Chapitre VII
Les dettes d’Emma la rattrapent. Les gendarmes se présentent à son domicile pour faire l’inventaire de ses biens, qui seront destinés au réglement de ses dettes. Pour empêcher Emma de dissimuler des objets, ils mettent un de leurs hommes en faction chez elle. Pour épargner Charles de la honte abattue sur sa demeure, Emma installe le garde au grenier et tente de le soudoyer pour une somme de 8,000 francs. Les banquiers de Rouen refusent sa demande de crédit, elle se tourne alors vers Léon. Ce dernier refuse de dérober l’argent à son patron, mais il accepte d’emprunter à ses amis pour elle. Après sa quête sans fin, Emma retourne chez elle et fait aumône de ses derniers cinq francs au mendiant aveugle qui avait hanté tous ses allers-retours entre Rouen et Yonville. A son retour à Yonville, elle découvre un ordre judiciaire annonçant une mise aux enchères. Emma est mortifiée.
Parmi ses ultimes tentatives pour trouver de l’argent, Emma va presque jusqu’à se vendre elle même. D’abord, elle rend visite à Guillaumin, l’avocat du village, celui qui l’avait tant désirée, lui demandant des faveurs sexuelles en échange d’argent. Emma s’offusque et s’enfuit. Puis, Emma se rend chez le créancier, Binet, pendant que deux femmes les espionnent. Elle supplie de lui accorder un délai pour le remboursement alors que celui ci est occupé à fabriquer des ronds de serviettes au grenier. Quand il refuse, elle tente de le séduire, mais Binet reste impassible. Enfin, elle décide de se rendre chez Rodolphe en désespoir de cause, espérant qu’il éprouve toujours de l’amour pour elle et qu’il l’aidera si elle s’offre à lui.
Chapitre VII
Alors que Rodolphe est toujours très attiré par Emma, il devient distant lorsqu’il comprend la raison de sa visite. Il lui dit qu’il ne peut pas l’aider parce qu’il n’a pas l’argent à sa disposition. Emma est affolée et le quitte en colère, finalement elle réalise que sa situation est complètement désespérée.
Ayant compris qu’elle ne pouvait tout simplement pas faire face à cette terrible réalité, Emma se rend directement chez l’apothicaire. Elle persuade Justin de lui donner accès au cabinet qui contient l’arsenic. Sans hésitation, Emma en avale une grosse poignée et rentre chez elle directement, en paix avec sa décision, s’imaginant qu’elle aura une mort paisible.
A ce moment, Charles à découvert l’existence de la vente aux enchères. Il cherche Emma dans toute la maison. Quand il la découvre dans son lit, Emma lui tend solenellement une lettre, lui ordonnant de la lire seulement le lendemain.
En attendant que le poison fasse son effet, Emma ne ressent rien. Elle croit qu’elle va simplement s’endormir sans jamais plus se réveiller. Très vite, elle découvre que c’est faux. Alors que la torture de l’arsenic commence, elle ressent un goût d’encre, une douleur insupportable se propageant dans son estomac, et elle se sent tout à coup terriblement malade. Préoccupé par sa santé et ce qui a bien pu se passer, Charles ouvre la lettre et découvre qu’elle a avalé de l’arsenic. Homais et lui, tentent désespérement de trouver quoi faire pour la sauver. De son côté, Emma est plus tendre envers Charles et demande à voir sa fille, Berthe. Homais décide que la meilleure solution serait de fabriquer un antidote, mais très vite ils décident d’appeller des docteurs de Rouen, dont le renommé Larivière. Pour autant, personne ne peut l’aider, et le prêtre vient rapidement administrer l’extrême onction. Dans ces derniers instants, son mari sanglote à ses côtés, et elle pleure avec lui, réalisant finalement à quel point il l’aimait. Comme elle se meurt, la dernière chose que Madame Bovary perçoit est le chant qui l’a toujours hantée, du mendiant aveugle de la rue en contrebas.
Chapitre IX
Malgré la récente découverte des dettes, Charles envisage d’onéreuses funérailles pour Emma. Il s’assure qu’elle sera enterrée avec sa robe de mariage et qu’elle reposera dans trois cercueils. Charles veille le corps d’Emma, et Homais et le prêtre Boursinien le rejoignent. Les deux visiteurs engagent une discussion sur l’importance de la prière, et Charles parle ouvertement de sa colère contre Dieu. Pendant que la servante habille Emma de sa tenue de mariée, elle déplace le corps, ce qui provoque l’écoulement d’un liquide noir de la bouche d’Emma. Plus tard, Charles soulève le voile pour regarder son visage, et crie, horrifié. Il demande ensuite à Homais de couper une mèche de ses cheveux pour garder un trésor de sa beauté afin de conserver un morceau d’elle pour toujours.
Chapitre X
Durant sa lutte avec l’arsenic, le père d’Emma, Rouault a été informé de sa maladie. Il arrive donc à Yonville trop tard, pour y découvrir que sa fille unique est morte. Rouault est dévasté et assiste aux funérailles avec tout le reste du village, dont Hippolyte. Mais Justin; trop affecté par la mort d’Emma, ne peut supporter de la voir enterrée. Par la suite, au beau milieu de la nuit, Justin se rend sur sa tombe pour lui dire au revoir.
Chapitre XI
Créancier après créancier, tous réclament à Charles les paiements de ses dettes énormes. Il décide de récupérer les honoraires de ses patients, mais il découvre qu’Emma est déjà passée par là. Ainsi, son ultime recours est de continuer à emprunter, s’endettant terriblement, et de vendre les biens de sa maison. Alors qu’il fait face aux conséquences du comportement insensé d’Emma, il ne se souvient d’elle que dans sa pureté, bonté et beauté. Ironiquement, il découvre que Léon est fiancé et lui envoie une lettre pour le féliciter. Un jour, il découvre la lettre de Rodolphe, qu’Emma avait fait tomber dans le grenier, le jour où ils avaient prévu de s’enfuir, mais Charles se convainc que leur amour devait être simplement platonique.
Le temps passant, Charles devient de plus en plus solitaire. Homais lui rend de moins en moins visite, en partie parce qu’il passe plus de temps à essayer de se débarasser de la nuisance du mendiant de Yonville. Un jour, Charles décide finalement de fouiller les affaires personnelles d’Emma et il ouvre son secrétaire. C’est là qu’il découvre les lettres d’amour conservées de Rodolphe et Léon. Charles les lit toutes, découvrant son infidélité et s’y résignant enfin. Alors que l’image idéalisée de sa femme s’écroule complètement, Charles sombre dans une profonde dépression et se mue en véritable ermite.
Au même moment, il est obligé de vendre pratiquement tout ce qu’il possède pour satisfaire les créanciers. Pour vendre son cheval, Charles se rend à Rouen et rencontre Rodolphe. Les deux hommes prennent un verre ensemble, et Rodolphe s’excuse pour son rôle dans l’affreuse tournure que la vie de sa femme a pris. Charles explique qu’il est au courant de leur histoire d’amour, mais il blâme le fatalité, et ne lui en tient donc pas rigueur.
Le lendemain, Charles meurt subitement dans son jardin. Tout le reste de ses biens sont donnés aux créanciers, et Berthe est envoyée pour vivre chez sa grand-mère. Malheureusement, la mère de Charles meurt à son tour, et Berthe est encore envoyée chez une pauvre tante; elle est obligée de travailler dans une filature de coton. En revanche, Homais rencontre un succès inespéré et est décoré de la Légion d’Honneur.
Analyse
Chapitres VII-VIII
Le roman se dirige vers l’inéluctable mort d’Emma, son comportement déloyal et son gouffre financier deviennent impossible à supporter. Au final, leur implacable réalité prend l’ascendant sur ses vaines tentatives à se maintenir dans un monde de romantisme illusoire. En dernier recours, Emma est réduite à proposer de se prostituer pour payer ses dettes. Elle se refuse à l’avocat, mais elle garde à l’esprit cette possibilité. Très vite, elle tente de séduire Binet et Rodolphe. Le comportement d’Emma est de plus en plus désespéré, et dans sa panique elle perd toute force morale. Même dans cet état, alors qu’elle agit impulsivement, Flaubert écrit qu’elle est sans“ se douter le moins du monde de cette prostitution”.
On observe que le style de vie extravagant d’Emma l’a finalement rattrapé. Elle ne peut plus repousser l’échéance de la dette ni plus vivre dans son monde imaginaire. Elle tente désespérement, impulsivement, frénétiquement d’éviter la banqueroute totale, mais elle ne peut rien faire sinon la différer. Aucun de ses amants ne peut lui venir en aide, et elle n’a pas de dons pour la manipulation. Une fois que la réalité fait irruption douloureuse dans son existence et que la promesse d’une plus grande souffrance à venir se dessine, il devient insoutenable pour Emma de se préparer au pire. Elle n’a aucune véritable expérience pour affronter le désastre, en effet, elle a toujours préféré choisir la facilité.
Emma a aussi peur de perdre l’amour de Charles, une fois qu’il aura découvert ses adultères et ses dettes. Bientôt dépossédée de biens à son nom – le contraire du style de vie fortunée toujours souhaité – et de devoir affronter cette perspective sans aucun espoir pour le futur, Emma décide dans l’urgence que sa seule alternative est de se tuer.
La poudre avalée impulsivement lors du suicide d’Emma est une métaphore de sa compulsivité d’achat. En fin de compte, son addiction à dépenser est ce qui la tue. Son suicide est son ultime tentative pour accéder à une fin romantique et romancée. Elle imagine que l’arsenic lui permettra une mort sans douleur et spectaculaire, mais elle se trompe une fois de plus. Elle souffre terriblement lors de ses dernières heures, suppliant la mort d’advenir et hurlant d’angoisse.
Bien qu’Emma soit la principale responsable de ses problèmes, on peut trouver d’autres causes telles que les interdits faits aux femmes dans sa ville. Emma s’oppose à ce qu’elle ressent comme une existence ennuyeuse en tant qu’épouse et mère, mais elle ne propose jamais d’autre alternative crédible, excepté une vie, pourtant encore plus morose à ses yeux, celle du couvent. Les hommes détiennent le pouvoir financier dans la ville et sont très forts pour manipuler les désirs d’Emma. Quand elle prend l’ascendant sur la fortune de Charles, elle ne l’utilise pas intelligemment. Comme elle a une vision du monde uniquement romantisée, elle n’excelle que dans ce domaine. Ainsi, son véritable pouvoir axé sur la séduction, est de celui dont elle use pour manipuler Justin afin qu’il lui délivre de l’arsenic. Quant aux hommes les plus réalistes, ils refusent les avances d’Emma.
A travers la scène de la mort de son heroïne, Flaubert continue d’enrichir son analyse sur le monde d’Emma. Notamment, il insiste encore sur son mépris pour la prétention bourgeoise d’Homais quand celui-ci dit à Larivière qu’il «a délicatement introduit un tube » dans le but d’examiner Emma. Le docteur se moque d’Homais, disant « vous auriez mieux fait d’introduire vos doigts dans sa gorge ». Homais, qui se croit hautement instruit, se ridiculise et l’ineptie de son intervention lui saute alors aux yeux.
Chapitres IX-XI
Les chapitres suivant la mort d’Emma décrivent comment la déchéance de dans son comportement a finalement affecté tous ceux qui sincèrement l’aimait réellement.
Au début, Charles conserve une vision idéalisée de sa femme, mais la pauvreté dans laquelle il sombre et la découverte de son infidélité le brisent. Quan il rencontre Rodolphe, Charles peut à peine supporter les nouvelles révélations sur les agissements d’Emma.
Léon et Rodolphe ne pleurent pas pendant l’enterrement d’Emma, alors qu’à l’opposé Justin l’innocent jeune homme qui l’aimait profondément, sanglote près de sa tombe. Les réactions de Rodolphe et même de Léon montrent que les relations avec les deux hommes étaient superficielles, comme nous l’avons déjà relevé. Ces hommes ne sont pas capables d’être en deuil pour leur amante.
Après la mort de Charles la destruction de la famille d’Emma s’accentue. Berthe commence une vie qui aurait horrifié Emma. Sa fille est obligée de vivre dans la pauvreté avec une tante d’une classe sociale inferieure en travaillant comme ouvrière dans un moulin. La nouvelle vie de Berthe contraste fortement avec le confort relatif et le privilège dont Emma était pourvue mais qu’elle ne savait pas apprécier. L’insatisfaction de sa vie démesurée, insensée, ont précipité son mari et son enfant dans une misère abjecte.
Ainsi Madame Bovary se referme en boucle, Emma est absente aux premiers et aux derniers chapitres du livre. Finalement le propos de l’œuvre a plus d’envergure que le personnage d’Emma.
Alors que dans son monde, l’objectif était de vivre de manière théâtrale et romantique, un peu comme le vicomte, comme si le monde pouvait tourner autour d’elle, le train train du village, lui, perdure. Madame Bovary devient une tragédie sociale seulement parce qu’Emma refuse de se satisfaire d’un système qui semble acceptable pour le reste du monde. Pour autant, Emma est loin de pouvoir être considérée comme une figure intelligente de résistance, du fait qu’elle ne soit tournée que sur elle-même, ses amours et amants, de manière obsessionnelle.
La dernière phrase de Flaubert, décrivant la médaille d’honneur d’Homais, porte un coup final à la médiocrité bourgeoise.