire de l’Empire britannique, et tenter de l'arrêter sur le territoire d'un autre pays serait trop difficile. Il décide que, dans le pire des cas, il racontera tout à Passepartout et tentera de le convaincre que son maître est vraiment quelqu’un de malveillant.
Quelques jours après le début du voyage, Fix entreprend d'interroger Passepartout, qui est surpris de le voir à bord du bateau. Passepartout lui raconte comment Aouda est arrivée parmi eux. Progressivement, Passepartout commence à se demander pourquoi Fix s’intéresse autant aux affaires de Fogg. Il parvient à la conclusion qu'il doit être un agent envoyé par le Reform Club pour s'assurer que Fogg effectue bel et bien son tour du monde.
Entre Singapour et Hong Kong, la météo se détériore et entraîne des retards, mais Fogg reste imperturbable. Passepartout commence à faire des insinuations sur les intentions présumées de Fix, qui se sent mal à l’aise et a peur d’être démasqué.
Le capitaine annonce un retard d'au moins vingt heures à l'arrivée à Hong Kong. Comme à son habitude, Fogg ne montre aucun signe de frustration, même si cela implique qu'il manquera son navire pour Yokohama, au Japon. Fix se réjouit, car cela imposerait à Fogg de rester plus longtemps à Hong Kong, là où il pourra lancer un mandat d'arrêt à son encontre. Passepartout, lui, est très contrarié par ce retard.
Cependant, le temps se calme et à leur arrivée à Hong Kong, ils découvrent que le paquebot à destination de Yokohama ne partira que le lendemain, car il doit rester à quai une journée supplémentaire pour procéder à des réparations. Ils réalisent alors que la famille d'Aouda, qu’elle pensait retrouver à Hong Kong, est partie pour l'Europe depuis deux ans.
En se baladant dans la ville, Passepartout est frappé par l'apparence très britannique de Hong Kong. Il croise le chemin de Fix, visiblement contrarié, et se dit que c’est parce que le retard du bateau pourrait permettre à Fogg de remporter son pari, ce qui serait préjudiciable pour le Reform Club. Fix annonce à Passepartout qu'il se rendra en Amérique avec eux. Au cours de cette conversation, un employé du paquebot, le Carnatic, les informe de ce que le bateau partira finalement pour Yokohama le soir même, et non le lendemain matin.
Alors que Passepartout s’apprête à annoncer la bonne nouvelle à son maître, Fix décide de tout lui raconter. Il l'entraîne dans une taverne située près du port, qui s'avère être une fumerie d'opium. Ils prennent place autour d'un verre, et Fix demande à Passepartout s'il a réussi à deviner sa véritable identité. Passepartout répond positivement, ce qui perturbe Fix lorsqu'il découvre que Passepartout pense qu'il est un agent envoyé par le Club pour attester des progrès de Fogg.
Fix explique à Passepartout qu'il est en réalité un détective et que Fogg est accusé d’avoir cambriolé la Banque d'Angleterre. Passepartout nie fermement ces accusations et maintient que son maître est quelqu’un d’honnête. Fix le menace alors de le faire arrêter comme complice de Fogg s'il ne l'aide pas à le faire rester à Hong Kong pour qu’il puisse l’appréhender. Malgré cette menace, Passepartout refuse toujours de trahir son maître. Fix glisse alors une pipe d'opium dans la main du domestique. Passepartout fume quelques bouffées et s'effondre sur la table, plongé dans un profond sommeil sous l'effet du narcotique. Ainsi, Fogg ne pourra pas savoir que le Carnatic part plus tôt que prévu.
Pendant ce temps, Fogg n’est au courant de rien et passe la nuit à l'hôtel sans se soucier de l'absence de Passepartout. Le lendemain matin, il se rend avec Aouda à l'endroit où le navire devrait être amarré, où on lui apprend que le bateau a quitté le port la veille. Sur le quai, il croise Fix, qui lui indique qu’ils devront attendre une semaine pour embarquer sur un autre paquebot. Un marin, appelé John Bunsby, demande à Fogg s’il cherche un bateau et lui propose le sien. Cependant, lorsqu'il apprend qu'ils veulent se rendre à Yokohama, il refuse catégoriquement, affirmant qu'ils n'arriveront jamais à temps pour que Fogg puisse embarquer sur le bateau à vapeur.
Le marin leur propose alors, moyennant une somme considérable, de les conduire à Shanghai, où un navire à vapeur fera escale avant de se rendre à Yokohama. Shanghai se trouve plus près de Hong Kong, et s'ils naviguent assez vite, ils pourront peut-être arriver à temps. Fogg accepte l'offre et consacre la demi-heure suivante à chercher Passepartout, laissant même aux autorités une somme d’argent à dépenser pour le retrouver. Passepartout reste introuvable et Fogg finit par décider qu’il est temps de partir. Fix et lui embarquent donc à bord du navire de John Bunsby.
Pendant leur voyage, Fix s’inquiète de ce qu’il fera lorsqu’ils atteindront le continent américain. Il sait bien qu’il sera impossible d’y arrêter Fogg. De son côté, Fogg pense à Passepartout et espère qu’il a réussi à embarquer sur le Carnatic, ce qui leur permettrait de se retrouver à Yokohama, car il se peut qu'il ait embarqué à la dernière minute sur le Carnatic. Mal à l’aise à l’idée de voyager et de manger aux frais de Fogg, Fix propose de payer sa part du voyage jusqu'à Shanghai, mais Fogg refuse fermement.
Le navire démarre à toute allure, mais une tempête s'abat sur eux et retarde considérablement leur progression. Bunsby suggère de se diriger vers un port côtier, mais Fogg insiste pour poursuivre jusqu'à Shanghai. Enfin, ils approchent de leur destination. Alors qu'ils naviguent sur le fleuve, ils aperçoivent le paquebot sur lequel ils auraient dû embarquer. Malheureusement, ils arrivent trop tard au port pour le rattraper, mais Fogg ne se décourage pas. Ils hissent le drapeau de leur propre bateau et tirent un coup de canon pour faire signe au navire de s’arrêter et de les faire monter à bord.
Analyse
L’admiration et la gratitude d’Aouda envers Fogg sont évidentes. À ce stade, peu d’éléments sur sa personnalité ont été dévoilés mais le lecteur se rend forcément compte de ses affinités avec Fogg. Lui, de son côté, semble aussi s’intéresser à elle, mais il reste impassible. Il souhaite manifestement qu'elle reste avec eux et a l'intention de veiller sur elle et de la protéger autant que possible.
Il est intéressant de constater que tous les personnages secondaires admirent Fogg, malgré son apparence très froide. Si certains doutent de sa capacité à mener à bien cette entreprise, tous le respectent pour sa détermination, sa courtoisie, sa vivacité d'esprit, son calme et la gentillesse dont il a fait preuve à de nombreuses reprises. Ces qualités lui valent également le respect des lecteurs, même si cela contraste avec l’image d’un voleur sans cœur que Fix essaie de donner de Fogg.
Fix n’est pas d’apparence très sympathique mais sa détermination et son dévouement forcent tout de même l’admiration. En quelque sorte, sa détermination ressemble à celle de Fogg, même si leurs objectifs sont très différents. Cependant, il est évident que Fix commence à se sentir mal à l'aise face à la générosité de Fogg. Il est difficile de détester un homme aussi poli et raffiné que lui qui, qui plus est, lui fait partager son bateau pour Shanghai sans lui demander un centime.
Par ailleurs, la fidélité de Passepartout envers son maître se renforce à chaque étape. Il ne peut pas prouver l’innocence de Fogg car il vient tout juste de commencer à travailler pour lui, mais reste convaincu de la noblesse de caractère de son maître. Il est si loyal que les menaces de Fix sont sans effet sur lui. Réciproquement, bien que Fogg se préoccupe de son serviteur, peut-être plus que ne le ferait habituellement un maître, il est prêt à l'abandonner à Hong Kong pour atteindre son objectif. Cela met une fois de plus en évidence le déséquilibre de la relation de pouvoir entre le maître et le serviteur.
La chance continue de jouer un rôle crucial dans le succès de ce voyage. Malgré la vivacité d'esprit et l'ingéniosité dont Fogg, Passepartout et les autres font preuve pour surmonter les obstacles, une grande partie de leur progression est due au hasard et à la chance. Cela véhicule le message selon lequel la chance sourit à ceux qui persévèrent.
Une grande partie de l'histoire se déroule en mer, ce qui est un choix de décor intéressant et pertinent. Comme les lecteurs le constatent à maintes reprises, la mer est sauvage et imprévisible, et c’est exactement ce que Fogg souhaite éviter lors d'un voyage minutieusement planifié. La nature imprévisible de la mer contraste fortement avec la personnalité sereine de Fogg, et les dangers inattendus auxquels ils sont confrontés contredisent son calme et sa stabilité.
