Chapitre XIII
Comme attendu, Rodolphe projette d’abandonner Emma le jour prévu de leur fugue. Alors qu’il la trouve très séduisante et apprécie les plaisirs sexuels de leur relation, il n’a aucune envie de s’attacher. Par ailleurs, il s’est lassé de son romantisme galopant, et pense qu’il serait temps de rompre les amarres. Alors qu’il réfléchit à comment lui annoncer cette nouvelle, Rodolphe se souvient de ses nombreuses anciennes maîtresses et augmente son tableau de chasse. Finalement, Rodolphe décide d’écrire une lettre à Emma pour lui expliquer sa décision. Même dans la lettre, Rodolphe est malhonnête clamant que c’est parce qu’il l’aime si intensément, qu’il ne peut pas poursuivre leur relation car il sait qu’il ne lui causera que du chagrin. Malgré la complète hypocrisie , Rodolphe pense que cette excuse comblera Emma et ses notions romantiques. Rodolphe fait livrer sa lettre à Emma, cachée dans un panier d’abricots, une méthode de correspondance familière au couple.
Pendant ce temps là, Emma a passé la journée à se préparer à l’éventualité du départ et elle est très enthousiaste de voir ce que l’avenir lui réserve. Lorsqu’elle reçoit le panier d’abricots, elle le fouille immédiatement à la recherche de la lettre et court vers le grenier pour la lire. Emma est à la fois stupéfaite et dévastée en découvrant que Rodolphe l’abandonne. Elle manque de sauter par la fenêtre du grenier. Charles l’appelle, ce qui la sauve de ses idées suicidaires. Avant de descendre pour le rejoindre, elle fait tomber la lettre et n’arrive plus à remettre la main dessus. (La lettre restera dans sa cachette pour de nombreuses années). Ce soir là, Charles mange les abricots de Rodolphe, ignorant (à son habitude) leur secrète signification. Quand Emma voit le fiacre de Rodolphe sortir de la ville, elle s’évanouit.
Emma est bouleversée par la tristesse et tombe encore malade après avoir exprimé le souhait de ne plus voir personne, y compris sa fille. Elle souffre d’une forte fièvre et frôle la mort six semaines durant. Charles semble incapable de l’aider. Il appelle les médecins alentour, mais personne n’arrive à la soigner. Quand octobre arrive, Emma commence enfin à se rétablir.
Chapitre XIV
Charles est extrêmement préoccupé par la santé d’Emma, et ses finances sont aussi dans un très mauvais état. Les soins pour Emma sont très élévés, et Lheureux fait parvenir des factures des dettes colossales d’Emma. Charles n’a pas d’autre choix que d’emprunter à son tour de l’argent à Llheureux, à un très haut tôt d’intérêt.
Alors qu’Emma recouvre la santé petit à petit, elle croit avoir un réveil spirituel pour la religion. Elle se plonge dans le dévouement Catholique de son enfance, priant constamment, et s’évertuant à se comporter avec bonté envers son mari et son enfant. Pourtant, en suivant son schéma habituel, Emma va vite se lasser de cette nouvelle tendance. Elle ne trouve pas l’extase espérée dans la religion, Emma reconnaît que sa relation au Catholicisme n’égale pas les sentiments qu’elle avait pour Rodolphe et le bonheur qu’elle ressentait quand ils étaient ensemble. Malgré sa déception, Emma poursuit dans cette voie, et elle spécialement bonne envers les autres. Dans cette gentillesse, Emma renoue avec des amis qu’elle avait quasiment ignorés auparavant. Avec le temps, elle apprend à mieux connaître Justin, qui est tombé amoureux d’elle. Binet, le créancier commence à rapprocher ses visites, tout comme Homais, qui suggère à Charles d’emmener Emma à Rouen à l’opéra pour se changer les idées.
A ce propos, le prêtre et le pharmacien débattent sur la moralité du Théâtre. Le prêtre argue que c’est contre la religion, alors qu’Homais en défend l’intérêt artistique. Au bout d’un moment, pensant qu’il aiderait sa femme à sortir de sa grave maladie, Charles decide de l’emmener à l’opéra, en dépît du coût.
Chapitre XV
A Rouen, Emma est enthousiaste à l’idée de se plonger dans les attraits de la ville et de l’opéra, et elle est bien sûr honteuse des manières campagnardes de Charles. Malgré son embarras, Emma apprécie grandement l’opéra et est captivée par le drame, la beauté et le romantisme Pendant l’entracte, Emma entend dire que Léon est dans la sale ce qui la choque. Très vite, Léon rencontre Charles et Emma, et tous les trois décident d’abandonner la deuxième partie du spectacle pour aller dans un café proche. Emma est très excitée par la tournure des événements , impréssionnée par le style parisien sophistiqué de Léon. Dans un premier temps, Léon se moque de l’opéra, mais lorsque Charles mentionne qu’Emma devrait rester en ville pour voir le second acte, Léon se met soudainement à vanter le spectacle, prétendant que la deuxième partie est le triomphe artistique de l’opéra, et ne peut en aucun cas être manqué. Il est donc convenu que Charles rentre à Yonville et qu’Emma reste à Rouen pour la nuit, afin de voir la deuxième partie du spectacle le jour suivant.
Analyse
Le personnage d’Emma est stable en ce qu’elle conserve son esprit romantique et son sentiment d’être piégée dans son existence insatisfaisante. En effet, elle s’invente sans cesse des rêves romantiques et s’obstine à trouver des manières d’améliorer son existence. Elle se plonge corps et âme dans une aventure avec Rodolphe, mais il met fin à leur relation, ce qui déclenche des idées suicidiaires (pensées qui prédisent le destin d’Emma).
A la reception de la lettre, Emma reste fidèle à son personnage. Elle tombe dans une sombre affection et frôle la mort jusqu’à ce qu’elle renoue avec la religion et tente de découvre le bonheur à travers un dévouement au Catholicisme. En fin de compte, la religion ne la satisfait pas non plus, et elle aspire à nouveau au romantisme, l’amour et le véritable enchantement. Puis, elle rencontre Léon à l’opéra, Emma est déjà prête à revivre une aventure amoureuse. Ce schéma en boucle suit son cours, elle continue à être ballotée entre bonheur intense, embarras par rapport à son comportement, tentatives de s’améliorer, et inclination romantique.
Lorsqu’Emma perd la lettre de Rodolphe dans le grenier, on peut supposer que Charles va probablement la trouver et découvrir ses infidelités. Mais lorsque cela se produit, bien plus tard dans le roman, il s’imagine que elle Rodolphe avaient une relation simplement platonique.
Les échecs d’Emma pour améliorer sa vie ont de nombreuses causes. Clairement, elle refuse de vivre la vie qui lui a été donnée, celle qu’elle s’imagine qu’une femme de ce village devrait avoir. Ainsi, elle rejette ceux qui la freinent alors qu’elle aspire à un meilleur sort, pourtant, on doit se demander si elle pourrait vraiment se contenter de n’importe quel train de vie sur le long terme. Et même si Rodolphe désigne le “destin” comme responsable de leur rupture, il est celui decide de l’enclencher, de la poursuivre, et d’y mettre fin. Etant donné son faible caractère, les décisions n’étaient réfléchies, par consequent, elle n’étaient pas vraiment les siennes; elle a une influence minime sur le cours de sa relation, et ainsi elle a été mise de côté.
Alors qu’elle est malheureuse dans son marriage, Emma ne peut quitter Charles sans pouvoir compter sur une autre source de soutien financier. Leur rupture decidée par Rodolphe, laisse Emma sans autres alternative, pour le moment, que de retourner vers Charles. Elle en tire son parti et décide de s’essayer à nouveau au rôle de femme et mère dévouée. Pendant ce temps, Rodolphe passe à autre chose, probablement pour démarrer une autre aventure. Il quitte Emma sans aucun regret ni de preoccupation pour son bonheur.
En rédigeant la scène dans laquelle Rodolphe écrit à Emma, Flaubert renforce le pouvoir de manipulation de Rodolphe sur la crédulité romantique d’Emma. La lettre inclut des sentiments romantiques, niais, avec de nombreux points d’exclamation et une forte dramatisation. En évoquant le prix pour le meilleur fumier, Flaubert met à nouveau l’accent sur l’hypocrisie de Rodolphe dans le récit de l’élaboration soignée de sa lettre. Ainsi, quand Rodolphe écrit “le destin est le responsable!” il se félicite lui même de sa tournure de phrase, “c’est un mot [i.e., le destin] qui est toujours utile.”. Cette vision, derrière les artefacts de l’écrivain, rend encore plus évidente la malhonnêteté de la lettre de Rodolphe dans ce dernier de acte de manipulation.
Dès lors que l’auteur montre que quelqu’un d’autre écrit un texte, le lecteur devrait se demander si l’auteur fait référence à son propre style d’écriture. On doit se demander à quel degré Flaubert voit son propre roman comme un mensonge plutôt que l’expréssion d’une vérité sur les gens comme Rodolphe, Charles et Emma. Le travail de Flaubert est bien plus élaboré que la lettre de Rodolphe mais sa motivation n’est-elle pas aussi de manipuler le lecteur?