Quant au surmenage intensif, son activité de fonctionnaire était réglée par des usages ne s'accommodant d'aucun excès, et ses heures de loisir, consacrées à la lecture du journal et à sa collection de timbres, ne l'obligeaient pas non plus à une dépense déraisonnable d'énergie.
Dans cette phrase transparait la triste monotonie de la vie que mène Dutilleul. Son quotidien, tant professionnel que personnel, est jalonné d'usages et d'habitudes à l'image du personnage tel qu'il apparait au début du récit : Dutilleul est un vieux garçon sans relief et dénué d'imagination.
"Garou ! garou ! Un poil de loup (rire) ! Il rôde un frisson à décorner tous les hiboux (rire)".
Avec cette phrase, le personnage principal veut effrayer son supérieur en faisant référence à la présence d'un loup et en évoquant le figure du loup-garou, très prisée dans le genre fantastique. L'auteur laisse également deviner que son personnage est en pleine mutation, transformation, la transformation qui s'achèvera lorsque Dutilleul révèlera à tous qu'il est Garou-Garou.
Mais l'homme qui possède des dons brillants ne peut se satisfaire longtemps de les exercer sur un objet médiocre.
Cette phrase illustre un tournant dans la vie extra-ordinaire qu'entame Dutilleul. Aussi transparent soit-il, Dutilleul est un homme fier. La satisfaction de s'être vengé de la tyrannie qu'il subissait ne va plus lui suffire. Il va ressentir le besoin d'aller plus loin, d'utiliser sa faculté à traverser les murs pour réaliser quelque chose de plus grand, de plus glorieux.
En renonçant à la liberté, Dutilleul croyait céder à un orgueilleux désir de revanche alors qu'en réalité il glissait simplement sur la pente de sa destinée.
En manque de reconnaissance, Dutilleul se fait volontairement arrêter par une patrouille de police lors d'un cambriolage afin que sa véritable identité soit révélée. Il pense ainsi qu'il obtiendra une forme de réparation pour s'être fait moquer par ses collègues de bureau. En apparence, il lui semble que cette décision est sans conséquence puisqu'aucuns murs, même ceux d'une prison, ne peuvent l'arrêter. Sans en avoir conscience, il renonce à être Dutilleul pour n'être plus que Garou-Garou. Sa transformation est terminée. Il renonce ainsi à la liberté d'aller et venir en toute impunité, à la liberté de l'anonymat, à la liberté de choisir qui il est, de choisir sa destinée. L'auteur murmure à l'oreille du lecteur que le récit divertissant qu'il est en train de lire va connaître une fin tragique par la faute même du personnage principal.