L'Inquiétante étrangeté

L'Inquiétante étrangeté Questions de Dissertation

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    En quoi L’Inquiétante étrangeté de Freud est-elle une étude artistique typique, et en quoi est-elle aussi atypique ?

    L’Inquiétante étrangeté de Freud est une étude typique dans la mesure où elle contient une lecture attentive d’une œuvre d’art bien connue, ici, L’Homme au Sable de Hoffmann, et offre une interprétation de celle-ci, une analyse des intentions de l’auteur, et examine comment il parvient à obtenir ces effets. Il rassemble ces conclusions et émet quelques hypothèses sur l’art et son fonctionnement. Cette lecture de Freud suggère que l’art servirait de recueil aux peurs et aux désirs infantiles et ceux de la préhistoire humaine qui, parce qu’ils ont été refoulés ou dépassés, ne peuvent pas être directement exprimés et trouver une expression symbolique dans l’art. L’étude de Freud est cependant atypique à plusieurs égards. Premièrement, Freud ne vient pas à la littérature en tant qu’étudiant d’art, mais plutôt par une méthodologie et une anthropologie pensées par la psychanalyse, qu’il souhaite étendre au domaine de l’art. Deuxièmement, Freud ne se concentre pas sur les aspects positifs de l’art, comme la beauté ou la grandeur, mais plutôt sur un seul effet négatif, celui de l’angoisse ou de l’inconfort, généralement utilisé dans l’art considéré " populaire " tel que l’horreur. Enfin, Freud s’intéresse moins à l’art en soi qu’aux structures psychiques qui permettent des effets artistiques.

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    Reconstruire l’analyse linguistique de Freud du mot unheimlich, ou "étrange." À la lumière de l’analyse littéraire, en quoi peut-on penser que Freud s’appuie sur cette définition du dictionnaire ?

    Freud démontre que le mot unheimlich est en fait l’une des significations de son antonyme, heimlich. Heimlich peut être utilisé pour désigner tout ce qui est familier ou confortable. Il fait également référence à tout ce qui concerne le foyer, comme un ami de la famille, ou, en politique, un conseiller privé, quelqu’un qui conseille un monarque sur les affaires domestiques. Il peut aussi s’agir d’une plante ou d’un animal domestique. Il fait également référence au sentiment de sécurité que procure le fait d’être caché. De ce dernier sens, Freud est capable d’extraire une gamme de significations qui contredisent les précédentes. Heimlich peut signifier "secret," ou mystérieux, et de là, il a encore une gamme d’usages qui connotent l’inconnu, ou le danger, comme un savoir "caché". Freud conclut que le mot unheimlich contient en lui-même deux significations opposées : celle du familier et de l’effrayant. Le traitement de Freud du langage est parallèle à son traitement de la littérature. Il perçoit la langue comme un lieu de recueil des expectatives culturelles communes que tous les gens trouvent intuitivement et émotionnellement familières. En explorant la linguistique, Freud pense que nous pouvons retourner à l’origine de ces hypothèses.

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    Résumez l’analyse de Freud de E.T.A. Hoffmann L’Homme au sable. Considérez les avantages et les inconvénients de sa lecture du texte.

    Dans la lecture de Freud de L’Homme au sable, Nathanäel souffre d’un complexe de castration inachevé. Enfant, il éprouve des sentiments ambivalents envers son père, perçu comme un éventuel castrateur qui interfère avec son accès au plaisir, mais aussi comme son défenseur et un objet d’amour. Nathanäel divise ces sentiments ambivalents en deux figures paternelles : l’homme au sable/Coppola et son vrai père. Il croit que l’homme au sable a tué son père parce qu’il transfère son propre désir de tuer son père sur cette figure menaçante. La peur de la castration est liée à son obsession de perdre ses yeux. Adulte, il tombe amoureux de la poupée Olympia parce qu’elle est le support idéal pour refléter son narcissisme infantile, qu’il n’a pas pu élaborer à cause de son traumatisme. A travers son narcissisme projeté sur elle, il découvre sa propre attitude féminine envers son père. Une fois de plus, l’homme au sable revient en figure castratrice qui le sépare d’Olympia, sous l’apparence du marchand de lunettes Coppola.

    La lecture de Freud de L’Homme au sable a l’avantage de mettre en rapport l’épisode vécu dans l’enfance avec celui d'Olympia-automate. Bien que Freud reconnaisse le ton satirique avec lequel Hoffmann traite l’épisode d’Olympia, Freud ne conclut pas dans le sens d'un changement substantiel de l’aspect "étrange" de celui-ci. Freud néglige également le rôle joué par les astuces techniques utilisées par Hoffmann. Freud n’aborde pas le rôle des outils optiques et des mesures scientifiques, et les progrès techniques effrayants qui permettent au professeur Spalanzani de créer Olympia.

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    Choisissez trois exemples de l’inquiétante étrangeté et résumez l’argumentaire de Freud.

    Freud pense que la peur de la perte de la vue, ou des dommages causés aux yeux, aurait ses racines dans la peur de la castration de l’enfance. Lorsque les enfants de sexe masculin développent leur psycho-sexualité, ils croient peu à peu, inconsciemment, que leur père va les castrer afin d’éliminer toute concurrence sexuelle envers leur mère. Freud pense que la peur de perdre les yeux est une manifestation de cette peur plus ancienne, qui aurait été refoulée à mesure que la conscience se serait développée. Freud pense que le sentiment d’inquiétante étrangeté généré par les doubles, comme les gens qui se ressemblent parfaitement, viendrait du narcissisme infantile et du narcissisme de l’humanité primitive. Les peuples primitifs, comme les anciens Egyptiens, croyaient que le double les protégeait de la mort. Plus tard, le double est venu incarner la conscience, ou encore une capacité d’autoréflexion critique. Ces deux croyances antérieures auraient été refoulées. Freud pense que la peur des poupées animées est une répétition de la croyance que les objets inanimés pourraient être animés par la force de nos propres pensées, croyances qui préexiste chez les nourrissons et les peuples primitifs. Toutes ces pensées auraient été refoulées, et c’est pourquoi elles sont à la fois interdites et pourtant familières.

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    Expliquez l’argument de Freud sur les effets inquiétants et étranges dans le troisième chapitre. Pourquoi les phénomènes potentiellement de l’inquiétante étrangeté ne sont-ils pas parfois si étranges?

    Premièrement, pour pouvoir savoir si certains sentiments relèvent de l’inquiétante étrangeté, Freud estime qu’il faudrait savoir si la scène se déroule dans la vie réelle, ou encore si une œuvre d’art se déroule dans la vie réelle ou non. En effet, l’inquiétante étrangeté doit avoir lieu dans un contexte que nous croyons réel, perçu par quelqu’un qui se croit dans le monde réel. Si nous savons consciemment que les phénomènes se déroulent dans un monde imaginaire, comme par exemple dans un conte de fées, l’effet ne sera pas étrange et inquiétant.

    Freud fait une deuxième distinction. D'une part ces phénomènes étranges ont leurs racines dans les phases antérieures de la conscience humaine, comme la peur de voir des poupées prendre vie. Ces types d’effets de l’inquiétante étrangeté sont plus susceptibles de se produire dans la vie réelle. D’autre part, il y a les phénomènes enracinés dans l’enfance, tels que la crainte de voir des membres du corps disloqués s’animer. Ces effets sont plus susceptibles de se produire dans le monde de l’art, car pour les enfants, ce genre de fantasmes est complètement ancré dans leur manière de penser — ils n’ont jamais rien à voir avec des expériences réelles.

    Freud pense que l’effet de l’inquiétante étrangeté dans la première distinction est dans le choc entre deux modes d’expérience de la réalité, tandis que dans le seconde, le choc est entre deux phases de développement de la conscience.

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