Le journal
Élément central de la narration d’Anne Frank, le journal est personnifié dès la première lettre. Anne lui donne un nom — Kitty — et un rôle, celui d’une vraie amie, d’une personne avec qui parler et à qui se confier: " je veux faire de ce journal l’amie elle-même"”, et ce avant même qu’Anne soit forcée de vivre dans la clandestinité. Anne s’adresse à son journal comme si elle dialoguait avec lui, le tutoyant directement à de nombreuses reprises, le prenant même à partie ( “ je voudrais bien t’y voir ! ”). Si Kitty est d’abord un destinataire qui vient pallier au " manque d’intimité ” qu’Anne éprouve avec ses camarades, le journal devient ensuite son principal compagnon dans l’Annexe, celui à qui elle confie ses préoccupations, sa colère, son sentiment d’être incomprise par sa propre famille. Elle lui livre également les anecdotes de son quotidien. Kitty devient ainsi le symbole d’une amie intime, d’un parent proche qui, enfin, la comprendrait.
Les règles
Anne aborde directement ses préoccupations liées au passage de l’enfance à l’adolescence, à la puberté et à la sexualité. Dans ses réflexions, elle revient à plusieurs reprises sur les règles, dont elle explique attendre avec impatience l’arrivée : " je meurs d’impatience, ça a tellement d’importance ”. Anne associe en effet la venue des menstruations avec le développement de sa personnalité adulte et de ses propres opinions. Elle note ainsi que les changements qu’elle perçoit dans son corps sont la preuve qu’elle est " une personne, elle aussi, avec [ses] idées, [ses] idées et [ses] habitudes. ”.
Le carillon de la Westertoren
Le son du carillon est l’un des premiers éléments qu’Anne mentionne lors de son arrivée dans l’Annexe. Le carillon, qui retentit tous les quarts d’heure, est fiable, " rassurant ” ; il vient briser le silence de l’Annexe et il constitue un point d’attache au monde extérieur. Anne souligne en effet comment le carillon leur permet de garder une certaine notion du temps malgré l’enfermement. Elle va vite associer son dysfonctionnement aux difficultés subies par les habitants de l’Annexe.
Le manteau de fourrure de Madame Van Daan
Après les premiers mois de vie en clandestinité, les deux familles manquent d’argent. À l’automne 1943, Madame Van Daan accepte à contre-coeur de vendre son manteau de fourrure. Anne décrit les " hurlements ; [les] cris, [les] piétinements et les [les] insultes ” qui suivent la vente du manteau et la dépense immédiate des profits tiré de la vente. Le manteau, " vieux de dix-sept ans ”, a certainement une valeur sentimentale, mais représente surtout un statut social dont Madame Van Daan a été déchue par les nazis. Devoir utiliser l’argent tiré de la vente du manteau pour survivre rappelle et entérine l’exclusion des Van Daan.
Hanneli (Lies)
À plusieurs reprises, Anne rêve d’une de ses amies d’enfance, Hanneli, dont elle n’a pas de nouvelles depuis son entrée dans la clandestinité. Penser à Hanneli suscite chez Anne une double culpabilité. D’une part, Anne regrette de s’être éloignée d’Hanneli en entrant au collège ainsi que les mots durs qu’elle a eu envers elle. D’autre part, penser à Hanneli fait se sentir Anne coupable de vivre temporairement à l’écart des persécutions. La figure d’Hanneli, qui reviendra dans le journal, toujours sous forme de pensée ou de rêve, est le symbole de cette culpabilité qui grandit en Anne, celle d’être en vie, même cachée, alors que tant de personnes de sa communauté ont été arrêtées et tuées.